Résumés
Abstract
This paper examines the variability of workers’ earnings in Canada over the period 1982‑1997. Using a large panel of tax file data, we decompose total variation in earnings across workers and time into a long-run inequality component between workers and an average earnings instability component over time for workers. We find an increase in earnings variability between 1982‑89 and 1990‑97 that is largely confined to men and largely driven by widening long-run earnings inequality. Second, the pattern of unemployment rate and GDP growth rate effects on these variance components is not consistent with conventional explanations and is suggestive of an alternative paradigm of how economic growth over this period widens long-run earnings inequality. Third, when unemployment rate and GDP growth rate effects are considered jointly, macroeconomic improvement is found to reduce the overall variability of earnings as the reduction in earnings instability outweighs the widening of long-run earnings inequality.
Résumé
Le marché du travail canadien, au cours des décennies 1980 et 1990, a connu de nombreux changements eu égard à la structure commerciale, à la technologie de production, aux aménagements atypiques du travail, aux fluctuations démographiques, à la vulnérabilité des travailleurs, pour ne nommer que ceux-là. Cet essai analyse le caractère variable de la rémunération des travailleurs canadiens au cours de la période 1982 et 1997 et l’ampleur de ces variations en termes d’indicateurs macroéconomiques, du taux de chômage et du taux de croissance du PIB au cours de cette période. Nous reprenons les explications habituelles des changements cycliques au plan de l’inégalité de la rémunération avec l’éclairage de ces changements caractérisés au sein du marché du travail canadien.
Notre essai fait appel à un large éventail de données de l’impôt sur le revenu provenant de la banque de Données administratives longitudinales (DAL) de Statistique Canada au cours de la période 1982–1997 et utilise une méthodologie de ventilation d’écarts de la variation totale des gains entre les travailleurs au cours de la période pour en dégager une composante permanente et de longue période entre les travailleurs et une composante transitoire ou d’instabilité des gains dans le temps chez les travailleurs. Ces trois mesures de variabilité sont toutes converties en une fonction des indicateurs macroéconomiques identifiés plus haut par une régression multivariée. Jusqu’ici, dans les écrits sur le sujet, les modèles de variance dans les configurations de gains faisaient appel aux techniques structurelles de séries temporelles. Ces dernières exigent une période de temps d’une longueur homogène au plan des gains. Par conséquent, ces études ont ciblé seulement les travailleurs masculins dans la force de l’âge entretenant un lien étroit avec le marché du travail. Cet essai s’en tient à une approche plus descriptive de l’ordre de séries a-temporelles dont font état Gottschalk et Moffitt (1994). Ceci permet de présenter une analyse empirique pour les femmes aussi bien que pour les hommes et pour un échantillon plus large de travailleurs.
Des prélèvements larges et étroits de données pour les hommes et les femmes séparément sont regroupés à l’intérieur de deux sous-périodes (1982–1989 et 1990–1997), en quatre groupes d’âge et pour six régions géographiques, ce qui donne 48 sous-échantillons. Dans chacun des cas ainsi constitué, on a calculé et analysé la variance totale des gains annuels des travailleurs et de leurs deux composantes (instabilité et inégalité des gains de longue période). Ces trois mesures de la variance sont retenues à titre de variables dépendantes dans les équations de régression, qui incluent des contrôles pour le glissement dans le temps entre les décennies et pour les différences d’âge et de région. Les différences dans le temps et par région permettent l’identification d’un taux de chômage distinct et l’évaluation des effets du taux de croissance du produit intérieur brut. Les résultats clés sont présentés dans les tableaux 4 à 6 et le tableau-résumé 2 du texte principal.
