Résumés
Résumé
Dans les films de Johan van der Keuken, la musique est tendue entre impulsion et catastrophe : toujours en puissance dans le monde, la musique ne s’actualise pas sans épuiser l’image de ce monde. Par cette tension, le cinéma de van der Keuken nous apprend que la musique peut être au principe d’une redéfinition de la merveille entendue non pas comme objet d’un regard médusant, mais comme production d’une écoute musicienne, corps vibratoire saisi dans son devenir, qui emporte avec lui le monde dans son devenir-musique venant s’y recharger. Cette invention de la musique au cinéma comme puissance d’émerveillement fait de l’oeuvre de van der Keuken le lieu d’une actualisation, à même l’image audio-visuelle et contre les forces réductrices et normalisantes qui la travaillent, d’impératifs éthiques et politiques sur le mode de l’interprétation musicale.
Mots-clés :
- Johan van der Keuken,
- musique,
- corps,
- merveille,
- politique
Abstract
The music in Johan van der Keuken’s films hangs between impetus and catastrophe: always on the verge of coming into the world, music does not emerge without exhausting the visuality of this world. Through this tension, van der Keuken’s cinema tells us that music allows us to redefine the notion of wonders, understood not as objects petrified under Medusa’s gaze, but as assemblages that produce a musical hearing. In this understanding, wonders are vibratory bodies captured in the process of their becoming, a process through which the world’s becoming-music gets carried on and re-energized. Van der Keuken’s films invent a cinematic musical practice that reveals and realizes its potential to evoke wonder, proposing a concrete answer to ethical and political imperatives through the audio-visual image yet against the reductive and normalizing forces at work in it.
Keywords:
- Johan van der Keuken,
- music,
- body,
- wonder,
- political
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Parties annexes
Note biographique
Marie Eve Loyez, professeur agrégé de Lettres classiques, effectue sa deuxième année de doctorat en études cinématographiques en cotutelle à l’Université Paris- Nanterre et à l’Université de Montréal, sous la direction de Mmes Barbara Le Maître et Michèle Garneau. Ses recherches portent sur le cinéma de Johan van der Keuken, qu’elle étudie en relation avec les chambres des merveilles et les cabinets de curiosités. Elle tâche ainsi de dégager les traits esthétiques et, partant, les enjeux épistémologiques, éthiques, politiques, de l’articulation entre une démarche documentaire et certaines pratiques spécifiques de collectionnisme, dans leur forme première comme dans leurs héritages ou leurs survivances.
Bibliographie
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