Comptes rendus

Mélissa Blais, L’attentat antiféministe de Polytechnique, Montréal, Les éditions du remue-ménage, octobre 2024, 266 p.

  • Claire Deschênes

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  • Claire Deschênes
    Université Laval

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Couverture de Corps des femmes, violences intimes ou sexuelles, Volume 37, numéro 2, 2024, p. 1-278, Recherches féministes

J’aimerais commencer par expliquer pourquoi j’ai voulu écrire ce compte rendu du dernier livre de Mélissa Blais, professeure au Département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais et titulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation. J’ai fait mes études de baccalauréat en génie mécanique à l’Université Laval de 1974 à 1978, et j’ai été la première femme professeure en génie dans la même université (1989-2019). Le soir du 6 décembre 1989, j’avais prévu de préparer mon cours de mécanique des fluides du lendemain, cours que je donnais à 120 étudiants et étudiantes, dont moins de 10 % étaient des femmes. Inutile de dire que je n’ai pas préparé ce cours : comme plusieurs personnes au Québec, j’étais en pleurs devant ma télévision. C’était injuste et épouvantable. Nous étions si peu de femmes à l’époque à ouvrir la voie du génie. Nous croyions que les femmes pouvaient investir les professions traditionnellement masculines, en particulier au Québec, pays d’ouverture et d’espoir. Ce 6 décembre 1989, Marc Lépine, un jeune homme qu’on disait surdoué et qui aurait voulu étudier en génie à l’École polytechnique de Montréal, a tué 14 femmes – en majorité des étudiantes en génie – et blessé 14 autres personnes. Au moment des faits, il a crié « j’haïs les féministes ». Dans sa lettre d’adieu, il ciblait nommément 19 féministes québécoises. Lépine accusait les « femmes qui voulaient être comme des hommes » d’avoir ruiné sa vie. Comme plusieurs de mes consoeurs, j’ai développé un choc post-traumatique. Je n’étais pas préparée pour ce déferlement de haine et de violence. Cette tragédie ne s’est pas passée dans mon université, mais j’ai compris au plus profond de moi le message symbolique de s’attaquer à des étudiantes en génie. Ce n’était pas la position de tous cependant. Mon doyen, qui était sans aucun doute lui-même choqué et craignait pour la sécurité et l’état psychologique des membres de la Faculté des sciences et de génie, n’a pas souligné au lendemain du drame que c’était les femmes qui étaient visées. Le tollé féministe résonne encore à l’Université Laval. La tragédie de Polytechnique a agi sur moi comme un réveil. J’ai abordé avec des collègues féministes certaines questions, notamment sur la place des femmes et sur mon propre parcours dans un milieu non traditionnel. J’ai en effet évolué, pendant toute ma carrière, dans un milieu de travail éminemment masculin, où j’ai certes vécu du sexisme, mais milieu que j’ai aussi appris à apprécier. En parallèle, je me suis engagée à promouvoir les carrières en génie auprès des femmes, favoriser le développement harmonieux de leur carrière, diminuer les iniquités à leur endroit et faire changer les mentalités. J’ai lu le livre de Mélissa Blais avec un très grand intérêt. Comme il est impossible ici de rendre compte de l’ensemble des riches constats présentés, je tenterai de résumer l’essentiel de sa pensée. Ce livre est une version augmentée de sa première publication sur le drame de l’École polytechnique, parue en 2009 (Blais 2009). Son corpus comprend maintenant 751 éléments qui proviennent de médias écrits. Il englobe les quotidiens La Presse, Le Devoir, The Globe and Mail, des journaux étudiants de l’Université de Montréal (Continuum et Quartier Libre), des textes parus à l’occasion de la sortie du film Polytechnique en février 2009 et des discours mémoriels contenus dans la pièce Projet Polytechnique. Il s’agit d’éditoriaux, de reportages, de nouvelles, de chroniques et de lettres d’opinion. Il compte également d’autres textes, comme l’article de Francine Pelletier « Je me souviens », paru dans le numéro spécial de La …

Parties annexes