Plusieurs conclusions se dégagent de l’étude. Premièrement, une simple constatation aussi bien qu’une analyse de régression indiquent un accroissement de la variabilité de l’ensemble des gains des travailleurs au passage d’une période à une autre, surtout chez les hommes. On a déjà fait de telles observations dans des études antérieures tant au Canada qu’aux États-Unis. Cependant, la majeure partie de l’accroissement dans la variabilité des gains, en particulier chez les hommes, pouvait être attribuée à l’ampleur croissante de l’inégalité des gains en longue période. Chez l’échantillon plus vaste des hommes sur le marché du travail, les augmentations de la variabilité des gains de longue période représentaient entre 59 et 134 pourcent de la variabilité la plus élevée des gains, alors que, dans l’échantillon des hommes occupant des emplois permanents, elles rendaient compte de presque toutes les augmentations. L’instabilité des gains accrue jouait effectivement un rôle secondaire dans l’ensemble de l’augmentation des gains des hommes. Par contre, chez les femmes, le changement était à peine perceptible ou encore, dans le cas d’un même groupe d’âge, il contribuait à réduire l’ensemble de la variabilité des gains. En bout de ligne, le décalage des variances de gains entre les femmes et les hommes s’est remarquablement estompé.
Deuxièmement, tant les taux de chômage que les taux de croissance du produit intérieur brut exercent un impact statistiquement significatif sur la variabilité totale des gains et ses composantes. Là encore, le taux de chômage crée des effets plus prononcés quand on le considère en termes d’élasticité. Le profil de l’impact du taux de chômage et de celui de l’accroissement du PIB sur l’instabilité des gains corroborent les arguments conventionnels du jeu du marché du travail cyclique à l’effet que le chômage et l’instabilité des gains croissent au cours des récessions ou les périodes de croissance lente et entrent de nouveau dans un déclin au moment des détentes subséquentes associées à des marchés du travail plus serrés. Cependant, l’effet anticipé du taux croissance sur l’inégalité de gains en longue période ne cadre aucunement avec les raisonnements habituels. Il est plutôt compatible avec le paradigme alternatif qui veut que la croissance économique récente soit associée aux efforts de restructuration économique et de réaménagement des lieux de travail. Ces efforts se veulent une réponse aux changements dans la production des biens et aux changements technologiques liés à l’économie du savoir, au moment où ces mêmes changements contribuent à intensifier l’inégalité des gains sur le marché du travail. L’effet positif du taux de croissance apparaît plus prononcé chez les travailleurs dans des emplois permanents et moins chez ceux qui occupent une position marginale sur le marché du travail. Ceci nous amène à croire que la présente révision fédérale des normes du travail et de l’emploi du Code canadien du travail, pilotée par Harry Arthurs, devrait se pencher plus particulièrement sur les effets de la restructuration et des aménagements des lieux de travail sur les travailleurs, ceux qui occupent des emplois permanents et dont la situation crée un élargissement constant de l’inégalité au sein de la force de travail.
Resumen
Este documento examina la variabilidad de los ingresos de trabajadores en Canadá durante el periodo 1982-1997. Utilizando una amplia lista de ficheros de datos fiscales, descomponemos la variación total en los ingresos, entre trabajadores y a través del tiempo, en un componente de desigualdad de largo plazo entre trabajadores y un componente de inestabilidad del ingreso promedio de los trabajadores a lo largo del periodo. Encontramos un incremento en la variabilidad de los ingresos entre los periodos 1982-89 y 1990-97, esencialemente restringido a los hombres y principalmente ocasionado por la ampliación de la desigualdad de largo plazo en los ingresos. Segundo, la tendencia de la tasa de desempleo y los efectos de la creciente tasa de GDP sobre esos componentes de variación no son consistentes con las explicaciones convencionales y sugieren un paradigma alternativo para explicar cómo el crecimiento económico en ese periodo amplía la desigualdad de largo tiempo en los ingresos. Tercero, cuando la tasa de desempleo y los efectos de la creciente tasa de GDP son considerados conjuntamente, la mejora macroeconomica se revela como un reductor de la variabilidad general de los ingresos mientras que la reducción de la inestabilidad de los ingresos pesa más que la ampliación de la desigualdad de largo plazo en los ingresos.
Parties annexes
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