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Healing Together : The Labor-Management Partnership at Kaiser Permanente Par Thomas A. Kochan, Adrienne E. Eaton, Robert B. McKersie et Paul S. Adler, Ithaca : ILR/Cornell University Press, 2009, 258 p., ISBN 978-0-8014-7546-7 (pbk); 978-0-8014-4798-3 (cloth).[Notice]

  • Paul-André Lapointe

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  • Paul-André Lapointe
    Université Laval

Cet ouvrage porte sur la plus grande, la plus complexe et la plus ambitieuse expérience de partenariat dans l’histoire du travail aux États-Unis. L’employeur, Kaiser Permanente (KP), représente la plus grande organisation de soins de santé (« Health Maintenance Organization ») aux États-Unis. En 2007, il employait 130 000 personnes, dont 100 000 étaient syndiquées. Du côté syndical, il s’agit d’une coalition de 27 syndicats représentant plus de 90 000 personnes oeuvrant dans toutes les catégories professionnelles dans le domaine de la santé, des infirmières aux employés de cafétéria. L’Union internationale des employés de services [« Service Employees International Union » (SEIU)] regroupe plus de la moitié des syndiqués membres de la coalition. Ce syndicat, à l’origine de la création de la fédération « Change to Win », regroupe des infirmières auxiliaires, des préposés aux bénéficiaires et du personnel de soutien (conciergerie, cafétéria et bureau) travaillant dans les hôpitaux. Ses dirigeants ont pris le leadership syndical au sein du partenariat. Les origines de ce partenariat remontent au milieu des années quatre-vingt-dix, au moment où l’entreprise était aux prises avec une crise financière importante, illustrée par un déficit annuel d’opération de quelque 250 millions de dollars. Des consultants embauchés pour aider l’entreprise à sortir de son marasme avaient recommandé une opération drastique de redressement axée sur la réduction des coûts de main-d’oeuvre, avec concessions salariales et coupures de poste. Tout était alors en place pour un scénario classique d’affrontement patronal-syndical avec la perspective d’un long conflit de travail. D’ailleurs, les syndicats regroupés en front commun travaillaient activement à la mobilisation de leurs membres en vue d’une éventuelle grève. Or, une rencontre au sommet entre les dirigeants de KP et de l’AFL-CIO changea le cours de l’histoire. Les recommandations des consultants furent rejetées par la direction de KP qui accepta d’explorer de nouvelles avenues en partenariat avec le SEIU et l’ensemble des autres syndicats présents dans l’entreprise, à l’exception du principal syndicat d’infirmières de Californie (« California Nurses Association »). La négociation d’un partenariat dura plus d’un an. En échange d’une implication accrue dans l’amélioration de la qualité des soins et dans la promotion de PK auprès du public (ce qui signifiait pour les syndicats de renoncer aux campagnes publiques de dénonciation de l’employeur), les syndicats obtinrent une participation aux décisions, de meilleures garanties d’emploi et la neutralité de l’employeur dans les campagnes d’organisation syndicale. L’entente de partenariat fut approuvée en avril 1997 par 90 % des syndiqués votants, avec un taux de participation de 70 %. Quatre ans plus tard, en 2001, l’équipe du MIT, qui réunit les auteurs de l’ouvrage, fut invitée à entreprendre une étude indépendante sur cette expérience de partenariat. Les chercheurs l’ont suivie pendant près de huit ans en ayant un accès élargi aux acteurs et aux données disponibles. Ce sont les résultats de cette recherche partenariale qui sont présentés dans cet ouvrage. Le lecteur y retrouve une présentation systématique et rigoureuse de la construction et de l’évolution du partenariat, au travers de ses tensions et contradictions et des compromis mis en place pour les surmonter. Bien plus qu’un dispositif assurant la paix dans les relations de travail, ce partenariat a permis d’améliorer la qualité des soins et la situation financière de l’entreprise. Il s’est également prolongé dans les domaines de l’organisation des soins et du travail. C’est ainsi qu’il a contribué à l’informatisation des dossiers des patients et qu’il a rendu possible l’introduction du travail d’équipe, deux innovations considérées comme essentielles dans le système de santé aux États-Unis. Avec force statistiques, provenant tant d’organismes publics de surveillance de la qualité des soins, des bilans financiers de …