Résumés
Résumé
Composer des mélodies issues des Chansons de Bilitis de Pierre Louÿs dans la France de la première moitié du XXe siècle impliquait évidemment une confrontation directe avec le recueil de Debussy, paru en 1899. Les comptes rendus des concerts à Paris dans les années 1920-1930, alors que le processus de canonisation de Debussy battait son plein, nous permettent d’étudier le discours autour des compositeurs proposant leurs propres Chansons de Bilitis. Le cycle du maître – très joué lui-même – y est souvent cité comme œuvre de référence, et devait forcément être pris en compte par les compositeurs se confrontant aux Chansons. Ainsi, en étudiant les nouvelles Bilitis, il est pertinent de s’interroger sur les attitudes des compositeurs envers l’oeuvre debussyste : est-ce que les nouvelles Bilitis se veulent comme un hommage explicite à Debussy ? Sont-elles plutôt indirectement influencées par le recueil du maître ? Ou bien prennent-elles une distance nette de leur illustre prédécesseur ? Deux auteurs en particulier font l’objet de cette étude comparée : Charles Koechlin et Georges Dandelot. Leur choix de textes parmi les Chansons de Louÿs ainsi que la dramaturgie et les techniques compositionnelles employées sont analysées ici. Les mélodies de Koechlin se révèlent très éloignées de l’imaginaire grec de Debussy, tandis que Dandelot bascule entre l’imitation du style debussyste et l’appropriation décontextualisée de certains de ses traits distinctifs. La comparaison du cycle debussyste avec les « autres » Chansons de Bilitis donne des indices sur la réception compositionnelle de Debussy et n’est pas sans faire ressortir les spécificités stylistiques et esthétiques du recueil debussyste.
Mots-clés :
- Chansons de Bilitis,
- Debussy,
- influence,
- mélodie française
Abstract
The composition of Chansons de Bilitis by French composers in the first decades of 20th century implied a direct confrontation with Debussy’s cycle, published in 1899. Concert reviews of the 1920s-1930s—when the canonization of Debussy was at its high—offer interesting material for studying the discourse about the composers who created their own Chansons de Bilitis. Reviews often cite Debussy’s cycle—which was performed constantly—as a reference. Composers could not write their own Bilitis without considering Debussy’s. Therefore, the study of the new Chansons brings up relevant questions about the composers’ attitude towards Debussy’s work: Are more recent Bilitis an explicit homage to Debussy? Are they influenced by the master’s work in a more implicit way? Or do they definitely take a distance from their illustrious predecessor? Two authors in particular are the object of the present comparative study: Charles Koechlin and Georges Dandelot. This analysis focuses on their text choice, dramaturgy and compositional technique. ’s mélodies are very far from Debussy’s imagined Greece, while Dandelot toggles between the imitation of Debussy style and the decontextualized appropriation of some of its distinctive features. The comparison between the Chansons de Bilitis by Debussy and by other composers is relevant about the compositional reception of Debussy. Moreover, some stylistic and aesthetic specificities of Debussy’s cycle emerge from the comparative analysis.
Keywords:
- Chansons de Bilitis,
- Debussy,
- influence,
- French mélodie