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Le premier de ces deux ouvrages réunit un ensemble de textes de chercheurs du CRIEVAT-Laval, qui se penchent depuis de nombreuses années sur l’insertion professionnelle. Coordonné par Geneviève Fournier et Marcel Monette, ce livre est fort intéressant, puisqu’il permet d’avoir accès à un ensemble de recherches réalisées par cette équipe, sur divers aspects de l’insertion professionnelle. Ainsi, on trouvera un texte sur l’insertion socioprofessionnelle de jeunes toxicomanes, un autre sur les compagnons de projets, on traitera aussi des jeunes étudiants, ainsi que des jeunes hommes et des jeunes femmes, soulignant ainsi la diversité des expériences d’insertion, au-delà de certains points de convergence.

Le premier chapitre commence par quelques perspectives théoriques mais passe rapidement à l’analyse de la réalité de l’insertion pour des diplômés du secondaire, du collégial et du niveau universitaire. Les auteurs s’intéressent à la définition de l’insertion professionnelle par les répondants eux-mêmes et ils ont pu constater que plusieurs la définissent en fonction de la satisfaction au travail, mais d’autres en fonction du lien entre l’emploi et la formation, d’autres encore à partir du sentiment de maîtrise des compétences, de la reconnaissance par les pairs et le milieu, de la stabilité sur le marché du travail, du contrôle de la situation financière… et finalement, certains y voient un processus sans fin, dans le cadre duquel ils doivent toujours être à l’affût. Les auteurs invitent aussi les jeunes à parler de leurs perceptions du diplôme d’études et de son effet dans le contexte d’intégration et de stabilisation sur le marché du travail. Ici encore, quatre thèmes ressortent : le diplôme est perçu comme la principale source de perspectives d’avenir intéressantes, comme porte d’entrée sur le marché du travail, comme source de satisfaction personnelle, mais pour certains, comme quelque chose n’ayant pas toute la valeur escomptée. Les auteurs ont aussi demandé aux jeunes de parler de leurs attentes face au marché du travail alors qu’ils étaient aux études et de ce qu’ils ont vécu pendant cette période. Pour finir, les jeunes devaient évaluer la place de la chance et du hasard dans leur démarche d’insertion professionnelle.

Le chapitre 2 traite du soutien social et de l’adaptation à la transition entre les études et le marché du travail. Les auteurs exposent d’abord les différents aspects fonctionnels du soutien social pour ensuite analyser comment ils peuvent intervenir chez un échantillon de jeunes. Ce chapitre intéressera les chercheurs, mais aussi tous ceux qui interviennent en matière d’insertion socioprofessionnelle des jeunes.

Un troisième texte présente une analyse intéressante de l’insertion professionnelle des jeunes tout en se penchant sur la possibilité d’une utilisation créatrice de la précarité d’emploi. Malgré la difficulté que représente la précarité, certains jeunes peuvent y trouver une occasion pour réaliser un projet personnel, pour préciser leur projet professionnel, pour tirer profit de liens établis dans divers milieux.

Dans un même ordre d’idées, un autre texte s’intéresse au discours morose sur l’emploi et introduit la perspective de psychodynamique du travail pour étudier le regard des jeunes sur ce plan. Le paradoxe de la persistance de la précarité ou de la dégradation du travail dans un contexte de croissance économique suscite des interrogations et les auteures rendent compte d’une étude exploratoire axée sur des jeunes étudiants et étudiantes, notamment en ce qui a trait au rapport à l’argent.

Enfin, un texte plutôt descriptif traite des expériences du mouvement associatif pour insérer des jeunes adultes en emploi et un autre, de l’intégration des jeunes compagnons. Ce dernier fait état des changements vécus par les compagnons et fait ressortir des différences intéressantes dans le vécu observé à des périodes différentes.

On ne peut résumer un collectif réunissant des textes de plusieurs auteurs, mais il est certain que cet ouvrage saura intéresser tous ceux qui sont concernés par l’insertion professionnelle des jeunes, que ce soit comme chercheurs ou comme intervenants.

Dans le deuxième collectif, on trouve un ensemble de chapitres portant sur le marché du travail qui se présente aux jeunes au début du XXIe siècle. L’ouvrage réunit des chercheurs qui ont mené plusieurs recherches sur les thèmes de la précarité, de l’insertion professionnelle et des jeunes. Coordonné par Geneviève Fournier et Bruno Bourassa, le livre saura intéresser tous ceux, chercheurs, étudiants et intervenants, qui se penchent sur les divers thèmes touchant la précarité, le marché du travail et l’insertion professionnelle.

Si les textes sont issus d’un colloque qui a eu lieu en 1998 à l’Université Laval, ils conservent leur pertinence, puisque la réalité du marché du travail et de l’insertion professionnelle n’a pas changé, du moins pour une large frange de la jeune population.

Les auteurs réunis ici s’intéressent aux parcours des nombreux jeunes qui occupent assez longtemps des emplois atypiques ou précaires. Souvent perçus comme des marginaux en regard de la prescription sociale, comme le notent les auteurs en introduction, ces jeunes invitent à s’interroger sur l’évolution du marché du travail et de nos sociétés. L’association « travail-survie » est-elle en voie de devenir la norme ? À quoi les jeunes de 18 à 30 ans sont-ils en droit de s’attendre du marché du travail et de la société ? Quel est le lien entre l’insertion sociale et l’insertion professionnelle : les deux sont-elles toujours aussi étroitement associées ? On peut aussi se demander ce que sera l’avenir des jeunes exclus du marché du travail, sans emploi, ou travaillant occasionnellement ou à contrat. Les auteurs abordent également les nouveaux rapports au travail qui peuvent émerger de telles réalités nouvelles : ces expériences conduiront-elles les jeunes à élaborer un nouveau projet de société ? Enfin, ils s’interrogent aussi sur le rôle de l’éducation dans ce contexte.

La première partie de l’ouvrage présente la problématique générale de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes de 18 à 30 ans. Puis, suit une partie qui expose des éléments de nature plus théorique et méthodologique en ce qui concerne le nouveau type de rapport. Les auteurs se penchent sur les changements observés dans les « règles du jeu » du marché du travail, sur la production d’un certain isolement chez les jeunes, sur la sélectivité d’accès à l’emploi, sur l’analyse des parcours des jeunes, entre autres. Ils analysent ensuite le déplacement de la norme du travail et de l’emploi, les conséquences du chômage et de la précarité et l’importance de réviser les concepts et les manières de voir la « carrière », dans ce nouveau contexte. Par la suite, la situation particulière des femmes fait l’objet d’analyse et le sens du travail est scruté à partir de cette recherche sur les jeunes femmes.

Les coordonnateurs de l’ouvrage ont ensuite demandé à deux experts n’ayant pas participé au colloque, Antoine Baby et Yvon Pépin, de revoir les textes et d’en dégager une réflexion globale. Cet exercice a donné lieu à deux textes fort intéressants en guise de conclusion, et qui posent un certain nombre de questions concernant les nouvelles pratiques d’insertion professionnelle. Ils incitent à se demander s’il ne faut pas repenser ces notions d’insertion sociale et professionnelle. Les disciplines psychologiques et sociologiques sont également interpellées dans le dernier texte.

Un ouvrage comprenant des contributions fort diversifiées, mais qui trouvent leur unité dans l’objet d’analyse et dans les questions posées sur l’objet de l’insertion.