Résumés
Résumé
Dans notre Histoire économique et sociale, livre dont certains aspects ont tellement accaparé l'attention et les énergies des professeurs Wallot et Paquet depuis 1966, nous avons défini l'habitant canadien-français comme un paysan traditionnel ayant, au début du Régime britannique, un niveau de pratiques agricoles inférieur à celui de la majorité des paysans européens. De 1760 à 1802, nous avons montré comment et à quelles conditions ce paysan s'était adapté positivement à l'ouverture d'un marché extérieur pour son blé.1 Il est évident que nous n'avons jamais, ainsi que les professeurs Wallot et Paquet le répètent d'un texte à l'autre, usant chaque fois d'une terminologie un peu différente, qualifié ce paysan du XVlIIe siècle de « morbidement conservateur ». Nous avons cependant montré qu'à partir du début du XIXe siècle, lorsque les conditions changent et lorsque se pose le défi de la révolution des techniques agricoles, le paysan, au lieu de transformer ses façons de faire, se durcit et résiste aux pressions en faveur de la rénovation du système agricole. Si notre « habitant » a subi un traumatisme, ce n'est pas au moment de la conquête mais au moment où le système agricole traditionnel ne peut plus fonctionner comme autrefois. Les professeurs Wallot et Paquet ont donc construit leur thèse de « l'habitant sensible au marché » pour répondre à une soi-disant définition de la mentalité paysanne comme « morbidement conservatrice ».
De même nous avons situé l'émergence du nationalisme canadien-français dans le cadre d'un ensemble de transformations structurelles à la fois économiques, sociales et démographiques. Nous avons dit que ce nationalisme était né pour toutes sortes de raisons parmi les professions libérales et qu'il s'était rapidement diffusé dans les milieux paysans sous l'effet de l'apparition du problème agricole et des pressions démographiques. Encore là, les professeurs Wallot et Paquet ont réduit notre analyse à un simple rapport entre nationalisme et malaise agricole. À partir de cette lecture rapide, ils ont édifié leur remise en question de l'existence d'une crise agricole pendant la première décennie du XIXe siècle en utilisant quelques modèles qui naturellement s'appliquent! Leurs trop nombreux problèmes de lecture, tels ceux que nous avons mentionnés, ont contribué à obscurcir le débat et à le rendre presque stérile.
L'intervention du professeur Le Goff dans cette discussion, à laquelle nous avions renoncé, a non seulement servi à la clarifier mais à attirer l'attention sur la vulnérabilité de la thèse Wallot et Paquet. La mise au point magistrale qu'il reçoit des deux auteurs ne fait à notre avis qu'accentuer l'extrême fragilité de leur interprétation. Ce regroupement des données de leurs précédents travaux met en relief les insuffisances de leurs modèles et même de leur information.
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