Résumés
Abstract
This study provides evidence of the union effect on wages, wage dispersion and pension fringe benefits derived entirely from the new Canadian longitudinal micro data base.
Résumé
La recherche empirique canadienne sur les effets économiques des syndicats a beaucoup plus porté sur les taux de salaires que sur les avantages sociaux. Cependant, des études américaines récentes ont montré que les effets du syndicalisme sur les avantages sociaux, la dispersion des taux de salaires, la permanence, la productivité et les profits sont importants. L'objet du présent article vise à donner une image plus complète des effets des syndicats canadiens en évaluant les différences qui existent entre syndiqués et non-syndiqués dans les traitements, la dispersion de salaires et les régimes de pension. En théorie, on devrait s'attendre à ce que les syndicats exercent un effet à la hausse sur les salaires relatifs des travailleurs syndiqués et un effet à la baisse sur les écarts de salaires entre ces derniers. D'autres études soutiennent également que les syndicats augmentent la part de la rémunération globale qui est versée sous forme d'avantages sociaux, principalement les prestations de retraite. Alors que l'influence des syndicats sur le niveau des salaires résulte de leur pouvoir monopolistique, la dispersion des salaires et le niveau des prestations de retraite découlent davantage des préférences du syndiqué médian dont l'influence s'exerce selon le modèle de l'électeur médian.
D'une façon générale, l'appréciation des effets d'ordre économique des syndicats, lorsqu'on traite des données individuelles à l'aide de techniques statistiques du type des moindres carrés ordinaires, a tendance à se compliquer à cause d'erreurs de sélection. En effet, les différences entre syndiqués et non-syndiqués sont estimées à partir de sous-populations différentes malgré les contrôles qu'on peut insérer dans les équations de régressions. Pour contourner ce problème, les présentes estimations portent sur des données longitudinales et font appel à une méthode dite «fonction à effet constant» qui consiste à examiner les salaires touchés par le même travailleur dans un emploi syndiqué et dans un autre qui ne l'est pas pour savoir s'il reçoit un salaire plus élevé dans le premier cas. Les données sont tirées d'une enquête sur l'activité du marché du travail effectuée par Statistique Canada en 1986 afin d'établir un portrait du comportement des Canadiens sur le marché du travail. Les principales estimations proviennent d'un échantillon de 2 438 individus qui ont occupé au moins deux emplois différents en 1986. Pour la majorité des salariés compris dans l'échantillon, il n'y a eu aucune modification à leur statut syndical durant cette période lorsqu'ils sont entrés au service de nouveaux employeurs, mais pour 18,8% d'entre eux, ce changement d'emploi a entraîné un changement de statut syndical.
Dans le cas des niveaux de salaires, les résultats indiquent que les salaires de ceux qui étaient non syndiqués et qui le sont devenus à la suite d'un changement d'emploi, ont augmenté de 17,6% tandis que les salaires de ceux qui ont perdu le statut de syndiqué ont baissé de 13,4%, ce qui laisse un écart net de 15,5% entre les deux catégories.
L'influence des syndicats sur la dispersion des salaires, telle que mesurée par l'écart-type de l'équation des salaires sous forme logarithmique, présente moins d'uniformité. L'écart-type baisse légèrement pour les travailleurs dont le statut de non-syndiqué change pour celui de syndiqué mais il augmente subitement pour ceux dont le statut passe de syndiqué à non-syndiqué. En moyenne, il semble que les syndicats réduisent l'écart-type d'environ 5%. En contrôlant l'effet sur le niveau des salaires, l'impact du syndicalisme sur la probabilité de dispositions relatives aux fonds de pension s'établit à 19% une fois corrigé le biais de sélectivité. Toutefois, lorsqu'on y ajoute l'effet indirect des hausses de salaires attribuables au syndicalisme, l'effet global des syndicats sur les dispositions relatives aux fonds de pension s'élève à 22%.
Même si ces mesures longitudinales montrent que les syndicats ont un effet marqué et prévisible sur les niveaux et la dispersion des salaires ainsi que sur les dispositions conventionnelles relatives aux caisses de retraite, celles-ci peuvent être sous-estimées si les données longitudinales contiennent des erreurs de mesure. Pour contrer de tels biais, les effets des syndicats ont été estimés en se basant cette fois sur des données comparables en coupes instantanées. L'influence des syndicats, tirée tant de l'analyse des données longitudinales que de celle des données en coupes instantannées, s'avère presque identique en ce qui se rapporte aux fonds de pension, n'étant que marginalement plus élevée dans le cas des données des coupes instantannées. Par contre, les effets des syndicats sur la dispersion des taux de salaires sont beaucoup plus grands dans l'analyse en coupes que dans l'analyse longitudinale. Toutefois, les erreurs de mesure ne sont pas le seul facteur qui puisse expliquer cet écart dans l'estimation des effets sur la dispersion des salaires. Ces résultats incitent les auteurs à penser que leurs mesures longitudinales sont vraisemblablement correctes en ce qui a trait aux effets réels des syndicats sur les niveaux et la dispersion des salaires ainsi que sur les dispositions conventionnelles relatives aux caisses de retraite.