Résumés
Résumé
Ancêtre primitif de l'hebdomadaire qui affiche aujourd'hui encore le même titre, le journal la Patrie paraît pour la première fois le 24 février 1879, à Montréal. Propriété de son éditeur, Honoré Beaugrand, il est publié en une édition quotidienne et se vend un sou le numéro. Le comité de rédaction du journal se compose de deux personnes: Beaugrand et l'avocat Ernest Tremblay.
On trouve dans Rumilly quelques informations utiles sur le tempérament politique des deux rédacteurs. Tremblay, selon l'historien, est un démocrate au lyrisme échevelé; son expérience dans le journalisme se résume au seul titre d'ex-rédacteur du National, porte-parole officiel en français du parti libéral à Montréal, venant tout juste de disparaître après sept années de publication (officiellement abandonné pour insuffisance de fonds).
Quant à Beaugrand, on apprend ce qui suit: « Beaugrand, démocrate avancé [. . .] venait de passer plusieurs années en Nouvelle-Angleterre, où il avait publié un journal errant: la République. Il s'y proclamait disciple de Papineau et incroyant résolu. D'échec en échec, il avait transporté le siège de sa République de ville en ville, à Saint-Louis, à Lowell, à Boston, à Fall-River. En 1877, une polémique le mit aux prises avec Ferdinand Gagnon, qui défendait les bons principes dans le Travailleur, de Worcester. Beaugrand y perdit son crédit en Nouvelle-Angleterre et revint au Canada. Il ne changeait rien à ses idées, et laissait entendre, avec un petit air fanfaron, qu'il s'était affilié à la franc-maçonnerie. Beaugrand, peu robuste mais énergique, avait la franchise de ses idées. Beaucoup de libéraux, qui s'étaient tant défendus de l'alliance radicale, n'acceptèrent qu'à contre-coeur cet allié compromettant. »
Voilà le tandem qui guidera les destinées de la toute nouvelle Patrie, Dès le premier numéro du 24 février 1879, le lecteur est informé du statut officiel du journal et de sa mission sur le plan politique: « La Pairie parait aujourd'hui pour remplacer le National comme organe du parti réformiste dans le district de Montréal. Libéral en politique, le nouveau journal continuera la tradition du parti qui combat le gouvernement de sir John A. MacDonald à Ottawa et qui supporte l'administration Joly à Québec. »
La Patrie s'adresse d'abord aux partisans libéraux de la région de Montréal et à ceux des localités environnantes. Il est possible que plusieurs personnes de Trois-Rivières et de Québec reçoivent aussi le journal mais nous n'avons aucune indication précise sur ce point. Nous ne savons également rien sur le tirage initial du journal. Vers la fin de mars 1879, le lecteur est avisé que le tirage atteint alors 3,500 copies par jour et qu'il sera bientôt porté à 5,000 copies.
À ses débuts, la Patrie étale sa matière sur quatre pages de cinq colonnes. Mais le format s'agrandit par la suite, de sorte qu'en septembre 1879, chaque page du journal contient environ deux fois plus de texte qu'en février. À cette même date, la Patrie se vend en deux éditions quotidiennes, l'une à midi, l'autre à cinq heures. Voici un aperçu de la distribution typique du contenu du journal au cours de 1879 et 1880:
1 ° Sur la première page: des annonces et des extraits de divers journaux, soit canadiens, soit étrangers, sur des sujets plutôt neutres par rapport à la politique.
2° Sur la deuxième page: Un courrier; De brefs articles où l'on commente les problèmes de l'heure, surtout sur les plans politique et économique; Divers extraits soit de journaux canadiens soit de journaux étrangers, avec ou sans commentaires de la Patrie, où sont exposées des positions de principes, polémiques, controverses sur des problèmes d'actualité, des situations ou des individus; Quelquefois aussi on trouve une chronique parlementaire fédérale ou provinciale.
3° Sur la troisième page: des nouvelles locales et régionales, des annonces de tous genres.
4° Sur la quatrième page: un roman-feuilleton et des annonces.
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