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De la conciliation emploi-famille à une politique des temps sociaux, publié sous la direction de Diane-Gabrielle Tremblay, Québec : Presses de l’Université du Québec, 2005, 291 p., ISBN 2-7605-1385-8.[Notice]

  • Jens Thoemmes

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  • Jens Thoemmes
    Université de Toulouse-le-Mirail

Le livre coordonné par Diane-Gabrielle Tremblay porte sur un thème d’actualité, intéressant autant les politiques publiques, les entreprises et les salariés. En effet, la compatibilité entre les temps professionnels, les temps familiaux et personnels s’avèrent d’être une préoccupation majeure de la vie quotidienne dans les pays industrialisés, terrain privilégié des recherches présentées dans cet ouvrage. Quels sont les chemins que les auteurs ont parcouru pour aborder le problème de la conciliation emploi-famille ? L’ouvrage est structuré en quatre parties. La première partie, intitulée « les enjeux » met l’accent sur la difficile conciliation entre les temps sociaux (Dominique Méda) rendant difficile la gestion des temps, mais aussi l’accès à l’emploi et la construction des carrières des femmes. Plusieurs solutions pourront être envisagées : le développement des modes de garde des enfants, la gestion concertée du temps des villes, la réduction de la durée du travail, un aménagement négocié des horaires de travail, et l’incitation des hommes à prendre leur part de responsabilités familiales. La seconde contribution (Gilbert de Terssac et Anne Flautre) continue cette réflexion sur la réduction de la durée du travail en s’interrogeant sur cette opportunité de remettre en cause la division sexuelle du travail et de rapprocher les deux sexes. Ce rapprochement pourrait s’opérer dans le travail professionnel, dans la sphère privée, mais encore dans une troisième sphère d’un « temps apprivoisé », permettant la redécouverte d’un temps non contraint. Ce rapprochement des sexes n’équivaut pourtant pas à un effacement de la division en genres (Francine Descarries et Christine Corbeil). L’enjeu de connaissance porterait sur l’adoption d’un modèle d’analyse qui tient compte de la nature sexuée de la réalité en observation, des tensions et des recouvrements entre les univers familial et professionnel et de la diversité de besoin des « conciliatrices » et des « conciliateurs ». Ces besoins concernent aussi la santé. Dans le cadre d’un bilan de la littérature sur les impacts de la conciliation emploi-famille sur la santé (Nathalie St-Amour) nous apprenons de ses incidences sur la santé mentale et physique et sur les conséquences pour la vie conjugale et familiale. C’est la course contre la montre, responsable des principaux effets négatifs sur la santé des individus. Le cas des femmes immigrées au Québec (Natacha Normand et Diane-Gabrielle Tremblay) met en valeur la construction de divers indicateurs pour mesurer les possibilités de conciliation : la division des rôles, le problème de garde, la gestion du temps, les facteurs de réussite, la stratégie du couple, le travail autonome, le profil personnel et l’apport du conjoint constituent les principaux indicateurs de cette analyse. La première partie est alors clôturée par une interrogation des temps parentaux et en particulier des possibilités de l’aménagement du temps, comme projet global et coordonné par les instances politiques et administratives (Gilles Pronovost). La question d’un temps choisi reste d’actualité, dans le cadre d’avancées timides vers une meilleure compatibilité des temps sociaux, mais aussi dans le contexte d’une précarité grandissante. La seconde partie s’interroge sur le rôle des institutions, du gouvernement, des entreprises et des syndicats. D’abord, l’ouvrage enquête sur les raisons pour lesquelles les entreprises mettent en place des mesures de conciliation emploi-famille (Hélène Lee-Gosselin). Alors que la rationalité économique et la responsabilité sociale poussent les entreprises à mettre en place des dispositifs de conciliation, une lecture plus détaillée de ces dispositifs montre que ceux-ci ne dépassent que rarement le minimum exigé par la loi, ne sont proposés qu’aux employés clés de l’entreprise, ne font pas l’objet d’une réelle évaluation périodique, et produisent souvent des conséquences négatives sur la vie professionnelle. La pertinence des politiques gouvernementales et des actions spécifiques visant …