Résumés
Abstract
This paper reviews factors that determine wage differentials in the developing and the developed countries of the Americas and considers consequent policy questions.
Résumé
Cet article a pour objet l'étude des facteurs qui sont à l'origine de la disparité des salaires dans les pays d'Amérique du Nord et du Sud.
À ce propos, l'auteur fait d'abord porter ses observations sur la situation en milieu rural. En Amérique méridionale, l'écart est très marqué entre les revenus des ouvriers agricoles et ceux des travailleurs de l'industrie. Deux causes en seraient responsables : la protection inefficace des lois relatives à la rémunération de cette catégorie de salariés et le mode de concession des terres. Le même phénomène se retrouve en Amérique septentrionale, mais l'impact est moins grand du fait que le pourcentage de la main-d'oeuvre agricole dans l'ensemble de la population active est faible.
L'auteur considère ensuite le facteur des disparités géographiques. À cause des barrières physiques et du manque de moyens de communications suffisants en Amérique du Sud, l'économie s'est développé régionalement. Les conditions particulières qui existent au niveau local ont créé naturellement des écarts non seulement d'un pays à l'autre, mais également entre différents territoires d'un même pays. Ceci a eu pour conséquence d'inciter les gouvernements à fixer les taux minimaux de salaire en tenant compte de ce phénomène. De même, syndicats et employeurs préfèrent négocier les conventions collectives à l'échelon de la localité ou de la région plutôt que de s'orienter vers la fixation de taux de rémunération qui s'appliqueraient à la grandeur du pays.
Des écarts régionaux existent aussi en Amérique du Nord, mais ils sont moins considérables. Aux États-Unis, on les note principalement entre les États fortement industrialisés du nord-est et les États agricoles du sud. Au Canada, même phénomène entre les provinces de l'est et celles de l'intérieur et de l'ouest. L'élimination de ces différences est un des enjeux principaux des négociations collectives.
Au Canada, les écarts prononcés des taux de rémunération réfléchissent les différences qu'on trouve dans la structure industrielle, la composition de la main-d'oeuvre, le degré de syndicalisation, la puissance des syndicats, l'éloignement des marchés et des ports. On y retrouve donc un peu les mêmes conditions qu'en Amérique du Sud quoique, dans certaines industries, abattoires, chemin de fer, papier, sidérurgie, les écarts ont tendance à être beaucoup moins marqués.
Un autre facteur qui a retenu l'attention de l'auteur, ce sont les différences de traitement selon le sexe des employés. L'application du principe « à travail égal, salaire égal » se heurte à de nombreuses difficultés. La disparité entre le taux de salaire du personnel féminin et ceux du personnel masculin est forte. Les industries où le pourcentage de la main-d'oeuvre féminine est plus élevé sont celles où on trouve les taux de rémunération le plus bas. Le taux d'adhésion de l'élément féminin aux syndicats est très faible. D'une façon générale, le manque d'écoles de formation professionnelle pour les femmes ainsi que l'insuffisance de services communautaires qui les libéreraient de certaines charges domestiques constituent des obstacles à l'égalisation du salaire des hommes et des femmes.
Enfin, dernier facteur retenu, l'insuffisance de travailleurs qualifiés. La rareté de travailleurs qualifiés qui encourage la surenchère entre les employeurs, favorise les différences de salaire. En Amérique latine, la situation est d'autant plus grave que s'ajoute à la pénurie de travailleurs qualifiés la nécessité de hausser les salaires des manoeuvres. Dans ces pays, on estime que le taux de salaire de l'ouvrier qualifié peut être parfois le double ou le triple de celui du manoeuvre. En Amérique du Nord, les différences sont loin d'être aussi prononcées, et il y a eu même une tendance vers un resserrement de l'éventail des traitements mais, par suite des changements technologiques rapides des derniers vingt ans, on constate une inversion plus ou moins marquée de ce phénomène. Par ailleurs, il existe des différences substantielles entre les revenus moyens annuels des cols bleus et ceux des cols blancs.
Selon l'auteur, l'analyse précédente permet de constater que la plupart des pays d'Amérique n'ont pas de politique des salaires bien arrêtée et qu'il apparaît n'y avoir guère de collaboration entre les responsables de décisions touchant les salaires et les responsables de l'établissement des décisions générales en matière de politique sociale et économique. La politique salariale devrait tendre à l'élimination des différences artificielles ou arbitraires qui ne sont pas fondées sur des critères objectifs. Le recours à la fiscalité peut aussi contribuer à sa façon à l'égalisation des salaires lorsqu'il s'agit du cas de personnes qui tirent le plus clair de leurs revenus de sources autres que le salaire.