Résumé du livre: Putting Skill to Work: How to Create Good Jobs in Uncertain Times, par Nichola Lowe. Cambridge, Massachusetts: The MIT Press, 2021. 200 pages. ISBN 9780262045162[Notice]

  • Sara Pérez-Lauzon

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  • Sara Pérez-Lauzon
    Professeure adjointe, Département de gestion des ressources humaines, HEC Montréal

« Les États-Unis ont un problème de compétences (…) le problème réside dans l’incapacité généralisée des entreprises (…) à partager la responsabilité du développement des compétences – c’est-à-dire la réticence ou l’incapacité de nombreux employeurs à investir suffisamment (…) dans la formation et la création de trajectoires de carrière qui puissent élargir le champ des possibilités d’amélioration des conditions économiques des travailleurs au plus bas de l’échelle (…) (traduction libre, p.1). Ces mots, les premiers de l’ouvrage Putting Skillto Work : How to Create Good Jobs in Uncertain Times, ce sont ceux par lesquels Nicola Lowe débute son travail de recadrage des problèmes et des solutions pouvant assurer l’accès à un travail de qualité par le prisme des compétences. Les propos de l’autrice s’inscrivent dans une réflexion plus large sur la capacité des acteurs du travail, des décideurs publics et des institutions d’oeuvrer à un développement économique inclusif. Pour ce faire, l’autrice offre une première contribution en déconstruisant la mécanique consistant à voir les inégalités sur le marché du travail uniquement sous l’angle d’une problématique liée à l’offre de compétences et, par extension, à l’inefficacité des institutions de formation et d’éducation. Plutôt, Lowe invite à porter notre attention sur l’évolution des pratiques de gestion des ressources humaines (GRH) au sein des entreprises, notamment dans le domaine du développement des compétences, de gestion de la carrière et de la dotation. En outre, l’autrice soutient que le développement des compétences en entreprise, autrefois inclusif, s’est polarisé et que l’on a assisté à une érosion de l’accès à un travail de qualité. Dans ce livre, Lowe nous invite donc à explorer le travail et l’apport d’organisations intermédiaires spécialisées dans le domaine de la main-d’oeuvre (workforce intermediairies) comme voie de solution. Le coeur de l’ouvrage repose sur des vignettes ainsi que des études de cas dans le secteur manufacturier aux États-Unis où sont mises en évidence diverses stratégies déployées par des organisations intermédiaires à travers lesquelles les gestionnaires et les responsables de la GRH dans des entreprises, petites et grandes, arrivent à réinterpréter leurs besoins en compétences et mettent en oeuvre des pratiques inclusives. L’importance des relations sociales et de l’action collective, qu’elle soit locale, sectorielle ou régionale, qui découle du travail institutionnel de ces organisations, constitue une seconde contribution de ce livre. Dans le premier chapitre, Lowe entame son travail de recadrage en exposant la dimension fluide et socialement construite des compétences. Ainsi, selon l’autrice, ce qui constitue une compétence, la façon dont elle s’acquiert et qui est considéré compétent reposerait essentiellement sur les interprétations des différents acteurs. De ce chapitre émerge un argument central du livre : les compétences possèdent un caractère ambigu (skill ambiguity) et cette ambiguïté peut s’avérer être une source de pouvoir pouvant être mobilisée par les différents acteurs du travail – tels que les syndicats ou les organisations intermédiaires – afin d’infléchir une réinterprétation des problèmes et des solutions en la faveur des travailleurs. Le second chapitre positionne le livre parmi les différents débats dans les sphères académiques et des politiques publiques s’intéressant aux inégalités sur le marché du travail ainsi qu’aux pénuries de compétences. Dans le secteur manufacturier, où, nombreuses sont les entreprises à faire part de préoccupations quant à l’adéquation entre l’offre de compétences et leurs besoins, Lowe soutien que ces problèmes ouvrent la voie à des changements institutionnels « qui pourraient assurer que les travailleurs bénéficient des gains découlant de l’apport de la mobilisation de leurs compétences à la performance de l’entreprise et à l’innovation » (traduction libre, p.47). Le troisième chapitre, empirique, montre le cas notamment du …