L’augmentation des tensions et des conflits armés dans le monde au cours des dernières années signifie aussi par le fait même une hausse des violations des droits humains. Dans le cadre des conflits armés, les violations du droit international humanitaire sont des violations de normes internationales, qualifiées de crimes internationaux, que le droit pénal international vise à combattre notamment en condamnant les principaux responsables de ces actes. Aujourd’hui, la Cour pénale internationale (CPI) célèbre plus de vingt ans d’existence et a été saisie par le Procureur pour de nombreuses situations dans le monde concernant des crimes internationaux allégués. Le Procureur fut doté, dès la création de la Cour, d’un pouvoir discrétionnaire assez important pour sélectionner les situations et les affaires à enquêter, mais aussi à traiter devant la Cour. Cependant, depuis plusieurs années déjà, un débat majeur a émergé concernant de possibles biais de la CPI, et surtout du Procureur, dans la sélection des situations et des affaires à enquêter et à saisir devant la Cour. À l’heure actuelle, ce débat pousse certains à remettre en question l’existence même de la CPI, tandis que d’autres soutiennent que la Cour, mais surtout le Procureur, devraient continuer d’exercer un pouvoir discrétionnaire via les dispositions existantes du Statut de Rome. L’ouvrage Gravity at the International Criminal Court: Admissibility and Prosecutorial Discretion vise à analyser comment le critère de « gravité suffisante » prévu à l’article 17 (1)(d) du Statut de Rome doit être appliqué respectivement dans les décisions du Procureur d’enquêter une situation et d’entamer une poursuite. La thèse que défend cette monographie est d’abord que l’article 17 (1)(d) requiert une évaluation subjective qui donne indirectement un pouvoir discrétionnaire au Procureur. Par conséquent, il est aussi défendu que le Procureur doit détenir un large pouvoir discrétionnaire vis-à-vis de cette évaluation, contrairement aux pouvoirs discrétionnaires limités des Chambres préliminaires dans la décision d’entreprendre des enquêtes et des poursuites judiciaires. L’autrice de cette monographie, Priya Urs, est chercheuse junior en droit international au St. John’s College de l’Université Oxford. Elle est titulaire d’un PhD en droit de l’University College de Londres ainsi que d’une maîtrise en droit international de l’Université de Cambridge. Ses travaux de recherche ont notamment été cités par un juge dans une affaire de la Cour internationale de justice. Ayant déjà publié un article sur le pouvoir discrétionnaire du Procureur dans le Journal of International Criminal Justice, cette monographie permet ainsi à l’autrice de développer davantage sur cette question hautement polarisée dans les sphères académiques du droit international. L’autrice vise tout au long de l’ouvrage à analyser le critère de gravité à la CPI en distinguant les situations et les affaires, mais aussi l’application du critère respectivement pour le Procureur et les Chambres préliminaires de la Cour. L’ouvrage est ainsi construit en un narratif de cinq chapitres qui abordent chacun un aspect du critère de gravité à la CPI. Une liste d’acronymes et une table de jurisprudence sont présentes au début de l’ouvrage pour permettre au lecteur d’accéder rapidement à des informations importantes. Le premier chapitre se veut être une sorte d’introduction qui permet d’introduire le lecteur à la structure de la CPI, au critère de gravité, aux enjeux derrière ce critère, mais aussi à l’objectif de l’ouvrage. Le chapitre débute en expliquant et en contextualisant le débat actuel entourant la sélection des enquêtes sur les affaires et situations par le Procureur et la Cour. Ensuite, une analyse de l’article 17 (1)(d) du Statut de Rome vise à expliquer l’historique derrière le critère de gravité, son application, mais aussi le caractère vague de l’article qui laisse une interprétation très ouverte …