FR :
Des Images oubliées aux Reflets dans l’eau, une grande majorité de la musique de Claude Debussy est remplie d’images et de tableaux sonores. L’oeuvre debussyste est d’ailleurs amplement citée comme préexistante dans le cinéma, tout genre confondu, et ce depuis le muet, notamment pour les scènes de plein air, jusqu’à la période contemporaine. Debussy est musicien de la nature, du voyage, d’effets de lumière dans l’eau, voire du monde de l’enfance, mais bon nombre de ses oeuvres (« Nuages », Pelléas et Mélisande, Le Martyre de Saint-Sébastien ou son opéra inachevé La Chute de la maison Usher) sont également autant de manifestations de la mort et de la peur. L’ambition de cet article est de montrer en quoi des compositeurs comme Dimitri Tiomkin, Franz Waxman, Bernard Herrmann, Jerry Goldsmith ou encore Alejandro Amenábar sondent le langage debussyste pour enrichir le paratexte de leurs partitions destinées à des films comportant une dimension fantastique sombre, estompant ainsi la frontière qui existe entre eros et thanatos, ou encore entre le monde des morts et celui des vivants.
EN :
From Images oubliées to Reflets dans l’eau, much of Claude Debussy’s music is filled with images and sound paintings. In fact, Debussy’s body of work is widely cited as a pre-existing element in cinema of all genres, especially for outdoor scenes, from the silent era to the contemporary period. Debussy is a musician of nature, of travel, of light effects in water, even of the world of childhood, but many of his works (“Nuages,” Pelléas et Mélisande, Le Martyre de Saint-Sébastien or his unfinished opera La Chute de la maison Usher) are also manifestations of death and fear. The aim of this article is to show how composers such as Dimitri Tiomkin, Franz Waxman, Bernard Herrmann, Jerry Goldsmith, and Alejandro Amenábar probe Debussy’s language to enrich the paratext of their scores for films with a dark fantasy dimension, blurring the boundary between eros and thanatos, or between the world of the dead and that of the living.