Résumés
Résumé
Il peut paraître téméraire de vouloir relier le droit à l'imaginaire social. S'il est une institution d'où l'imaginaire semble absent, c'est bien le droit. Ne se caractérise-t-il pas par une froide rationalité, une logique interne que Max Weber a appelée «formaliste», un esprit d'analyse pratique, la recherche pragmatique d'arrangements acceptables en vue d'établir ou de rétablir une certaine harmonie des relations sociales ? De plus, une grande partie du droit est l'héritage d'un passé plus ou moins lointain ; il se nourrit abondamment de traditions, c'est-à-dire de solutions, laborieusement créées et longuement éprouvées, aux problèmes que rencontrent les membres d'une société dans leurs rapports, leurs échanges, leurs relations. Il est donc déjà cristallisé, solidifié, patiné par l'épreuve du temps. Enfin, on dit volontiers du droit qu'il est le reflet des conditions sociales existantes aussi bien que des rapports sociaux tels qu'ils se sont élaborés au cours des temps, des coutumes récentes aussi bien qu'anciennes.
Tout cela laisse bien peu de place à l'imaginaire. Tourné plus vers le passé que vers l'avenir par ses origines, orienté de par ses fonctions vers des objectifs pragmatiques du présent, le droit n'est-il pas l'antithèse de l'imaginaire? On pourrait même croire qu'il en est la contradiction permanente, puisqu'il est l'institué par excellence, et même l'institué écrit, ce qui le durcit, le cristallise, le pétrifie plus encore. Cette vue n'est pas sans fondement. Elle correspond effectivement à une partie du droit. Mais elle ne correspond pas à tout le droit.
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