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GRH et genre : les défis de l’égalité hommes-femmes, Sous la direction d’Annie Cornet, Jacqueline Laufer et Sophia Belghiti-Mahut, Paris : Vuilbert Éditeur, 2008, 245 p., ISBN 2-7117-6934-8.[Notice]

  • Hédia Zannad

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  • Hédia Zannad
    Groupe ESC Rouen

L'ouvrage vise à faire un point, explorer de nouvelles perspectives et, parfois, avancer des pistes de progrès concernant le thème de l'égalité hommes-femmes en France et dans le monde. Il est découpé en douze chapitres indépendants, écrits ou coécrits par des chercheurs provenant d'universités francophones – France, Canada, Belgique. Avant de commenter cet ouvrage, nous le résumerons chapitre par chapitre, afin de respecter la démarche et le point de vue adopté par les 18 chercheurs impliqués dans sa rédaction. Le premier chapitre aborde le lien entre genre et marché du travail. Les données statistiques montrent que le marché de l'emploi se féminise mais qu'il subsiste des inégalités, liées notamment au temps partiel, à la ségrégation de l'emploi et à la socialisation sexuée qui a un impact fort sur l'orientation de filière des étudiants (les femmes investissent la littérature, l'art, les sciences sociales et la santé mais restent minoritaires en sciences appliquées et en informatique). En 2005, le taux d'activité des femmes en âge de travailler se situait à un niveau comparable entre la France, le Canada et la Belgique (64, 61,8 et 59,5 %), environ 11 points en dessous de celui des hommes dans chacun de ces pays. Le second chapitre s'intéresse aux progrès de l'égalité professionnelle sur le plan juridique en France. Ces progrès ont été facilités par deux lois : celle qui renforce le principe d'égalité des droits en matière d'embauche, de promotion, de rémunération, de formation (1983) et celle qui instaure le principe d'égalité de traitement visant tous les processus concrets, formels et informels, sociologiques ou psychologiques facilitant l'insertion des femmes sur le marché du travail (1976). Néanmoins, les politiques mises en oeuvre dans les entreprises demeurent sous dimensionnées et l'impact des accords d'égalité professionnelle sur les écarts de salaire ou la concentration des femmes dans des emplois peu qualifiés reste faible. Le troisième chapitre étudie le genre dans le recrutement. Les études indiquent que les femmes réussissent d'autant mieux leur insertion professionnelle qu'elles sont diplômées mais qu'elles sont surdiplômées pour l'emploi occupé. En outre, alors qu'elles réussissent mieux dans leur parcours scolaire, elles reçoivent des appréciations moins positives et sont jugées capables d'évoluer moins vite que les hommes sur un poste donné, ce qui explique leurs difficultés à accéder au statut de cadre. Enfin, la beauté favorise davantage les hommes que les femmes, quel que soit leur niveau hiérarchique. Le quatrième chapitre traite de la question des emplois peu qualifiés. Les femmes représentent 45 % de la population active, mais occupent 61 % des emplois non qualifiés. Si, dans le passé, la population non qualifiée était majoritairement ouvrière, masculine et industrielle, elle est aujourd'hui employée, féminine et tertiaire. Ici, l'auteur s'appuie sur des recherches originales qui portent leur attention non plus sur les différences observées mais sur la logique d'action sous-jacente, les ruptures biographiques et les institutions qui modèlent les pratiques sociales. De fait, si les hommes et les femmes ont la même probabilité d'occuper un emploi non qualifié pour les niveaux de qualification supérieure, l'écart se creuse après le niveau IV. Ainsi, deux univers professionnels féminins cohabitent depuis une dizaine d'années : la qualification et la stabilisation dans des bonnes conditions d'emploi et la déqualification et la précarisation des conditions d'emploi, avec un risque d'enfermement dans la non-qualification. Le temps partiel est choisi dans le premier cas, contraint dans le second. Il permet aux entreprises de limiter le recours à l'intérim ou au CDD et écarte systématiquement les salariés de toute action de formation continue, notamment dans le secteur des services émergents où les compétences relationnelles sont considérées comme naturelles et féminines alors qu'elles sont …