Comptes rendus

Jocelyne Richer, Le sexe du pouvoir. Politique au féminin : élues et ex-élues brisent le silence, Anjou, Les Éditions La Presse, 2024, 357 p.

  • Manon Tremblay

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  • Manon Tremblay
    Université d’Ottawa

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Couverture de Corps des femmes, violences intimes ou sexuelles, Volume 37, numéro 2, 2024, p. 1-278, Recherches féministes

Au lendemain de l’élection provinciale de 2022, l’Assemblée nationale du Québec comptait 46,4 p. 100 de députées, proportion qui s’est reflétée au Conseil exécutif formé dans la foulée de ce scrutin – en d’autres mots, c’était une quasi-parité femmes-hommes au Parlement et au Cabinet. Alors, pourquoi écrire un livre sur les femmes en politique législative québécoise? Jocelyne Richer, journaliste de carrière assignée pendant plus de 20 ans à couvrir l’Assemblée nationale d’abord à titre de correspondante parlementaire puis de cheffe du bureau de La Presse canadienne, voulait ainsi mettre au jour « le décalage observé entre les discours officiels sur l’égalité hommes-femmes [sic] et la réalité vécue par les élues sur le terrain » (p. 12) de la politique parlementaire québécoise. En d’autres mots, se pourrait-il que, en dépit d’une quasi-parité femmes-hommes au salon Bleu, celles-là n’y soient que des figurantes à qui échappe le « véritable » pouvoir détenu dans les faits par ceux-ci? Oui, c’est possible. Côté méthodologique, Richer a mené une enquête par questionnaires et entrevues auprès de députées actives et d’autres retraitées de la politique provinciale. De manière plus précise, l’autrice a fait parvenir son questionnaire à 54 députées siégeant à l’Assemblée nationale à l’automne 2021 et à 20 anciennes représentantes sélectionnées pour avoir assumé un rôle politique significatif au cours des dernières années afin d’améliorer le « sort des femmes » (p. 325), notamment Françoise David, Monique Jérôme-Forget et Pauline Marois. Au total, 37 des premières et 16 des secondes se sont prêtées au jeu du questionnaire. En sus, Richer a interviewé 22 parlementaires et ex-parlementaires, 2 candidates défaites au scrutin de 2022 et, fait plutôt original, 3 femmes pages au salon Bleu (mais dont, hélas, les propos ressortent peu dans l’ouvrage). L’investigation de Richer repose donc sur 53 questionnaires et 27 entrevues, ce qui représente un bassin de sources primaires parfaitement enviable. Tout en admettant que sa démarche « n’a aucune prétention scientifique », l’autrice n’en soutient pas moins « que la masse impressionnante d’informations recueillies dans le cadre de ce projet reflète à coup sûr l’opinion générale de la classe politique féminine d’ici » (p. 13). Elle a sans doute raison, même si « à coup sûr » elle pèche par optimisme. L’analyse des informations ainsi générées est essentiellement qualitative (il y a bien quelques chiffres par-ci par-là, par exemple 80,0 p. 100 des répondantes au questionnaire pensent ceci ou cela) et intuitive, c’est-à-dire déployée afin de servir et d’illustrer les observations ancrées de l’autrice. L’ouvrage compte quatorze chapitres et, en sus, des pages de présentation et de conclusion ainsi que de multiples appendices. En revanche, il ne comporte aucun chapitre théorique, ce qui n’est pas étranger aux objectifs de vulgarisation et de large lectorat informé visés par l’autrice. De fait, l’ouvrage se lit comme un roman, porté en cela par des anecdotes dont plusieurs revêtent des allures trumpiennes. Ainsi en est-il de la « remarque abjecte » (p. 19) qu’un électeur a servie à Isabelle Melançon : « Toé, on t’aime ben, mais c’est pas vrai qu’on va voter pour une plo***! » (p. 19; les astérisques sont de moi). D’autres commentaires, à peine plus subtils, invitent les politiciennes à « retourner à [leurs] chaudrons » (p. 50), à « ranger le[ur]s jupes courtes et surtout le[ur]s tenues le moindrement décolletées, [l]a poitrine [féminine] pouvant devenir une source de distraction pour les parlementaires masculins » (p. 163) ou, encore, à corriger leur voix au « timbre trop aigu, [au] débit trop lent ou trop rapide, [au] volume trop faible, [au] ton criard ou pleurnichard, [à l’]élocution hésitante » (p. 169). …

Parties annexes