Résumés
Summary
This article uses time-series data from two aluminium plants from Canada and the U.K. to analyze the social relations of productivity. The eventual turn to teamwork reflected, not hard evidence that productivity change had dried up, but a belief that they were the next step towards further improvement. By considering the structure of social relations over time in each smelter, we contribute to ongoing debates on the complex connections between productivity growth and organizational innovation. On the basis of direct observation and interviews, the article also reveals some of the social dynamics generating productivity growth and describes the development of idiosyncratic competencies. It stresses how the development of teamwork was historically in line with the productive ethos that had developed over time under continuous process technology.
Résumé
Cet article, basé sur une étude empirique dans deux alumineries de la société Alcan, se situe dans le courant de recherche sur les équipes de travail et sur les « systèmes de travail à haute performance ». Il se démarque cependant des approches orthodoxes du point de vue de la méthodologie en s’appuyant à la fois sur une série de données longitudinales et sur une étude de terrain en profondeur. Il vise ainsi comprendre l’évolution de la productivité et des rapports sociaux dans chacune des usines sur une longue période. En considérant aussi l’effet de la technologie et la nature du travail, il est possible de mettre en lumière certaines des raisons qui sous-tendent les changements apportés à l’organisation du travail et d’apporter une contribution sur le plan théorique.
Il est possible de considérer à la fois l’évolution de la productivité et celle des rapports sociaux de travail en s’appuyant sur deux techniques de recherche complémentaires. L’analyse s’appuie d’abord sur une série complète de données sur la performance des usines Isle-Maligne et Lynemouth sur une période 20 ans, soit de 1973 à 1992. Ces données sont celles qui furent transmises au siège social par chacune des usines, à chaque mois. L’accès à de telles séries de données est assez rare et le texte précise les possibilités et les limites de celles-ci pour les fins de la recherche. Dans cet article, l’analyse porte sur les deux mesures les plus pertinentes pour évaluer la productivité du travail. L’interprétation de ces données est favorisée par une étude de terrain en profondeur dans chacune des alumineries, suivant une approche ethnographique basée sur l’observation directe du travail et différents types d’entrevues auprès de toutes les strates sociales dans l’organisation. Notamment, l’un des auteurs a effectué 40 jours de terrain en 1992–93 dans l’usine située dans la région du Lac-Saint-Jean, maintenant remplacée par une aluminerie moderne, et des entrevues de suivi ont aussi été réalisées au cours des années suivantes.
Le texte est structuré autour de deux questions complémentaires. Il vise premièrement à cerner les conditions objectives ayant incité la direction de chacune des alumineries à implanter des équipes de travail. Les données longitudinales montrent que la croissance de productivité fut considérable durant la majeure partie des années 1980 mais qu’elle eut tendance à perdre son rythme durant les années précédant l’implantation des équipes. Cet épuisement de la croissance de productivité, ainsi que l’intensification de la concurrence sur le marché mondial de l’aluminium de première fusion, incitèrent la gestion à innover au point de vue organisationnel. Comme ces deux usines n’étaient pas à la fine pointe sur le plan technologique, il s’agissait de pousser à la limite les possibilités des équipements en opération eu égard à l’efficience.
Cette analyse conduit à la seconde question de recherche, qui a trait au développement des qualifications tacites et des compétences spécifiques à ce type de travail. Dans les deux cas, une main-d’oeuvre ayant acquis beaucoup d’ancienneté montrait une capacité et une volonté de travailler de façon plus autonome, en mettant à profit leurs connaissances du métier. Tant dans l’aluminerie située au nord de l’Angleterre que dans celle située au Québec, cette conscience et cette fierté de producteurs favorisaient la prise en charge collective de l’activité de production. Toutefois, cette capacité d’autorégulation ne signifie pas pour autant que la division sociale entre les salariés et la direction soit atténuée. Au contraire, une indépendance bien sentie des salariés et de leur syndicat à l’égard des gestionnaires constitue un autre trait marquant de la conscience ouvrière dans les deux cas. Cette indépendance représente justement une autre condition pouvant conduire à des formes plus autonomes d’organisation du travail.
