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Ce second numéro thématique, portant sur la pédagogie universitaire, le numérique et le contexte de la pandémie de COVID-19, présente à nouveau des travaux de chercheurs qui se sont intéressés à ce cadre particulier. Le premier numéro (Karsenti et al., 2020) faisait état de la transition rapide et souvent imposée vers un enseignement à distance ainsi qu’aux défis inhérents à une telle situation (Dufossé, 2020; Verchier et Lison, 2020). Cette nouvelle série d’articles met plutôt l’accent sur l’expérience des étudiants, de même que sur les dispositifs mis en place à leur intention.

Après huit mois de pandémie de COVID-19, et malgré les publications scientifiques sur ses impacts sur l’enseignement et l’apprentissage à l’université, il semble toujours pertinent de chercher à mieux comprendre cette situation sans précédent, et plus particulièrement comment elle a été vécue par les apprenants. Cet effort collectif de différents chercheurs de divers continents saura résolument participer à identifier plusieurs de ses effets éducatifs. Ce second numéro thématique permettra donc de mieux comprendre comment les étudiants vivent ces changements, un aspect qui a interpellé plusieurs chercheurs. Ainsi, par exemple, certains d’entre eux se préoccupent des aspects pédagogiques de cette nouvelle réalité éducative (voir Aucejo et al., 2020; Gelles et al., 2020; Olum et al., 2020) : l’apprentissage ou le développement de compétences; la réussite scolaire; l’abandon des études, voire la perte de motivation scolaire. D’autres s’intéressent plus particulièrement à des aspects plus personnels et affectifs, comme l’anxiété vécue, le temps d’écran qui augmente ou encore la transformation des habitudes de socialisation (Cantù, 2020; Fatonia et al., 2020; Sunasee, 2020).

Le texte de Harshbarger et Vu présente d’abord une perspective axée sur les futurs enseignants, en présentant un dispositif interactif et expérientiel. Girardet permet de poursuivre la réflexion en documentant les pratiques collaboratives des étudiants. Gremion et ses collègues présentent une étude de cas qui révèle dans quelle mesure les étudiants ont transformé leurs habitudes de travail et de collaboration. À partir du modèle PETTaL (Mukherjee, 2013), Biémar et ses collaborateurs portent un regard critique sur les facteurs d’engagement des adultes en formation. Marie-Laure Six soutient, quant à elle, que la pandémie “offrira de nouvelles perspectives pour l’implémentation des TIC en éducation”, et ce, à partir des diverses expériences des étudiants vécues au cours de la pandémie. Les deux expériences menées au Sénégal, la première par Sow et Diongue, et la seconde, par Agbanglanon et Adjanohoun, permettent d’avoir un portrait des différents contextes et réalités des étudiants, selon leur contexte géographique. La réflexion pédagogique de Paquelin et Tendeng permet de mieux comprendre le rôle joué par les environnements personnels d’apprentissage de proximité en contexte de pandémie. Felder et ses collègues modélisent les pratiques d’apprentissage à partir d’environnements personnels d’apprentissage. À la suite de son enquête sur le terrain, Mercier dresse un portrait pertinent des besoins matériels, pédagogiques et affectifs d’étudiants en France. Une image plutôt positive se dégage de l’étude de Njengoué Ngamaleu, réalisée auprès d’apprenants camerounais qui semblent demeurer engagés pour leur réussite scolaire, et ce, malgré la pandémie qui sévit. C’est un portrait un peu plus sombre des étudiants qui apparaît, dans les conclusions de Leyrit, illustré par un niveau de stress accru et une motivation significativement affectée. Chemsi et ses collègues présentent la formation à distance comme une solution efficiente pour la continuité pédagogique dans le contexte marocain. L’étude de Alladatin et de ses collaborateurs révèle la perception des étudiants d’une université béninoise face aux mesures exceptionnelles mises en place par les autorités, mais aussi les nombreuses contraintes qui sont apparues dans la pratique, au quotidien. Dans un autre coin du monde, Weiss et ses co-auteurs remarquent également une certaine insatisfaction des étudiants – de futurs enseignants – en Martinique. À Madagascar, les résultats de l’étude de Ratompomalala et Razafimbelo dévoilent que c’est la situation économique des étudiants qui a constitué un obstacle important à l’enseignement à distance. Enfin, Raby et ses collègues présentent des résultats empiriques sur l’usage du portfolio comme un outil d’évaluation formative pertinent en contexte d’une formation à distance qui s’est imposée durant la pandémie de COVID-19.

Pour plusieurs, les apprenants doivent se trouver au coeur de l’acte d’enseigner, de la relation pédagogique, voire des pratiques en pédagogie universitaire (voir Karsenti, 2001). Dans ce second numéro thématique, il semblait essentiel de porter une attention particulière à l’expérience vécue par les étudiants, de même que sur les dispositifs mis en place. Les quelque 15 travaux de recherche présentés devraient permettre d’apporter des pistes de solution pour leur venir en aide afin que, même s’ils sont seuls devant leurs écrans, il leur soit possible d’exploiter les nombreuses possibilités du numérique pour qu’ils soient en mesure de poursuivre leurs apprentissages, de développer des compétences, tout en étant engagés pleinement malgré ce contexte surréel dans lequel ils tous sont plongés.