Volume 1, numéro 1, 2016
Sommaire (6 articles)
Articles
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Présentation du numéro
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L’âge éphémère : les définitions de la jeunesse à la lumière du temps
María Eugenia Longo
p. 5–24
RésuméFR :
Les études sur l’âge en sciences sociales ne problématisent pas toujours la manière de définir les frontières des groupes analysés. Des aspects biologiques, psychologiques, sociaux ou culturels sont mis de l’avant en oubliant les temporalités diverses – chronologique, sociale et vécue – que ces aspects mettent en jeu. À partir du cas spécifique de la jeunesse et en échappant à la dominance de la temporalité chronologique pour cerner ce groupe d’âge, le présent article souligne l’importance de prendre en compte des critères divers, susceptibles d’inclure théoriquement et méthodologiquement une pluralité de temporalités. Cette pluralité ressort des récits de jeunes argentins interrogés dans le cadre d’une recherche qualitative et longitudinale portant sur les parcours professionnels et biographiques. Ces récits montrent le positionnement singulier des jeunes par rapport à l'âge, la diversité des sens récurrents qu'ils lui attribuent, la combinaison des critères de définition, les différents rapports au temps et l'évolution de la définition de l'âge. Nous allons souligner à la fin l’intérêt des certains outils appropriés comme l’étude des phénomènes par les moments de choix ou le recours aux méthodes longitudinales.
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Entre perpétuation et rupture des transmissions entre générations : la dynamique des parcours d’entrée dans la vie adulte dans la ville de Cotonou au Bénin
Judicaël Alladatin
p. 25–39
RésuméFR :
Ce travail de recherche vise à comparer les parcours d’entrée dans la vie adulte des individus issus de deux générations de Cotonois, marquées par des contextes socio‑économiques forts différents. Le « devenir adulte » est conçu comme étant un parcours jalonné de transitions et d’événements touchant principalement quatre types de trajectoires (trajectoire d’insertion professionnelle, trajectoire résidentielle, trajectoire de vie de couple et trajectoire de vie féconde) et dont l’aboutissement est de faire de l’individu un adulte, une fois la stabilité atteinte. Nos résultats révèlent l’existence au sein de chaque génération d’une diversité de parcours d'entrée dans la vie adulte. En comparaison avec les individus nés entre 1945 et 1960, on constate que chez les individus nés entre 1975 et 1990, on assiste à une tendance vers l’allongement des parcours d’entrée dans la vie adulte. On note qu'une relative majorité d'individus de la génération des aînés sont passés par une série de phases familiales, résidentielles et professionnelles ordonnées presque de la même manière. Cette tendance à la ritualisation s’atténue au niveau des individus de la génération des jeunes en laissant place à une pluralisation relative des parcours d'entrée dans la vie adulte.
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Affinité, proximité et précarité : trois effets de la frontière Politique de la ville en France sur les relations entre jeunes et acteurs associatifs
Sylvain Bordiec
p. 40–56
RésuméFR :
Cet article se propose d’étudier les relations sociales spécifiques et, partant, les formes d’ouverture du champ des possibles relationnels que favorise le ciblage de certains espaces urbains par l’action publique territorialisée. À partir des enseignements d’une enquête menée entre 2003 et 2010 dans un quartier de Paris partiellement intégré à la géographie prioritaire de la Politique de la ville, l’article interroge tout particulièrement le rapport entre la frontière administrative dans la ville que dessine cette intégration et la définition de l’existence des acteurs associatifs de la jeunesse et de leurs publics. L’analyse historique de l’encadrement de la jeunesse dans cet espace – l’intégration de la zone à la Politique de la ville génère une multiplication d’associations animées par des bénévoles et principalement financées par les crédits spécifiques dédiées à cette action publique –, l’étude des conditions de l’implantation de l’une de ces associations, l’exploration des trajectoires de deux de ses acteurs, un bénévole fondateur et un membre du public juvénile et, enfin, la mise au jour des formes de leur relation montrent que cette frontière administrative peut révéler des affinités entre acteurs et impulser des « relations de proximité » participant du maintien de leurs protagonistes dans des formes de précarité professionnelle et sociale. Cette « proximité » n’épuise pas la multiplicité des relations rendues possibles par la gestion territorialisée de la question sociale – l’entretien dans la précarité pour les uns n’est pas exclusif de processus d’insertion scolaire, professionnelle et sociale pour les autres. Cependant, l'étude des ressorts, des formes et des effets de cette relation est un puissant instrument d’analyse de la manière dont ce type d’action publique commande les inscriptions dans l’espace et les participations aux institutions.
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L’influence du groupe de pairs sur la consommation de substances psychoactives licites et illicites à l’adolescence
Miléna Spach
p. 57–82
RésuméFR :
L’adolescence est une période de construction d’identité en interaction avec les pairs, mais qui peut être aussi un moment d’initiation à la consommation de substances psychoactives licites et illicites. L’objectif de cet article est d’identifier l’influence des pairs et du groupe de pairs dans les consommations d’alcool, de tabac et de cannabis chez des adolescents. Les données sont issues d’un questionnaire en ligne auto-administré diffusé sur les réseaux sociaux par la procédure d’échantillonnage « boule de neige ». L’échantillon se compose de 518 adolescents français âgés de 14 à 17 ans. Les résultats révèlent la forte influence du nombre de pairs perçus comme des consommateurs de substances psychoactives sur l’expérimentation et la fréquence de consommation d’alcool, de tabac et de cannabis. À l’inverse, une taille élevée du groupe de pairs ou un désir, pour un adolescent, d’acquérir un statut social supérieur dans le groupe de pairs exerce des effets protecteurs sur la consommation occasionnelle ou régulière de tabac. Enfin, plus un adolescent entretient de bonnes relations avec ses pairs, moins il sera sujet à une consommation occasionnelle ou régulière de tabac ou de cannabis.
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Les jeunes face aux sociologues de la jeunesse : enjeux méthodologiques et éthiques liés aux visages des jeunes
Jacques Hamel
p. 83–95
RésuméFR :
Sur la base d’enquêtes conduites sous l’égide de l’Observatoire Jeunes et Société, divers enjeux méthodologiques et éthiques seront envisagés dans le cadre de cet article. Après avoir montré qu’ils sont relatifs aux jeunes ciblés dans chaque cas – les étudiants différant par exemple des non‑diplômés, les jeunes situés d’un côté ou de l’autre de la fracture numérique ne pouvant pas être mis sur un même pied, etc. – différents problèmes et avatars surgis tant dans le recueil que dans l’analyse des données seront énumérés avant d’exposer les remèdes apportés sur le champ, avec force imagination méthodologique, pour pouvoir mener à bien les recherches au programme. On verra ici que les visages des jeunes se répercutent sur les moyens – voire les méthodes – mis en œuvre 1) pour les rejoindre, 2) pour leur démontrer la pertinence ou le bien-fondé des études conduites à leur sujet, 3) sur l’élan, pour les convaincre de collaborer, 4) pour les intéresser aux connaissances produites grâce à leur participation et 5) les persuader de la valeur réflexive de la « sociologie de la jeunesse » susceptible de leur faire connaître leur propre visage.