Bien que l’implantation des équipes de travail ait rencontré certaines difficultés, surtout dans le cas de l’usine québécoise où ce développement allait à l’encontre d’une autre logique bien intériorisée, celle du marché interne, cet article met en lumière la continuité historique entre l’organisation traditionnelle du travail dans ce secteur et la conception moderne des équipes de travail. L’autonomie au travail et la cohésion sociale étaient là bien avant la réflexion du management sur les équipes de travail. Une telle continuité paraît favorable à plusieurs égards, dont celui de l’efficience organisationnelle. De façon plus générale, cette étude suggère que le management a souvent avantage à concevoir et à adopter des innovations qui vont dans le sens de l’histoire, celle de l’organisation concernée, plutôt qu’à rechercher des solutions universelles ou des modes de gestion qui sont contraires à l’évolution des rapports sociaux.
Resumen
Este artículo utiliza los datos de ciclos de tiempo provenientes de dos plantas de aluminio situadas en Canadá y Reino Unido con el fin de analizar las relaciones de productividad. La conversión al trabajo en equipos no mostró gran evidencia de estancamiento de productividad sino mas bien la idea que los equipos fueron un paso adelante hacia mejoras adicionales. Considerando cómo las relaciones sociales estructuran el tiempo en cada fundición, nuestra investigación contribuye al debate en curso sobre las conexiones complejas entre el crecimiento de la productividad y la innovación organizacional. Sobre la base de la observación directa y de entrevistas, el artículo revela también en parte las dinamicas sociales que generan el crecimiento de la productividad y describe el desarrollo de competencias idiosincraticas. Esto muestra como el desarrollo del equipo de trabajo se encuentra en continuidad historica con el ethos productivo que se ha desarrollado a través del tiempo con la tecnología de proceso continuo.
Parties annexes
References
- Appelbaum, Eileen, Thomas Bailey, Peter Berg and Arne L. Kalleberg. 2000. Manufacturing Advantage. Ithaca: Cornell University Press.
- Becker, Brian E., and Barry Gerhart. 1996. “The Impact of HRM on Organizational Performance: Progress and Prospects.” Academy of Management Journal, Vol. 39, 779–801.
- Becker, Brian E., Mark A. Huselid, Peter S. Pickus and Michael F. Spratt. 1997. “HR as a Source of Shareholder Value: Research and Recommendations.” Human Resource Management, Vol. 36, 39–47.
- Bélanger, Jacques. 1999. “Alcan: Market Pressure and Decentralization of Labour Regulation.” Contract and Commitment. Anil Verma and Richard P. Chaykowski, eds. Kingston, Ont.: IRC Press, 113–136.
- Bélanger, Jacques. 2001. “Autorégulation du travail et division sociale: observation dans une aluminerie québécoise.” Sociologie du travail, Vol. 43, 159–177.
- Bélanger, Jacques, and Martin Dumas. 1998. “Teamwork and Internal Labour Markets: A Study of a Canadian Aluminium Smelter.” Economic and Industrial Democracy, Vol. 19, No. 3, 417–442.
- Beynon, Huw. 1973. Working for Ford. Harmondsworth: Penguin.
- Cappelli, Peter et al. 1997. Change at Work. New York: Oxford University Press.
- Clark, Kim B. 1981. “The Impact of Unionization on Productivity: a Case Study.” Industrial and Labor Relations Review, Vol. 33, 451–469.
- Crouch, Colin, and Wolfgang Streeck. 1997. “Introduction.” Political Economy of Modern Capitalism. Colin Crouch and Wolfgang Streeck, eds. London: Sage, 1–18.
- Cully, Mark et al. 1999. Britain at Work. London: Routledge.
- Edwards, P. K., and Hugh Scullion. 1982. The Social Organization of Industrial Conflict. Oxford: Blackwell.
- Elbaum, Bernard, and William Lazonick, eds. 1986. The Decline of the British Economy. Clarendon: Oxford.
- Elger, Tony. 1990. “Technical Innovation and Work Reorganization in British Manufacturing in the 1980s.” Work, Employment and Society, additional special issue, May, 4, 67–102.
