Recensions

Kerry F Crawford, Wartime Sexual Violence: From Silence to Condemnation of a Weapon of War, Washington, Georgetown University Press, 2017[Notice]

  • Olivia Malenfant

Étudiante au baccalauréat en relations internationales et droit international à l’Université du Québec à Montréal.

Les États, les organisations non gouvernementales et les organisations internationales (OI) condamnent maintenant les violences sexuelles en temps de conflit et fournissent de multiples efforts afin de prévenir et de punir ces pratiques néfastes. Il y a vingt ans, il aurait été difficile d’imaginer une telle implication des États et des OI dans la lutte contre les violences sexuelles en temps de guerre. Docteure en science politique se spécialisant dans les violences sexuelles en temps de guerre, la sécurité humaine ainsi que les politiques et le genre, Kerry F. Crawford, assistante professeure en science politique à l’Université James Madison, a écrit son premier livre en 2017, intitulé Wartime Sexual Violence: From Silence to Condemnation of a Weapon of War. Dans son ouvrage, l’auteure se questionne sur les raisons qui ont poussé les États à passer du silence complet à la dénonciation transnationale des violences sexuelles. Pour se faire, elle utilise une combinaison des approches constructiviste, réaliste et féministe pour étudier l’évolution des perceptions des violences sexuelles en temps de conflit, pour finalement en arriver à considérer ces pratiques comme une arme de guerre. Elle utilise une méthodologie de reconstitution de processus afin d’examiner les mécanismes de cause à effet menant à une réponse internationale face au phénomène. Le fait de reconnaître les violences sexuelles comme une menace à la sécurité a permis à la communauté internationale de mettre en place des mesures pour combattre ces pratiques, ce qui n’aurait pas été possible autrement. En se basant sur l’émergence, les lacunes et le développement du cadre d’« arme de guerre », l’auteure aborde l’impact de celui-ci sur la mise en oeuvre d’un agenda contre les violences sexuelles par les États et le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU). L’argumentaire abordé dans l’ouvrage se divise en deux parties. D’un côté, l’auteure soutient que le cadre d’« arme de guerre » limite la mise en oeuvre de l’agenda contre les violences sexuelles en raison des situations, des concepts et des personnes exclues du récit dominant. D’un autre côté, ce cadre a permis à la société civile et aux défenseurs d’obtenir un accès sans précédent aux agendas des États et du Conseil de sécurité de l’ONU pour éventuellement élargir la portée des individus et des formes de violences reconnus dans le concept d’« arme de guerre ». Dans le premier chapitre, l’auteure aborde les conséquences découlant de la définition des violences sexuelles comme étant une arme et une menace à la sécurité. Elle explique d’abord le but fondamental d’imposer un cadre sécuritaire sur un enjeu qui, à la base, n’était pas lié à la sécurité des États. Auparavant, deux obstacles empêchaient la reconnaissance des violences sexuelles en temps de guerre par les États et les OI ainsi que l’action internationale pour mettre fin à ces pratiques. La conception que les violences sexuelles étaient un produit inévitable de la guerre et que celles-ci découlaient d’un problème de genre ou de droits humains plutôt que d’un problème de sécurité n’incitait pas les acteurs à agir. En qualifiant les violences sexuelles d’« arme », ces pratiques ne résultent plus d’une question de genre, mais plutôt d’une stratégie de guerre et d’atrocités, faisant en sorte qu’elles entrent dans le domaine des sécurités nationale et internationale. Cela a permis des changements de politiques nationale et étrangère ainsi que de l’aide financière et humanitaire. Par contre, ces changements ont souvent été critiqués comme étant une entrave à l’empowerment des femmes. En effet, l’auteure avance que le but d’un cadre est de simplifier un concept. Ainsi, en imposant un cadre sur les violences sexuelles, les racines …

Parties annexes