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Initiation à la négociation collective par Jean Sexton, Québec : Presses de l’Université Laval, 2001, 157 p., ISBN 2-7637-7840-2.[Notice]

  • Reynald Bourque

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  • Reynald Bourque
    Université de Montréal

Cet ouvrage a pour objectif de « présenter les premiers éléments, les valeurs, les principes de base, les postulats et les principales composantes de la négociation collective pour en comprendre le rôle et la nature » (p. 1). L’auteur précise d’emblée que l’ouvrage ne constitue ni une analyse du processus de la négociation collective, ni un livre de recettes sur les stratégies et les tactiques du bon négociateur. De plus, il limite son analyse au secteur privé de l’économie, car il considère que la négociation collective dans le secteur public s’inscrit dans une logique politique plutôt qu’économique, et qu’elle devrait faire l’objet d’un ouvrage distinct. L’auteur a structuré son initiation à la négociation collective en sept chapitres. Le premier chapitre présente la négociation comme un processus humain « naturel » pour régler un désaccord ou un conflit par le compromis. Puisant largement dans l’ouvrage de Christian Thuderoz, Négociations, paru aux PUF en 2000, il examine ensuite les principaux motifs qui incitent les individus et les organisations à négocier plutôt qu’à engager un conflit pour régler une mésentente : coût économique, social ou psychologique inférieur, interdépendance des protagonistes, équilibre relatif du rapport de force, valorisation sociale de la négociation. Le chapitre suivant est consacré aux caractéristiques de la négociation collective, qui est selon l’auteur le corollaire de l’action syndicale en vue de l’amélioration des conditions de travail. Elle repose sur des postulats et des valeurs partagés par les parties, notamment la liberté de propriété et de commerce, la liberté contractuelle de laquelle découle le droit d’association et de négociation, l’équilibre relatif du rapport de force, et la recherche de solutions pratiques aux problèmes survenant dans les milieux de travail. Outre les organisations patronales et syndicales, l’État joue un rôle important dans les négociations collectives du secteur privé, principalement à titre de législateur. L’auteur souligne également l’émergence de nouveaux acteurs de la négociation collective, notamment les consultants et le public. Enfin, il attribue à la négociation trois types d’objectifs : économiques (rentabilité économique de l’entreprise et répartition de la richesse), sociaux (justice sociale, démocratie industrielle), et fonctionnels (protection collective, équité, stabilité de la main-d’oeuvre et maintien de l’ordre social). Le chapitre 3 pose les jalons d’une analyse du pouvoir de négociation. L’auteur passe en revue les principales approches du pouvoir de négociation en distinguant les modèles économiques centrés sur les négociations salariales, et les modèles mixtes qui s’intéressent aux facteurs économiques, sociaux et psychologiques qui influencent les processus de la négociation. À la lumière de ces modèles, il identifie cinq catégories de facteurs pouvant influencer le pouvoir de négociation. Les facteurs financiers concernent tout autant la santé financière et la structure de l’entreprise que les ressources dont disposent les salariés en cas de conflit de travail. Les facteurs économiques ont trait aux conditions des marchés des produits et du travail, tels que l’élasticité de la demande du produit, la facilité de substitution des facteurs de production, l’importance de la main-d’oeuvre dans les coûts totaux de production, le taux de chômage et la rareté des compétences. Les facteurs psychologiques et comportementaux retenus par l’auteur sont la personnalité, la réputation, la représentativité, l’image de soi et le niveau d’aspiration des négociateurs. Les facteurs sociopolitiques renvoient aux politiques gouvernementales et à l’influence de l’opinion publique sur la négociation. Enfin, l’auteur souligne l’impact de certains facteurs résiduels tels que les conditions de température saisonnières, l’occurrence d’un événement majeur, et le moment de l’expiration d’une convention collective sur le pouvoir de négociation des parties. Le chapitre suivant, qui traite des structures de négociation, recoupe pour l’essentiel le contenu du chapitre 18 de l’ouvrage de Gérard Hébert, …