Résumés
Abstract
The authors present the debate over whether or not industrial relations constitutes a discipline, and then discuss some of the implications of this debate for the development of industrial relations teaching units and curriculum content. Alternative organizational approaches to graduate-level study of industrial relations in Canada and the United States are broadly characterized as « sovereign Discipline » and « dependent field » models. The authors posit that the teaching model used is a direct reflection of whether or not the field of industrial relations is recognized as a sufficiently independent field of inquiry. Finally, the authors consider some of the factors influencing changes in program content and offer some implications of these factors for the future study of industrial relation.
Résumé
Adams (1983) définit le terme relations industrielles comme étant l'étude de l'ensemble des éléments de la relation d'emploi affectant les employés, les employeurs et leur organisation, la population et le gouvernement, la jurisprudence ainsi que les médias de masse. Cette conception moderne des relations industrielles comprend les relations du travail, la gestion des ressources humaines de même que l'histoire du travail, le comportement organisationnel, la statistique, l'économie du travail et le droit du travail (Meltz 1992).
Il y a de nombreuses facettes à la relation d'emploi (sociale, économique et politique) et, conséquemment, elle fait l'objet d'étude systématique de la part de plusieurs disciplines (e.g. la science politique, l'histoire, la psychologie, la sociologie, le droit et la gestion). Cette caractéristique des relations industrielles est particulièrement importante du fait que l'on s'interroge de nos jours si les relations industrielles devraient s'enseigner en recourant systématiquement aux théories et aux méthodes de recherche développées par les disciplines déjà existantes ou encore en les considérant comme une véritable discipline (Boivin 1992; Meltz 1992; Hébert, Jain et Meltz 1988b ; Schienstock 1981 ; Laffer 1974). Ces différentes visions sont préliminaires à l'examen et à la compréhension de la coexistence de départements indépendants, offrant des programmes d'études complets, avec des champs de spécialités en relations industrielles offerts dans le cadre de d'autres programmes (i.e., par les facultés d ' administration).
Les approches organisationnelles relatives aux programmes d'études graduées au Canada et aux États-Unis peuvent se résumer à deux modèles, l'un disciplinaire et l'autre dépendant. Dans le premier cas, on considère l'enseignement et la recherche en relations industrielles comme un domaine distinct, dans des unités indépendantes, tandis que dans le second, l'enseignement et la recherche des éléments de la relation d'emploi sont abordés dans des unités dont l'intérêt premier est une discipline établie, autre que les relations industrielles.
Peu d'unités de relations industrielles en Amérique du Nord suivent parfaitement le modèle disciplinaire. Néanmoins, dans une comparaison canado-américaine, on constate que l'émergence de ces unités a été impressionnante au Québec, et moins que suffisante dans le reste du Canada. Le nombre d'unités correspondant au modèle dépendant est, par contre, beaucoup plus grand aux États-Unis qu'au Canada. Un effet d'échelle expliquerait cette différence, surtout que de telles unités sont souvent rattachées aux écoles d'administration.
Deux similitudes sont frappantes entre le Canada et les États-Unis. D'abord, le nombre cumulé d'unités universitaires assimilables au modèle disciplinaire est faible ; ensuite, la variance des unités faisant parties des autres disciplines est élevée. Ces résultats sont attribuables à la fois au sous-développement d'un cadre théorique propre aux relations industrielles, pouvant contribuer à renforcer son statut de discipline indépendante, et aux études parallèles menées par les différentes disciplines sur la relation d'emploi.
À partir d'une enquête portant sur les programmes de maîtrise en relations industrielles et en ressources humaines aux États-Unis, Wheeler (1989 : Tableau 1, 448) a observé que plus de 75 % des programmes offraient des cours en relations du travail, en gestion des ressources humaines et en économie du travail. Il a également constater que l'accent sur les ressources humaines est plus grand dans les programmes de maîtrise en ressources humaines que dans ceux en relations industrielles et que les programmes canadiens de maîtrise en relations industrielles mettent aussi l'accent sur les relations du travail, la gestion des ressources humaines et l'économie du travail. Dans l'ensemble, les programmes de maîtrise au Canada et aux États-Unis offrent des blocs de cours obligatoires relativement semblables.
Depuis les dix dernières années, l'importance grandissante de la gestion des ressources humaines dans les entreprises, combinée au déclin du syndicalisme, a transformé les relations industrielles aux États-Unis (Kochan, Katz et McKersie 1986). Ceci a déplacé les centres d'intérêts universitaires vers les ressources humaines et a fait augmenter la demande de travail pour des experts dans cet aspect de la relation d'emploi. Aux États-Unis, le changement se constate par le nombre plus élevé de cours en gestion des ressources humaines offerts dans les programmes de maîtrise en relations industrielles (Lewin 1991 ; Begin 1988 ; Francke 1988).
On ne peut aborder la question de la croissance de la gestion des ressources humaines au sein des programmes de relations industrielles sans, du même coup, comparer les relations industrielles aux sciences administratives. Bien que cet article ait, jusqu'à maintenant, pu sembler considérer les sciences de l'administration comme une discipline établie, il n'en reste pas moins qu'elles sont, au même titre que les relations industrielles, interdisciplinaires et qu'elles manquent de cohésion théorique et de support empirique. Malgré ces observations, le débat qui entoure les relations industrielles comme discipline ne se tient pas dans les écoles et les facultés d'administration. Qui plus est, le modèle disciplinaire semble y être accepté et adopté pour l'enseignement et la recherche. Il est difficile d'expliquer, d'une part, pourquoi le modèle disciplinaire est devenu prépondérant dans l'étude et la recherche en sciences de l'administration et, d'autre part, pourquoi aucun consensus à ce sujet n'a été atteint en relations industrielles. Pourtant, ces deux domaines sont multidisciplinaires et tous les deux manquent de paradigme unificateur. Les théories sociologiques de l'institutionnalisme (DiMaggio et Powell 1983 ; Meyer et Rowan 1927 ; Tolbert et Zucker 1983) et de la dépendance de ressource (Pfeffer et Salancik 1978) peuvent suggérer quelques hypothèses. Malgré les changements d'importance identifiés précédemment, le système canadien de relations industrielles n'a pas connu les mêmes transformations que celui des États-Unis (Chaykowski et Verma 1992). Même si nous n'avons pas de preuve, il semble que la gestion des ressources humaines ait gagné en importance au Canada, mais les programmes d'enseignement en relations industrielles n'ont guère changé. En effet, étant donné que le syndicalisme reste une caractéristique importante de la société canadienne, il faut s'attendre à ce que les programmes américains se distinguent davantage des programmes canadiens au cours de la prochaine décennie. Conséquemment, l'identification des pressions exercées sur les programmes d'enseignement en relations industrielles au Canada et l'analyse de leurs influences sur les cours offerts sont des points qui mériteraient de faire l'objet d'études systématiques.