RecensionsBook Reviews

Mondialisation et recomposition des relations professionnelles, Sous la direction de François Aballéa et Arnaud Mias, Paris : Octarès Éditions, 2010, 339 p., ISBN : 978-2-9153-4682-4.[Notice]

  • Marc-Antonin Hennebert

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  • Marc-Antonin Hennebert
    HEC Montréal

Le présent ouvrage collectif est issu d’un colloque international qui s’est tenu à l’Université de Rouen les 19 et 20 juin 2008 sur le thème de la mondialisation et de ses effets sur les relations du travail et la représentation collective. Il réunit, dans un format « actes de congrès », les contributions de près de 40 chercheurs et universitaires, reconnus pour leurs travaux sur le sujet. L’objectif de l’ouvrage est de jeter un éclairage analytique sur les nouvelles dynamiques des relations du travail à l’ère de la mondialisation et de proposer « de nouvelles ouvertures théoriques et conceptuelles » (p. 2) de manière à rendre compte des transformations en cours. Globalement, cet ouvrage s’inscrit dans la lignée des développements qui ont cours depuis le milieu des années 1990 en relations industrielles et qui façonnent l’émergence d’un nouveau champ d’étude centré sur les nouvelles dynamiques de la régulation du travail. Dès leur introduction, Aballéa et Mias présentent d’ailleurs la mondialisation comme un phénomène qui met en scène des dynamiques interactives entre territoires confrontant les acteurs sociaux, non seulement à une diversification des lieux de la régulation sociale, mais également à la problématique de leur articulation. Rejetant l’idée d’une simple opposition entre acteurs nationaux et internationaux dans la conduite future de la régulation sociale, les auteurs soulignent avec justesse que les processus actuels de régulation prennent plutôt forme à travers une interaction complexe entre acteurs de natures diverses opérant à des niveaux multiples. Cette « structure multi-niveaux » (p. 3) se caractérise par une forme de « dé-hiérarchisation » et d’enchevêtrement des niveaux de régulation nous conduisant, comme les auteurs le soulignent, « vers des systèmes complexes, hybrides et différenciés de relations professionnelles » (p. 7) qui combineraient de manière flexible des mécanismes réglementaires nationaux et supranationaux. Le corps de cet ouvrage est divisé en quatre parties qui, chacune, intègre cinq à six contributions. Étant donné la multiplicité de ces contributions et la diversité de leurs objets d’étude, de leurs perspectives analytiques et de leurs conclusions, nous nous contenterons, dans la suite de cette recension, d’effectuer un bref résumé des principaux constats émergents de chacune de ces parties sans chercher à fournir un résumé exhaustif des quelques 24 textes structurant cet ouvrage collectif. La première partie est consacrée à l’étude de l’émergence de nouvelles normes contribuant à la régulation sociale des entreprises multinationales. Partant d’une analyse critique de la responsabilité sociale des entreprises, les principaux instruments et mécanismes de régulation développés au cours des dernières années sont présentés, dont les codes de conduites (contribution de Claude Didry), les accords-cadres internationaux (contribution de Michèle Descolonges) et les accords européens d’entreprise (contribution d’Isabel da Costa et Udo Rehfeldt). Dans plusieurs de ces contributions, une emphase particulière est également mise sur le rôle des comités d’entreprise européens dans le développement de la négociation collective transnationale (contributions d’Élodie Béthoux et d’Isabel da Costa et Udo Rehfeldt). Le texte de Violaine Delteil, Patrick Dieuaide et Guy Groux aborde aussi cet enjeu dans le cadre d’une réflexion plus large sur les pratiques de relations du travail mises en place par les entreprises françaises implantées dans les pays d’Europe centrale et orientale (PECO). En somme, cette section fait ressortir le manque d’encadrement institutionnel et le déficit de régulation formelle des relations du travail au sein des grandes entreprises multinationales. Elle démontre également que la réponse à ce défi ne réside pas dans une forme unique de régulation mais bien dans un amalgame de pratiques et de mécanismes actuellement en émergence et dont les complémentarités demeurent à être construites. Si certaines contributions présentent des perspectives différentes quant au potentiel …