Résumés
Résumé
Le ralentissement de la productivité qui se généralise dans les pays industriels d'Occident demeure un mystère. On a beaucoup écrit sur le sujet, mais cela n'a révèle que peu de choses. L'un des résultats majeurs de l'intérêt que l'on porte à la productivité, c'est d'obtenir une information meilleure et des techniques de mesure améliorés. Cet article s'inspire des mesures de la productivité totale par facteur récemment mises au point et dont dispose le Conseil économique du Canada pour examiner les rapports entre les facteurs de production, principalement celui du travail, et la productivité.
Au Canada, le ralentissement de la productivité, qui s'est poursuivi sans interruption au cours de la décennie 1970 et au début des années 1980, a coïncidé avec une croissance rapide de l'emploi. Quelques observateurs ont noté ce rapport et se sont demande si cette croissance rapide n'avait pas nui à l'augmentation de la productivité. Leur opinion trouve appui dans les études théoriques à cause du lien direct entre l'emploi et la productivité du travail, la mesure généralement utilisée pour apprécier la productivité. Puisque la productivité du travail est la part de rendement apporte au facteur travail, une augmentation de ce facteur, par exemple l'accroissement de l'emploi, se traduit par une baisse de la productivité. La productivité du travail n'est pas réellement une vraie mesure de la productivité ou de l'efficience productive. Un changement dans la productivité du travail peut résulter d'un changement dans l'efficience, qui est ce que nous voulons mesurer, ou d'une substitution parmi les facteurs de production avec ou sans changement dans l'efficience. Par exemple, la substitution du capital au travail peut résulter en une productivité du travail plus élevé, mais l'effet sur l'efficience peut être à la hausse, à la baisse ou sans changement. La détermination de l'effet ultime sur l'efficience exige une mesure qui comprend tous les facteurs et non seulement celui du travail. Les mesures de la productivité totale par facteurs (total factor productivity-TFP) remplissent cette exigence. Les mesures TFP (ou d'une façon plus exacte, la productivité multifacteurs étant donné que tous ne peuvent être mesures) du Conseil économique sont disponibles pour la période 1958 à 1980, pour les sous-périodes 1958 à 1966, 1967 à 1973 et 1974 à 1980 pour quelque trente industries manufacturières et non manufacturières individuelles. La base des statistiques du Conseil économique comprend aussi des calculs relatifs à la productivité du travail (LP). Une comparaison entre LP et RFP révèle des modèles similaires pour la période de 1958 à 1980. Entre 1958 et 1973, le LP s'est accru de 3.4 pour cent par année et le RFP, de 2.2 pour cent par année. Après 1973, ces taux de croissance sont tombés d'une façon plutôt dramatique. LP a augmenté de 1.1 pour cent par année entre 1974 et 1980 pendant que le RFP a enregistré un taux de croissance annuel négatif de -0.3 pour cent.
On a entrepris de procéder séparément à une série de corrélations entre RFP et LP en regard de différents facteurs de production : travail, capital et fournitures capitales. À cause de l'intérêt porte aux facteurs travail et capital et au poids considérable du facteur fournitures dans la production finale de plusieurs des industries incluses dans les données de base, on a procédé à des corrélations partielles de manière à garder constant le poids du facteur fournitures. Au total, 12 corrélations et 12 corrélations partielles furent établies pour chaque paire de variables — une pour l'industrie manufacturière et l'une pour l'industrie non manufacturière ainsi qu'une troisième pour les deux catégories combinées pour la période 1958-1980 et les sous-périodes 1958-1966, 1967-1973 et 1974-1980. En général, tant le facteur travail que le facteur capital dénotent des rapports négatifs à la fois avec les mesures LP et TFP (bien que toutes ne soient pas marquantes). Le nombre des corrélations partielles négatives, y compris celles qui le sont de façon
marquante (à un niveau de 10 pour cent) augmente lorsque l'effet des facteurs fournitures est tenu constant. Ce qui retient encore plus l'attention toutefois, c'est le nombre plus élevé de corrélations négatives ainsi que les valeurs plus élevées de ces corrélations et cela d'une façon statistiquement significative entre le TFP et le capital qu'entre le TFP et le travail. De plus, les associations négatives entre le travail et le TFP sont moindres que les associations entre le travail et le LP alors que l'inverse est vrai dans le cas du capital, c'est-à-dire que les associations négatives entre le capital et le TFP sont plus grandes que celles entre le capital et le LP, ce qui laisse entendre que, non seulement le capital a eu un impact négatif sur l'efficience de la production, mais que cet impact est sous-estime dans l'utilisation des mesures de productivité LP. Une analyse de régression dans laquelle le TFP est la variable dépendante et les facteurs de production, les variables indépendantes confirment ces résultats. Les résultats de la régression ont également donné des estimations de l'impact du changement des facteurs sur le TFP. En général, on peut s'attendre à ce qu'une majoration de 10 pour cent dans le facteur travail ou capital réduise le TFP dans tous les cas de 1 à 3 pour cent selon la catégorie industrielle et la période considérée. Enfin, l'impact négatif du facteur capital était plus considérable que celui du travail, sauf dans la sous-période 1974-1980. Au cours de cette sous-période, une croissance de 10 pour cent dans le facteur travail pouvait entrainer un effet négatif légèrement plus grand sur le TFP qu'une croissance similaire dans le facteur capital. Un résultat intéressant se trouve dans le rapport fortement positif entre le facteur fournitures et le TFP et le RP. Ceci peut laisser entendre que les améliorations techniques proviendraient du facteur fournitures plutôt que du facteur capital comme on le croyait traditionnellement. Or, une autre explication, qui reçoit un accueil favorable maintenant dans les études sur le sujet, c'est que la piètre position du facteur capital reflète son utilisation improductive. Par exemple, les dépenses pour lutter contre la pollution, la santé et la sécurité professionnelles et autres réglementations de même nature ainsi que l'impact de la crise pétrolière, qui a entrainé la dépréciation du capital, peuvent avoir détériore sa valeur productive. Cependant, la persistance de l'impact négatif du capital sur la production pendant toute la période 1958-1980 permet d'avancer une explication plus fondamentale. Le capital, comme tout autre facteur de production, est susceptible de surutilisation ou d'utilisation inefficace, et c'est peut-être ce qui s'est produit. Ajouter au capital-actions à seule fin de l'accroitre à cause de la croyance populaire voulant que ce soit là le moyen principal d'augmenter la productivité peut, au contraire, y nuire et, en même temps, être la cause de niveaux d'emploi plus bas qu'il n'en serait autrement. Le présent article apporte de l'eau au moulin en permettant de considérer sous un jour nouveau la plausibilité d'une nouvelle combinaison des facteurs de production en vue de découvrir celle qui soit optimale. Nous nous efforçons maintenant de mettre au point les données nécessaires à cette entreprise fort importante. Telle est peut-être l'explication majeure des problèmes de productivité dans les démocraties occidentales.
Abstract
This paper takes advantage of newly developed total factor productivity measures available from the Economic Council of Canada to examine the relationship between the factor inputs,
particularly the labour input, and productivity.
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