Résumés
Résumé
Pour le sociologue, la littérature, comme les autres formes de l'activité mentale, est à la fois effet et cause des transformations multiples qui caractérisent notre société moderne. La sociologie de la connaissance a depuis longtemps établi une corrélation entre les productions mentales d'une part et le substratum économique, l'organisation sociale et la culture d'autre part. La littérature, comme l'art en général, offre cependant un intérêt particulier pour le sociologue.
D'un côté, la société rend possible la création de certaines formes et le développement de certains thèmes. Ainsi, Roland Barthes dans Le degré zéro de L'écriture établit une relation entre le genre d'écriture (formes littéraires) et les sociétés de type bourgeois et de type socialiste. Mais l'écrivain, comme le peintre ou le musicien, n'est pas seulement conditionné globalement par sa société, il est aussi un individu qui vit dans un milieu précis. Sa plus grande sensibilité lui fait percevoir de façon plus aiguë qu'à ses concitoyens les tensions de sa société. Son œuvre est ainsi, de quelque manière, le reflet, le miroir de la vie profonde de son milieu comme aussi de sa société et de son époque. N'étant pas nécessairement philosophe, l'écrivain ne sera pas non plus réflexif dans sa saisie du social. C'est plutôt par transposition au niveau de la sensibilité qu'il transmettra son message.
Ce message deviendra pour le sociologue un témoignage, témoignage souvent d'autant plus valable qu'il sera non pas réflexif mais simplement vécu. La journée de demain sera consacrée à l'étude de ces témoignages au niveau des thèmes de notre littérature. Nous avons cependant cru qu'il serait utile de situer ces réflexions dans un cadre plus large. Plutôt que d'apporter des réponses définitives à ce sujet, nous voulons simplement soulever quelques questions qui seront — nous l'espérons — pertinentes et plusieurs personnes — écrivains, éditeurs, libraires, hauts fonctionnaires du ministère des Affaires culturelles du Québec — ont obligeamment accepté de collaborer à cette enquête. Les auteurs tiennent à leur exprimer ici leur gratitude. Ils désirent remercier aussi de leur concours MM. Fernand Grenier, Louis Trotier et Jean Raveneau, professeurs à l'Institut de géographie de l'Université Laval, Mlle Nicole Gagnon et M. Paul Bélanger, assistants de recherche au Département de sociologie et d'anthropologie, et M. Lawrence Ramsay, étudiant en sociologie qui surtout seront susceptibles d'orienter des recherches futures. Les principaux thèmes que nous aborderons seront les suivants : I. la situation de la littérature proprement dite par rapport à la production générale du livre ; II. les problèmes de diffusion (bibliothèques et librairies) ; III. La perception de la littérature et de la société chez les écrivains et les éditeurs.