RecensionsBook Reviews

Les stratégies des ressources humaines, 3e édition par Bernard Gazier, Paris : Éditions La Découverte, 2004, 122 pages, ISBN 2-7071-4389-8.[Notice]

  • François Bernard Malo

…plus d’informations

  • François Bernard Malo
    Université Laval

La troisième édition de l’ouvrage de Bernard Gazier, intitulé Les stratégies des ressources humaines, est décidément un incontournable pour qui souhaite approfondir sa compréhension de la GRH. Structuré autour de six chapitres, comptant chacun entre deux et trois sections de moins d’une dizaine de pages, le propos de l’auteur est d’une clarté, d’une concision et d’un souci d’objectivité qui font trop souvent défaut. Loin des rhétoriques normatives, l’exposé de Gazier est savamment critique et sait presque toujours prendre le recul nécessaire pour rendre compte de la réalité d’une façon traduisant la prise en compte simultanée de plusieurs points de vue. À l’intérieur du premier chapitre, intitulé « Les ressources humaines, de la gestion aux stratégies », le lecteur trouvera deux sections : « Outils et pratiques de la gestion des ressources humaines » et « La montée en puissance des ressources humaines ». Après avoir bien expliqué que l’un des « malheurs » de la GRH est d’être un champ de la gestion comptant parmi les plus éclatés qui soient, Gazier nous explique comment le domaine de la GRH ne peut pas être compris sans la prise en compte de la trilogie inévitable des logiques mettant aux prises les trois acteurs classiques que sont les employeurs, les employés et l’État. Après quelques pages historiques où Gazier refait l’histoire du développement de la fonction RH, il nous rappelle que depuis la fin des « trente glorieuses » la majorité des organisations sont aux prises avec deux choix fréquents parfois retenus simultanément pour diverses catégories de leur personnel : le rejet des salariés considérés excédentaires associé bien souvent à la précarisation de l’emploi restant et divers efforts de flexibilisation interne allant de la modulation des horaires de travail et des rémunérations à l’accroissement des qualifications et la recherche d’innovations. Il conclut finalement son premier chapitre en écrivant : « il existe un écart considérable entre les espoirs ou les prescriptions en faveur de l’investissement dans l’homme, et les pratiques des entreprises » (p. 21). « Vers l’analyse stratégique des ressources humaines » est le titre de son deuxième chapitre dont la première section, titrée « Stratégies générales et stratégies des ressources humaines : quelques clarifications », compte parmi les passages les plus savoureux de l’ouvrage. Expliquant la notion de stratégie, Gazier note tout d’abord que le terme a été considérablement galvaudé à partir du début des années 1980. En dépit de quelques dérives conceptuelles débouchant parfois sur diverses prescriptions aux allures miraculeuses, Gazier nous stipule que l’idée centrale reste intéressante : celle de l’alignement nécessaire des diverses pratiques, aussi bien entre elles qu’avec la stratégie globale de l’organisation. La deuxième section de ce deuxième chapitre est pour sa part intitulée « Combiner l’économie du travail et l’économie des organisations ». Se basant sur un exemple ancien, l’auteur nous explique comment toute activité de GRH part nécessairement d’une analyse fine du marché du travail pour ensuite déboucher, notamment, sur un ensemble plus ou moins cohérent de pratiques de dotation et de rémunération. Abordant successivement le mécanisme de l’offre et de la demande de travail, le pouvoir des insiders auquel peut être associée la théorie du capital humain, la théorie des marchés internes et la thèse du « dualisme du marché du travail », la circulation de l’information à laquelle peuvent être associées les différentes configurations organisationnelles de Mintzberg et les firmes « A » et « J » d’Aoki, Bernard Gazier nous rappelle que, sans l’apport de l’économie du travail et de l’économie des organisations, le champ de la gestion stratégique des ressources humaines serait théoriquement bien pauvre. Le troisième chapitre de …