Recensions

Sylvain Zini et al, dir, Vers une politique commerciale socialement responsable dans un contexte de tensions commerciales, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2021[Notice]

  • Maève Huckel-Fidalgo

Titulaire d’un baccalauréat en relations internationales et droit international, Université du Québec à Montréal, étudiante au DESS en journalisme, Université de Montréal.

Loin de se limiter à des réductions tarifaires et des concessions sectorielles, la politique commerciale s’investit désormais dans tous les domaines de la société. Instituée comme vecteur de la croissance et du développement, l’insertion au commerce international se double d’un passage quasi obligé vers un modèle étatique néolibéral soumis à une logique de concurrence. Les répercussions sociales de la mondialisation inquiètent, comme en témoignent les contestations multiples et débats animés sur la question. Arrimer ouverture commerciale et progrès social, c’est donc ce que les codirecteurs de Vers une politique commerciale socialement responsable dans un contexte de tensions commerciales — Sylvain Zini (économiste et politologue de formation, chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’Université de Montréal et l’Université du Québec en Outaouais), Éric Boulanger (directeur adjoint du Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM), codirecteur de l’Observatoire de l’Asie de l’Est et chargé de cours à l’UQAM) et Michèle Rioux (directrice du CEIM et professeure titulaire au Département de science politique de l’UQAM) — ont voulu explorer. Publié en 2021, l’ouvrage fait état des activités organisées entre 2017 et 2019 par le CEIM sur le thème « Vers une politique commerciale socialement responsable : un défi pour le Canada et ses partenaires commerciaux ». Ces activités comprennent notamment des consultations publiques pancanadiennes et ont été réalisées dans le cadre du projet Gouvernance globale du travail. La démarche des codirecteurs de l’ouvrage s’inscrit dans un triple objectif : informer le public sur la dimension sociale des activités économiques mondiales, animer une discussion pancanadienne sur les moyens de mise en oeuvre d’une politique socialement responsable et produire des recommandations à l’intention du gouvernement canadien. L’ouvrage est divisé en trois parties, articulées autour des questions suivantes : 1) Qu’est-ce qu’une politique commerciale socialement responsable ? 2) À qui incombe la responsabilité d’une mondialisation plus juste ? Et 3) Quels sont les dysfonctionnements de la politique commerciale actuelle et quelles modalités permettraient de les résoudre ? Les chapitres sont rédigés par des experts issus de milieux différents et oeuvrant à travers le Canada : économistes, politologues, juristes, chercheurs universitaires, représentants syndicaux, etc. La première partie présente les thèmes abordés lors des consultations pancanadiennes, qui sont par le fait même les « outils » ou instruments identifiés par les directeurs de l’ouvrage comme susceptibles d’entériner une politique commerciale socialement responsable. Le premier chapitre, rédigé par Heysee Verdal, porte sur les accords commerciaux ; le deuxième, rédigé par Maud Boisnard, se penche sur les systèmes généralisés des préférences (SPG) ; et le troisième chapitre, présenté par Hugues Brisson, discute du bannissement de produits issus du travail forcé. Pour chacun de ces instruments, les auteurs expliquent leurs possibles mobilisations, commentent la pratique des États en la matière et soulignent les arguments en faveur et en défaveur de leurs différentes utilisations. La deuxième partie comporte trois chapitres. Le chapitre quatre, rédigé par Michèle Rioux et Sylvain Zini, est consacré à la présentation du rapport des consultations pancanadiennes qui se sont déroulées à l’été et l’automne 2017. Sur la base des résultats obtenus, les auteurs formulent dix recommandations pour une politique commerciale socialement responsable. Certaines recommandations créent de nouvelles obligations pour les partenaires commerciaux du Canada, tandis que d’autres exigent une modification de la législation canadienne. Certaines appellent à la consolidation des mécanismes existants et d’autres encore à la création de nouvelles institutions. Les deux autres chapitres de la deuxième partie regroupent les commentaires d’universitaires (chapitre cinq) et de personnes issues du monde syndical et de la société civile (chapitre six) vis-à-vis du rapport présenté au chapitre quatre. Ces commentaires, rédigés par différents experts, se …

Parties annexes