FR :
Dispersées dans tout le Québec non urbanisé, quelque 80 agglomérations dites du « Québec isolé » forment des regroupements ethnogéographiques aux contours flous dont les destins socioéconomiques sont très différents. Cette étude examine les modèles de développement de ces communautés. Elle est fondée sur une analyse comparative détaillée de plusieurs dizaines de variables portant sur la démographie, l’éducation, la santé, le logement, le revenu personnel, les dépenses publiques, les activités économiques. Neuf indicateurs clés sont analysés ici. L’étude montre que ces réalités forment quatre modèles de développement, qui se distinguent principalement suivant le type d’exploitation des ressources naturelles et les caractéristiques de la population. Dans les régions où l’exploitation des ressources est pratiquée à grande échelle, les populations bénéficient des retombées économiques du développement. Mais elles le font selon des modalités différentes, directement parce que les familles en ont fait leur gagne-pain, ou indirectement parce que les populations en cause ont pu capitaliser sur l’attrait des ressources. Dans les régions où l’exploitation des ressources est pratiquée à petite échelle, où la prospérité n’est plus assurée par des mécanismes autrefois efficaces, la situation générale se détériore non seulement parce que l’infrastructure économique demeure faible, mais aussi parce que les populations n’ont pas le poids politique pour qu’il en soit autrement. Dans cette perspective, le facteur ethnique serait un déterminant bien moins important que la présence de richesses massives et la capacité d’en tirer localement partie.
EN :
Dispersed throughout non-urbanized Québec, some 80 population centres in what is known as “remote Québec” form ethnogeographical groupings with vague contours and very different socioeconomic destinies. This paper examines the development models of these communities. It is based on a detailed comparative analysis of several dozen variables relating to demographics, education, health, housing, personal income, public expenditures and economic activities. Nine key indicators are analysed here. The study shows that these realities form four models of development, which are distinguished mainly by the type of exploitation of natural resources and by population characteristics. In the regions where resource exploitation takes place on a large scale, the populations benefit from the economic spinoffs of development. However, they do so according to different patterns, either directly for those families that earn their living in this way, or indirectly, for those populations that have been able to capitalize on the attraction of the resources. In those regions where resources are exploited on a small scale, or where prosperity is no longer ensured by mechanisms that used to be effective, the general situation is deteriorating not only because the economic infrastructure remains weak, but also because the populations do not have the political clout to change things. In this perspective, the ethnic factor would appear to be a much less important determinant than the presence of a large-scale wealth of resources and the capacity to benefit from it locally.