Résumés
Abstract
This study begins by identifying five competing ideologies characteristic of industrial relations in the postwar era. It then draws upon a survey data to explore the content, structure, and covariates of the industrial relations ideologies of Canadian academies. The findings are threefold. First, it would appear that there is substantial support for reforms to the Canadian System which strengthen the rights of workers and their unions. Yet there is also support for more cooperative labour-management relations in the workplace. This suggests an ideological shift to both the left andthe 'right' of orthodox pluralism, embodied in a 'neo-institutionalist' ideology. Second, factor analysis of 65 items strongly suggests that ideology varies along a single dimension, from 'right' to 'left'. Third, scholars specializing in IR or affiliated with an IR school tend to be slightly more 'leftwing' than their counterparts in economies and management. The implications of these findings for the field are briefly discussed.
Résumé
Les idéologies fournissent un ensemble de valeurs, de croyances et de
doctrines auquel les individus et les collectivités font appel pour juger du fonctionnement et de la légitimité des arrangements institutionnels ainsi que de l'opportunité d'y apporter des réformes. Ces idéologies peuvent avoir des effets importants sur la pratique des relations industrielles et, traditionnellement, elles ont été au centre de notre champ d'études. Il est toutefois surprenant de constater qu'au cours des dernières décennies, ce sujet a fait l'objet de peu d'attention. Cette négligence est regrettable, particulièrement à la lumière des développements des dernières années qui suggèrent que les idéologies traditionnelles pourraient être dépassées et qu'un nouvel esprit de coopération soit en train de transformer les relations entre les salariés et la direction.
La recherche vise à ramener le thème de l'idéologie au sein de l'étude des relations industrielles. Les caractéristiques de cinq perspectives idéologiques influentes au cours de la période de l'après-guerre sont d'abord identifiées : ce sont les approches «néo-classique», «managériale», «pluraliste orthodoxe», «réformiste libérale» et «radicale». On utilise ensuite ces catégories pour analyser les données tirées d'une enquête récente menée auprès de 151 universitaires canadiens dans le domaine des relations industrielles. Quatre questions sont traitées. Premièrement, on tente d'identifier les croyances et les doctrines des répondants. Deuxièmement, on les analyse en essayant de déterminer si elles correspondent à la dimension unique du type «droite-gauche» (ainsi qu'on le suppose généralement) et si les croyances concernant le nouvel esprit de coopération s'alignent sur cette dimension. Troisièmement, l'étude explore la question suivante : est-ce que l'idéologie varie en fonction de la spécialisation dans le domaine de la discipline et en fonction de l'appartenance à une faculté particulière. Enfin, l'étude examine les relations qui existent entre les idéologies et les enseignements des répondants; on cherche à vérifier s'il existe un lien entre leur idéologie et les orientations transmises aux étudiantes et aux étudiants.
Plusieurs des conclusions méritent d'être soulignées. Sur le plan descriptif, il semblerait qu'une majorité considérable des répondants (peut-être jusqu'à 70 %) ont des croyances qui se situent dans le sillon de l'idéologie soit libérale-réformiste, soit radicale, même s'il existe parmi ceux-ci un large accord à l'égard de nombre des postulats liés au nouvel esprit de coopération. Ces résultats contradictoires suggèrent que de nombreux répondants ont, face aux développements de la dernière décennie, quelque peu évolué vers la gauche, tout en acceptant certains arguments de la droite quant à la nécessité et à l'efficacité d'une meilleure coopération entre employeurs et syndicats. En agissant ainsi, les répondants semblent avoir rejeté le pluralisme orthodoxe et élaboré, à la place, une idéologie néo-institutionnaliste.
Les conclusions montrent également que les répondants spécialisés en relations industrielles ou affiliés à un département ou une à école de relations industrielles ont tendance à être plus à gauche que leurs collègues en sciences économiques et en gestion. Cette constatation semble refléter une certaine division idéologique du champ des relations industrielles entre différentes écoles. À noter aussi le consensus marqué au sujet de la nécessité d'introduire de nombreuses réformes au système de relations industrielles d'après-guerre.
Par exemple, 90 % des répondants sont d'avis que les travailleurs devraient avoir voix au chapitre au moins autant que la gestion concernant les questions de sécurité en milieu de travail; 83 % pensent que le droit légalement reconnu de soumettre un grief devrait être d'application universelle et 80 % sont d'avis que les travailleurs (ou leurs représentants) devraient avoir une influence beaucoup plus forte sur les décisions stratégiques qui peuvent affecter leur bien-être.
Mais c'est au sujet de l'avenir même des relations industrielles comme champ d'études que nos constatations sont les plus importantes. La décennie qui s'est achevée a été le théâtre d'une turbulence idéologique considérable, pas seulement sur le plan de la pratique des relations industrielles, mais aussi sur le plan de leur étude. Bien que naguère on ait critiqué le domaine des relations industrielles comme étant trop orienté vers le statu quo (voir Hyman 1984), cette critique ne semble plus être valide, en tout cas en ce qui concerne les universitaires canadiens visés par l'étude. Il reste à voir, évidemment, si leur façon de concevoir la réalité se traduira par plus d'activisme, dans la meilleure tradition de Commons et des Webbs. Il reste aussi à voir si les universitaires canadiens sont maintenant en mesure de réagir fermement face à la montée d'un conservatisme qui, durant la décennie 80, s'est de plus en plus affirmé tant au niveau des pratiques de la gestion qu'à celui des politiques publiques. Mais les résultats de cette enquête suggèrent fortement l'émergence d'une idéologie nouvelle qui pourrait servir de fondement à une telle réponse au conservatisme.
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