Bouffartigue, Paul et Jean Vandewattyne (sous la direction de), Facteurs en Europe. Le syndicalisme face à la libéralisation et aux mutations des activités postales : Belgique, Bulgarie, Espagne, France et Royaume-Uni, Toulouse : Octares Éditions, 2020, 275 pages.[Notice]

  • François Bolduc

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  • François Bolduc
    Professeur agrégé, Département des relations industrielles, Université Laval

Le livre Facteurs en Europe. Le syndicalisme face à la libéralisation et aux mutations des activités postales : Belgique, Bulgarie, Espagne, France et Royaume-Uni, est paru en 2020, chez OCTARÈS Éditions, dans la collection Le travail en débat – Série LEST. Sous la direction de Paul Bouffartigue et Jean Vandewattyne, l’ouvrage procède à une analyse de l’évolution du travail et du syndicalisme, en contexte de libéralisation du secteur des postes en Europe. Pour ce faire, l’ouvrage présente les résultats d’une recherche collective, réalisée par cinq équipes de sociologues, dans cinq pays de l’Union européenne (Belgique, Bulgarie, Espagne, France et Royaume-Uni). Dès l’introduction, les auteurs justifient le choix d’étudier le secteur des postes, et le métier de facteur. Ils soulignent, entre autres, que ce secteur est traditionnellement associé à l’administration publique, qu’il s’inscrit dans une longue histoire, qu’on y retrouve des valeurs fortes de service public et un taux de syndicalisation élevé. Le métier de facteur se caractérise par une organisation du travail particulière, découlant des exigences propres à ce service, ainsi que par une identité professionnelle forte. Or, ce secteur, et le métier de facteur, sont l’objet de changements importants. D’une part, la numérisation des échanges entraîne une diminution de l’activité de livraison des lettres, d’autre part, ce secteur est l’objet d’un processus de libéralisation. Ce sont donc tout autant ses caractéristiques traditionnelles que les changements importants subis qui font de ce secteur un cas d’analyse particulièrement pertinent. L’ouvrage est structuré autour de trois grandes séries de questions. La première concerne la nature des réformes visant la libéralisation du secteur de la poste. On cherche alors à mieux comprendre les objectifs des réformes, les moyens de leur mise en oeuvre, leurs effets et leurs résultats. La deuxième série de questions s’attarde à l’évolution des relations professionnelles dans le contexte de ces réformes. Un accent particulier est alors porté à l’acteur syndical, aux stratégies qu’il met de l’avant pour faire face aux réformes, ainsi qu’à ses résultats. Avec la troisième série de question, c’est le travail des facteurs, et son évolution, qui sont examinés. On se questionne sur le futur de ce métier, mais aussi, et surtout, sur l’évolution de la nature et des conditions d’exercice du travail des facteurs. Ces questions sont abordées de manière transversale dans la première partie de l’ouvrage. Celle-ci est composée de trois chapitres qui s’emploient à décrire et analyser les convergences et les divergences entre les cinq pays étudiés. Ces trois chapitres sont rédigés par Paul Bouffartigue, Esteban Martinez et Jean Vandewattyne. Dans le premier, les auteurs cherchent à saisir dans quelle mesure les projets de libéralisation se sont effectivement mis en oeuvre, en plus de vérifier si ceux-ci ont entraîné une consolidation ou un effacement des diversités nationales des secteurs postaux. Le deuxième chapitre s’intéresse plus spécifiquement aux relations professionnelles et aux stratégies syndicales. Dans tous les pays étudiés, la poste constitue un secteur avec une forte institutionnalisation de l’acteur syndical et des relations collectives de travail. Les taux de syndicalisation y sont plus élevés que les moyennes nationales, et l’acteur syndical bénéficie d’une grande légitimité. Or, ces organisations font toutes face à de fortes pressions pour contrer la dégradation de la qualité du travail et de l’emploi des travailleurs qu’ils représentent, et les stratégies à adopter pour ce faire ne sont pas évidentes. En effet, on retrouve d’abord de nombreuses organisations syndicales ayant des positions idéologiques diversifiées et prônant des modes d’action différents. Qui plus est, les réformes entrainent des modifications qui rendent difficile l’identification de revendications collectives et qui fragilisent la capacité de mobilisation. Même si on retrouve de nombreux conflits …