Comptes rendus

Sami Schalk, Black Disability Politics, Durham, Duke University Press, 2022, 216 p.

  • Raphaël Jacques

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  • Raphaël Jacques
    Université du Québec à Montréal

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Couverture de Corps des femmes, violences intimes ou sexuelles, Volume 37, numéro 2, 2024, p. 1-278, Recherches féministes

Dans Black Disability Politics, ouvrage interdisciplinaire à saveur historique, la penseuse black feminist Sami Schalk analyse la construction du handicap comme enjeu politique au sein des communautés africaines-étatsuniennes depuis les années 70. Il s’agit d’une conversation avant tout destinée aux activistes et aux penseuses et penseurs noirs, que l’autrice ne manque pas d’ancrer dans sa propre subjectivité comme théoricienne-activiste queer noire issue de la diversité capacitaire. Black Disability Politics démontre que les mouvements noirs ont continuellement mis en acte et en mots ce que la professeure qualifie de « politiques noires du handicap », un terme dénotant les engagements afrodescendants avec l’anticapacitisme. Cette praxis à la croisée de l’antiracisme et de l’anticapacitisme se manifeste indépendamment du lexique et des modes d’action proposés par le mouvement dominant des droits des personnes en situations de handicap, d’où l’importance d’en définir les contours. C’est dans cet esprit que Schalk propose, pour commencer, une définition quadrilatérale des politiques noires du handicap. Celles-ci se caractérisent par leur intersectionnalité centrée sur la race, leur regard portant une attention continue aux systèmes de pouvoir entrecroisés tels qu’ils sont infléchis par la racialisation. Elles reposent sur une fondation non identitaire, reconnaissant les répercussions du capacitisme sur l’ensemble des personnes noires et l’absence d’identités afférentes chez plusieurs individus présentant des in/capacités. En ce sens, les politiques noires du handicap se distinguent par leur exploration de la contextualité et de l’historicité des in/capacités. Elles sont enfin définies par leur holisme, soucieuses tant du corps et de l’esprit que de l’affect, et réceptives aux dimensions individuelles, communautaires et structurelles de la transformation sociale. À la jonction de l’histoire, des études médiatiques et des études noires du handicap, l’ouvrage se divise selon une structure hétérodoxe fidèle à son interdisciplinarité « indisciplinée » (p. 8). Les trois parties composant le corps du livre, chacune attentive à une organisation ou à un groupe d’activistes, sont séparées par deux interludes, qui tirent des leçons praxéologiques de l’activisme d’hier pour guider la militance d’aujourd’hui. La première partie s’attarde aux politiques noires du handicap chez le Black Panther Party au cours des années 70; la seconde, aux mobilisations du National Black Women’s Health Project pendant les années 80 et 90. La dernière section délaisse les archives pour explorer l’activisme anticapacitiste contemporain des membres du Harriet Tubman Collective. Dans la première section, Schalk établit qu’alors même que la période post-1972 est généralement représentée comme celle d’un déclin de la radicalité noire du fait d’une dépriorisation de la militance armée, ces années marquent en réalité l’élargissement de l’idéologie révolutionnaire des Black Panthers par l’intégration du handicap dans le programme politique et la mise en place d’initiatives communautaires attentives aux imbrications du racisme, du classisme et du capacitisme. Le premier des deux chapitres qui constituent cette section jette un éclairage sur la participation des Panthers dans deux mobilisations radicales de l’époque : le sit-in du 504 et l’école communautaire d’Oakland. La première de ces initiatives éclate au printemps 1977, lorsque des activistes anticapacitistes de San Francisco occupent les bureaux régionaux du Département de la santé en réponse aux tentatives de sabordage d’une politique fédérale prohibant la discrimination fondée sur le handicap. Les Panthers offrent un soutien matériel et idéologique inestimable aux manifestantes et manifestants en leur fournissant quotidiennement des mets chauds et en couvrant la résistance dans leur organe médiatique. L’école communautaire d’Oakland, fondée par les Panthers, présente un exemple plus élusif d’engagement noir à l’égard du handicap, et prend la forme d’une contestation de l’association entre les jeunes personnes noires et l’inaptitude scolaire, et d’un enseignement individualisé adapté aux besoins des élèves en situations de …

Parties annexes