- Freeman, Richard B., and James L. Medoff. 1984. What Do Unions Do? New York: Basic Books.
- Geary, John F., and Anthony Dobbins. 2001. “Teamworking: A New Dynamic in the Pursuit of Management Control.” Human Resource Management Journal, Vol. 11, No. 1, 3–23.
- Godard, John, and John T. Delaney. 2000. “Reflections on the High Performance Paradigm’s Implications for IR as a Field.” Industrial and Labor Relations Review, Vol. 53, No. 3, 482–502.
- Graham, Laurie. 1995. On the Line at Subaru-Isuzu. Ithaca: ILR Press.
- Granovetter, Mark, and Charles Tilly. 1988. “Inequality and Labor Processes.” Handbook of Sociology. Neil J. Smelser and Richard Swedberg, eds. Newbury Park: Sage, 205–235.
- Halle, David. 1984. America’s Working Man. Chicago: University of Chicago Press.
- Hill, Stephen. 1974. “Norms, Groups and Power.” British Journal of Industrial Relations, Vol. 12, 213–235.
- Ichniowski, Casey, et al. 1996. “What Works at Work?” Industrial Relations, Vol. 35, No. 3, 299–333.
- Ichniowski, Casey, Kathryn Shaw and Ginvanna Prennushi. 1997. “The Effects of Human Resource Management Practices on Productivity.” American Economic Review, Vol. 87, No. 3, 291–313.
- Juravich, Tom. 1985. Chaos on the Shopfloor. Philadelphia: Temple University Press.
- Kleiner, Morris M., Jonathan S. Leonard and Adam M. Pilarski. 2002. “How Industrial Relations Affect Plant Performance: The Case of Commercial Aircraft Manufacturing.” Industrial and Labor Relations Review, Vol. 55, 195–218.
- Lapointe, Paul-André. 1992. “Modèles de travail et démocratisation: le cas des usines de l’Alcan au Saguenay.” Cahiers de recherche sociologique, 18/19, 155–183.
- Lavallée, Gilles. 1993. “La franchise et l’ouverture: une recette de succès de la négociation.” La négotiation collective du travail, Actes du 48e Congrès des relations industrielles. Québec: Presses de l’Université Laval, 151–157.
- Lazonick, William H. 1979. “Industrial Relations and Technical Change.” Cambridge Journal of Economics, Vol. 3, 231–262.
- Musgrave, Peter. 1986. “British Alcan Lynemouth Limited.” Mimeo, London: Industrial Society.
- Murray, Gregor, Jacques Bélanger, Anthony Giles and Paul-André Lapointe, eds. 2002. Work and Employment Relations in the High Performance Workplace. London/New York: Continuum.
- Nappi, Carmine. 1994. L’aluminium. Paris: Économica.
- Nolan, Peter, and Paul Marginson. 1990. “Skating on Thin Ice: David Metcalf on Trade Unions and Productivity.” British Journal of Industrial Relations, Vol. 28, 227–247.
- Pil, Frits K. and John Paul MacDuffie. 1996. “The Adoption of High-involvement Work Practices.” Industrial Relations, Vol. 35, 423–455.
- Purcell, John 1999. “Best Practice and Best Fit: Chimera or Cul-de-sac?” Human Resource Management Journal, Vol. 9, No. 3, 26–41.
- Ramsay, Harvie, Dora Scholarios and Bill Harley. 2000. “Employees and High-performance Work Systems.” British Journal of Industrial Relations, Vol. 38, 501–532.
- Seashore, Stanley E. 1954. Group Cohesiveness in the Industrial Work Group. Ann Arbor: Survey Research Center, University of Michigan.
- Sisson, Keith, ed. 1997. Towards New Forms of Work Organisation: Can Europe Realise its Innovative Potential? Luxembourg: European Foundation/Office for the Official Publications of the European Communities.
- Wright, Martyn, and Paul Edwards. 1998. “Does Teamworking Work, and if so, Why? A Case Study in the Aluminium Industry.” Economic and Industrial Democracy, Vol. 19, No. 1, 59–90.