CHRONIQUES ET RECENSIONS

Von Hippel, W. (2018). The social leap. The new evolutionary science of who we are, where we come from, and what makes us happy. New York, NY : Harper Collins Publishers[Notice]

  • Léandre Bouffard

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  • Léandre Bouffard
    Université de Sherbrooke

Né en Alaska, William von Hippel a fait ses études aux États-Unis. Après quelques années d’enseignement à l’Université d’État de l’Ohio, il s’est installé à Brisbane (Australie) où il enseigne à la prestigieuse Université du Queensland. Il a publié un grand nombre d’articles et de chapitres portant sur la psychologie évolutionniste. Que nous apporte son ouvrage sur la vie sociale au cours de l’évolution? Il y a environ 6-7 millions d’années, nos ancêtres lointains ont quitté la vie tranquille de la forêt. En fait, ils ont été « chassés du paradis » par le déplacement des plaques tectoniques qui a créé la Ryff Valley (Afrique de l’Est) et a provoqué la disparition progressive de la forêt. Arrivés dans la savane, ces australopithèques ont évolué par la force des choses : par exemple, changement d’alimentation et défense contre les grands prédateurs. Ils se sont adaptés à ce nouvel environnement, ont survécu et se sont reproduits, comme en témoignent les restes de Lucy découverts en 1974, en Éthiopie, et datant d’environ 3,5 millions d’années. Ayant adopté – au cours des millénaires – la stature debout, Homo Erectus a créé des outils, inventé la division du travail, utilisé le feu. Ces chasseurs-cueilleurs ont inventé la coopération dans le groupe ou la tribu, une caractéristique à peu près absente chez les autres primates. Ce « saut social » (social leap) - une vraie révolution – a contribué considérablement au développement du cerveau et a changé la destinée de nos ancêtres et la nôtre. Les progrès réalisés par Homo Erectus et l’augmentation du nombre d’individus les ont incités à agrandir leur territoire et à « sortir de l’Afrique ». Ce fut le début de la colonisation du monde. Au cours de ces six millions d’années, le cerveau s’est développé : de 380 grammes chez le Chimpanzé, à 450 grammes chez l’Australopithèque, à 960 grammes chez Homo Erectus et, enfin, à celui d’Homo Sapiens (apparu il y a 200,000 ans) qui est de 1,350 grammes (poids approximatif de notre cerveau). Les chasseurs-cueilleurs ont progressivement cultivé quelques céréales, ont diminué leur nomadisme, ont augmenté le nombre d’individus dans leurs communautés, de sorte que l’agriculture est apparue il y a environ 12,000 ans. Étape importante dans l’histoire de l’humanité, l’agriculture et l’élevage ont exigé encore des adaptations considérables. Cette période a apporté des avantages (par exemple, plus de stabilité), mais des coûts nombreux et onéreux : manque d’hygiène et proximité avec les animaux domestiques qui causent des maladies, travail long et épuisant, espérance de vie moindre et apparition des inégalités de richesses et de statut. L’auteur conclut que l’agriculture a été difficile pour les individus, mais a apporté du progrès pour l’ensemble (par exemple, les grands travaux de drainage et la construction des villes). La théorie de Darwin stipule que la sélection naturelle se produit en vue de la survie, ceux qui s’adaptent ayant plus de chances de vivre plus longtemps. Mais ce grand chercheur a observé que certains faits semblaient contredire sa théorie. Il disait : « Quand je vois un paon, cela me rend malade ». En effet, le paon, avec sa longue queue, peut difficilement se cacher des prédateurs et pourtant elle n’est pas disparue au cours de l’évolution. Même si elle représente un défi pour sa survie, ce magnifique appendice constitue un grand avantage pour sa reproduction, car la femelle choisit celui qui a la queue la plus prestigieuse. Darwin s’est donc rendu compte que la survie a de l’importance en autant qu’elle favorise la reproduction, parce que les gènes « veulent » se reproduire même au désavantage de celui ou …

Parties annexes