Résumés
Abstract
As the global economy undergoes a major transformation, the inadequacy of labour relations theories dating back to Fordism, especially the systemic analysis model (Dunlop, 1958) and the strategic model (Kochan, Katz and McKersie, 1986), in which only three actors—union, employer and State—share the stage is becoming increasingly obvious. A good example is provided by companies offering information technology services to businesses, where new means of regulation emerge and illustrate the need to incorporate new actors and new issues if we are to account for its contemporary complexity. A survey of 88 professionals has revealed regulation practices that call into question the traditional boundaries of the industrial relations system from two points of view: that of the three main actors, by bringing the customer and work teams onto the stage, and that of the distinction between the contexts and the system itself.
Résumé
Dans le contexte d’une grande transformation de l’économie mondiale, on constate de plus en plus l’inadéquation des efforts de théorisation des relations du travail qui datent du fordisme, notamment du modèle d’analyse systémique (Dunlop, 1958) comme du modèle stratégique (Kochan, Katz et McKersie, 1986), en vertu duquel trois acteurs se partagent exclusivement la scène de l’action, c’est-à-dire les syndicats, les employeurs et l’État, dont les interactions se déroulent essentiellement dans le cadre de l’État-nation.
De ce contexte où émergent de nouveaux acteurs dont le poids n’est pas négligeable en relations du travail, les entreprises de services technologiques aux entreprises fournissent un bon exemple, car elles sont très exposées à la concurrence internationale en concourant à la fois sur un marché du produit et du travail international. De ce fait, on y observe de nouveaux modes de régulation émergents qui, à leur tour, illustrent la nécessité d’intégrer de nouveaux acteurs et de nouveaux enjeux aux modèles théoriques du système de relations industrielles, si on veut rendre compte de sa complexité contemporaine. Pour démontrer la présence d’acteurs tout aussi importants que méconnus dans les relations du travail de ce secteur, les auteurs reprennent la définition de l’acteur en relations industrielles de Bellemare (2000) et ses conséquences sur la définition des frontières des systèmes de relations industrielles.
Une enquête a été menée auprès de 88 professionnels de l’informatique des entreprises de services technologiques aux entreprises, dans une population composée à parts égales d’hommes et de femmes. Elle a permis d’y relever des pratiques de régulation qui non seulement remettent en cause les termes traditionnels de la régulation fordiste qui, hier encore, dominaient les bureaucraties professionnelles où on employait les professionnels de l’informatique, mais encore les frontières traditionnelles du système de relations industrielles selon deux aspects. Le premier aspect concerne les trois acteurs principaux: les employeurs, les travailleurs et l’État, par l’ajout du client et des équipes de travail. Le second a trait à la séparation entre les contextes du système de relations industrielles et ce système lui-même.
Les moyens du client sont nombreux, son action a une portée, une continuité ou constance, ainsi que des résultats indéniables. On ne parle plus de changements obtenus par son action, car c’est un mode d’organisation du travail entier qui émerge sous son influence. Ces résultats sont clairement liés à son action : il commande et on obéit, tant les employés que les équipes, les chefs de projet, et la direction qui approuve la teneur des contrats aux conditions posées par le client.
Ce cas, comme celui des usagers du transport en commun urbain documenté par Bellemare (2000), montre que ce qui aurait traditionnellement été considéré comme une variable exogène du contexte du système de relations industrielles doit parfois être analysé comme l’émergence de nouveaux acteurs en relations industrielles et que le système, au lieu d’être déterminé par un marché exogène est en fait pénétré de l’intérieur par celui-ci dans certaines situations. Par leur action, ces acteurs influent tant directement qu’indirectement les rapports sociaux du travail.
Ce cas illustre aussi que les rapports interentreprises sont l’un des enjeux de ces rapports sociaux. Historiquement, ces rapports interentreprises s’analysaient avec des catégories telles que les fusions, les acquisitions, les alliances stratégiques, etc. Le développement de ce que certains appellent l’entreprise post-bureaucratique ou l’entreprise en réseau semble poser en termes nouveaux la question des relations interentreprises. À titre de piste de recherche, ce mode de relation déplace l’objet des rapports de force interentreprises des formes juridiques de propriété et de contrats aux négociations des frontières sociales, ou informelles, des entreprises. Certaines, mal placées dans cette relation de pouvoir, voient envahir les frontières de leur entreprise prestataire de service, comme dans les cas étudiés ici, alors que d’autres préservent mieux les leurs. L’enjeu ici est la réduction des coûts ou une plus grande protection contre les risques de la relation contractuelle dans le cadre de produits et services peu uniformisés a priori.
Resumen
A medida que la economía global conduce a una transformación mayor, la inadecuación de las teorías de relaciones industriales deviene cada vez más obvio; dichas teorías que datan de la época del fordismo, especialmente el modelo de análisis sistemático (Dunlop, 1958) y el modelo estratégico (Kochan, Katz y McKersie, 1986) que consideran solamente tres actores, el sindicato, el empleador y el estado. Un buen ejemplo es el de las compañías que ofrecen servicios de tecnología de la información a las empresas (servicios B2B IT), donde nuevos medios de regulación emergen e ilustran la necesidad de incorporar nuevos actores y nuevas perspectivas si se quiere dar cuenta de su complejidad contemporánea. Una encuesta con los profesionales de 88 B2B IT ha revelado practicas de regulación que cuestionan las fronteras tradicionales del sistema de relaciones industriales desde dos puntos de vista: de un lado, la premisa de tres actores principales, al dar un lugar de expresión a los clientes y a los equipos de trabajadores y de otro lado, la distinción entre los contextos y el sistema en sí mismo.
Parties annexes
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