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L'école québécoise est une institution fortement modelée par l'État. C'est lui qui, par la loi, y définit les rôles, les normes, les structures, les pouvoirs, les droits, les privilèges, les programmes, et même les finalités. Mais l'école québécoise se veut aussi un milieu de vie. Qu'est-ce à dire ? Le vocabulaire se fait ici plus flou, voire hésitant. On décrit plus que l'on ne définit. « École milieu de vie » : voilà près de trente ans que l'expression est sans cesse reprise pour représenter un idéal, pour dire l'utopie d'une école qui, au-delà de l'institution, fait place aux personnes et à la richesse des relations qui devraient l'habiter. Pour présenter ce numéro, il a paru pertinent de faire le point sur l'école québécoise, à la fois en tant qu'institution et milieu de vie, parce qu'il s'agit de deux aspects « interactifs » d'une même réalité. L'occasion était bonne : les États généraux sur l'éducation de 1996 se sont grandement préoccupés de ces deux dimensions et ont suggéré d'ouvrir à cet égard des « chantiers » nouveaux. L'État a effectivement pris le relais en proposant une nouvelle « réforme de l'éducation » (MEQ, 1997). En préparant ce bilan de l'école, il s'est avéré essentiel, pour donner à ses traits une certaine profondeur, de la situer dans une perspective historique. L'école de 1997 est née de la réforme lancée à la fin des années 1960 à la suite du rapport Parent (1966). Elle a largement évolué depuis, et comme institution et comme milieu de vie. Pour comprendre ce qu'elle est devenue sous ce double rapport, il fallait voir d'où elle est partie.