FR :
L’utilisateur ou l’auteur de textes juridiques passe par le langage du droit pour lire, écrire ou traduire cette langue de spécialité (LS). Or, pour traiter un texte, juridique ou autre, il faut non seulement connaître (et comprendre) les mots de la langue commune, les termes du domaine visé et les notions dont ils sont porteurs, c’est-à-dire la langue (le lexique), mais encore le discours qui lui est propre, soit la manière de dire les choses, son langage. Le langage du droit, comme toute LS, est constitué de quatre éléments premiers : une sémantique, une syntaxe, un lexique et une stylistique. Les possibilités combinatoires illimitées qu’elle offre en font un champ d’observation et d’expérimentation exemplaire. Si le fond (le sens ou contenu) d’un texte occupe une place prépondérante dans l’interprétation — quel qu’en soit le but — qui peut en être faite, la forme (le contenant ou l’expression : sa stylistique) n’est pas moins importante et, en droit comme ailleurs, la « façon de dire » est porteuse de sens, donc de significations, et il doit en être tenu compte dans les interprétations diverses auxquelles elle donne lieu. Un texte n’est, somme toute, que le produit de la synthèse des quatre éléments premiers énoncés, et sa signification dépendra de la combinatoire plus ou moins réussie des éléments nécessaires à la constitution de l’ensemble. Le sens du texte juridique procède de l’équation aléatoire que son auteur aura su (pu ?) réaliser à partir de ces éléments. Sa signification dépendra de l’interprétation, toujours fragile, qui en sera faite. Lorsque la signification rencontre le sens, on atteint à l’essence du langage, et du particulier (LS quelconque) on tend vers l’universel, soit le langage tout court.
EN :
In reading or writing a juridical text, the reader or writer handles a specialized sub-language: the “language of law”. In order to deal with a juridical text, it is necessary not only to know the vocabulary of everyday language, the particular phraseology of the field in question, and the principles to which they apply (the “lexicon”), but also the linguistic setting to which they belong, the way in which these principles are to be stated (the “language”). As in the case of all specialized sublanguages, the “language of law” is composed of four principal elements: semantics, syntax, lexicon and style. The limitless number of combinations that are possible offer an exemplary laboratory for linguistic operations and experimentation. Although the content or meaning of a text is capital for its interpretation, no matter what the intention of such content or meaning may be, the form (the expression and style) of such text is no less important, and in the law, as elsewhere, the “manner of speaking” affects the meaning, and must be considered in the diverse interpretations that may be made in order to construe the sense of the text. A text is, after all, no more than the product of the synthesis of the four elements referred to above, and its sense depends upon the successful (or, for that matter, less successful) combination of these necessary elements. The meaning of a juridical text proceeds from how the author puts the pieces together. The sense depends upon the interpretation one gives to a text. At the point where the manner of speaking meets the meaning intended, one reaches the essence of language, its true sense, and, regardless of the specialized sub-language involved, this tends to approach a “universal language”.