FR :
La nouvelle Loi de politique linguistique du 7 janvier 1998, approuvée par le Parlement de Catalogne en décembre 1997, apporte quelques nouveautés importantes par rapport à la loi qu’elle substitue, la Loi de Normalisation linguistique de 1983. Parmi ces nouveautés, il convient de souligner l’obligation, pour certaines entreprises et établissements, d’utiliser au moins le catalan pour certaines signalisations, enseignes, affiches, avis et documents de nature socio-économique.
On analyse précisément dans cet article la réglementation linguistique applicable au secteur socio-économique en Catalogne. Cependant, loin de se limiter à la situation catalane, le texte aborde, dans une perspective comparée et d’une manière générale, le problème de l’imposition par les États, dans le domaine commercial privé, de l’usage d’une langue donnée face à la liberté d’expression. Ainsi, avant de porter un jugement sur les réformes législatives particulières en matière de la langue des affiches et documents commerciaux en Catalogne, l’étude examine la législation et la jurisprudence de la Suisse, du Canada et de la France.
De l’étude comparée, on déduit les limites générales auxquelles doivent se soumettre les interventions linguistiques coercitives dans le secteur privé, et c’est à partir de ces limites que l’auteur réfléchit sur la validité de la législation catalane.
La partie finale de l’article est consacrée à mieux définir les éléments qui rendent licites ou illicites ces interventions, un effort théorique réalisé en tenant plus particulièrement compte de la législation québécoise. Ceci vient à point et s’avère très actuel puisque, on le sait, les tribunaux ont été à nouveau récemment saisis de la constitutionnalité de la législation québécoise qui impose l’usage de la langue française dans l’affichage public et la publicité commerciale. L’ensemble du texte permet de reconsidérer toute cette question.
EN :
The new Linguistic Policy Act of 7th January 1998, passed by Catalan Parliament in December 1997, has incorporated some important new elements as compared to the Law that replaces the Linguistic Normalisation Act of 1983. Of particular importance among these new elements is the obligation for certain companies and establishments to use in signs, posters, notices and documents of a social-economic nature, at least the Catalan language.
The article in fact analyses the linguistic rules which apply to the socio-economic sector in Catalonia. However, far from confining itself to the situation in Catalonia, the text examines in a general way and from a comparative point of view, the problems involved in the governmental imposition of a given language as opposed to the freedom of expression in the private commercial domain. The study therefore examines the legislation and jurisprudence in Switzerland, Canada and France and goes on to discuss the specific legislative reforms in Catalonia concerning the language used in posters and commercial documents.
On the basis of a comparative study, the article infers the general limits to which coactive linguistic interventions should always be subject to in the private sector. The author tests the validity of Catalan legislation in respect to those general limits.
The final part of the article is devoted to giving a more precise definition of the elements which render such interventions lawful or unlawful, a theoretical exercise which takes especial account of the legislation in Québec. This is all very opportune and topical, since, as is well-known, the constitutionality of the Québec legislation which imposes the use of the French language in commercial speech has recently once more being called into question in the courts. The article as a whole enables this complex question to be put into perspective.