Présentation du numéro[Notice]

  • Danick Trottier et
  • François de Médicis

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  • Danick Trottier

  • avec la collaboration de
    François de Médicis

Pas moins de trois dates importantes ont porté les célébrations entourant l’héritage de Stravinski au cours des douze dernières années. Alors que 2010 marquait les 100 ans de création de L’Oiseau de feu avec la première célébration du talent du compositeur en sol français, l’année 2013 marquait les 100 ans de sa grandeur artistique consacrée par la création tout autant que le scandale du Sacre du printemps. Les plus fervents admirateurs pourraient aussi ajouter les 100 ans d’oeuvres tout aussi importantes dans sa trajectoire européenne de la décennie 1910, par exemple Petrouchka en 2011 ou Histoire du soldat en 2018. Mais à ce compte les anniversaires risquent de se multiplier exagérément au cours des trois prochaines décennies ! La dernière date à retenir concerne la commémoration de la mémoire de Stravinski avec les 50 ans de son trépas, le 6 avril 2021. Cette période de célébration est aussi celle qui aura fait place à un événement assez inédit dans la réception posthume d’un·e compositeur·rice : la redécouverte, en 2015, d’une oeuvre que le milieu musical croyait perdue pour toujours, selon les dires du compositeur et ce qui avait été validé dans les archives. C’est que le Conservatoire Rimski-Korsakov de Saint-Pétersbourg n’avait pas encore révélé tous ses secrets ! Dans le cadre des travaux de Natalia Braginskaïa, musicologue spécialiste de musique russe et de Stravinski et rectrice adjointe du Conservatoire au moment de cette redécouverte, l’une des responsables de la bibliothèque, Irina Sidorenko, allait tomber sur les 58 parties orchestrales de Pogrebalnaïa pesnya, op. 5. Oeuvre connue par les francophones sous le titre de Chant funèbre, il s’agit du célèbre hommage musical rendu à la mémoire de Rimski-Korsakov et créé à Saint-Pétersbourg en janvier 1909. L’honneur fut accordé au chef d’orchestre Valery Gergiev de créer cette reconstitution en première mondiale le 2 décembre 2016 au Théâtre Mariinski avec l’orchestre éponyme. Il s’est donc passé beaucoup de choses au cours de la dernière décennie dans l’évolution de l’oeuvre stravinskienne et des connaissances que nous en avons, ce qui comprend de nouvelles années de diffusion, de réception et d’approfondissement de son oeuvre. Ce numéro de la Revue musicale oicrm apporte à son tour une pierre à l’édifice qui se construit depuis quelque temps quant au renouveau des études stravinskiennes après les grandes contributions de la fin du xxe siècle et du début du xxie siècle, qu’on pense aux travaux de Maureen Carr, Richard Taruskin, Pieter C. Van den Toorn et bien d’autres. Cette vague de nouvelles études ne constitue pas tant une rupture avec le travail de ces pionnier·ère·s qu’un recalibrage vers des orientations qui tiennent compte de préoccupations épistémiques propres au xxie siècle. En témoignent, par exemple, Valérie Dufour qui révèle dans Stravinski et ses exégètes (1910-1940) (2006) l’influence décisive des exégètes dans la pensée et les orientations stylistiques du compositeur, ou encore plusieurs des contributions au fondement de Igor Stravinsky. Sounds and Gestures of Modernism (2014) qui s’orientent dans de nouvelles problématiques telles que la spiritualité, le corps, la gestuelle, la phonographie, la diffusion à l’écran et encore bien d’autres avenues pertinentes en regard de l’héritage musical du compositeur. Les exemples de la sorte sont nombreux au cours des dernières années et font surtout état de la vitalité des études portant sur Stravinski et du désir de les renouveler par l’entremise d’horizons féconds. Le présent numéro ne fait pas exception à l’emprise de cette nouvelle direction qui s’est affirmée dernièrement. Les articles ont tous en commun de discuter de Stravinski par l’intermédiaire d’un sujet ou d’une problématique connexe, par exemple les enjeux de durée ou …

Parties annexes