Présentation des articles hors thème

Aux articles thématiques de ce numéro sur les corps des femmes et les violences intimes ou sexuelles s’ajoutent cinq articles hors thème. Les deux premiers touchent à la situation des femmes en sciences, respectivement dans le contexte des stages universitaires et d’un organisme de promotion de la culture scientifique. Le premier article hors thème est celui de Jade Brodeur, Vincent Belletête, Nolwenn Crozet, Eve Langelier, Sophie Brière et Claire Deschênes. Ayant comme point de départ la sous-représentation des femmes dans les domaines des sciences et du génie, Brodeur et ses collègues ont choisi d’analyser le vécu des étudiantes en stage universitaire. Pour ce faire, elles ont mené une étude qualitative, de 2018 à 2021, auprès de 3 personnes conseillères de stage et de 36 étudiantes inscrites au baccalauréat en sciences et génie, pour dresser un portrait complet de la perception que ces étudiantes avaient de leurs expériences de stage. L’objectif était de cerner, par des entrevues semi-dirigées, les facteurs que les étudiantes perçoivent comme influençant leur engagement en stage et leur parcours universitaire. Les retombées positives et les défis liés à ces stages ont été mis en évidence, ainsi que les pratiques perçues par les étudiantes comme facilitant leur intégration. Dans le deuxième article, Mirjam Fines-Neuschild examine un projet de promotion de la culture scientifique, « Parité sciences ». En utilisant des cadres d’analyse intersectionnels, elle a effectué une étude documentaire de plusieurs écrits publics et privés du projet Parité sciences. Elle visait à évaluer dans quelle mesure ce projet aborde la discrimination intersectionnelle. Son analyse de la documentation révèle que celle-ci aborde des enjeux de représentation, de construction identitaire et de culture, mais renferme toujours certaines zones d’ombre, notamment des représentations visuelles peu diversifiées, une absence de matériel portant directement sur le racisme ainsi qu’une absence d’actions et de propos quant aux structures sociales. Signé par Sophie Coavoux, le troisième article hors thème propose une relecture de l’autobiographie d’Élisabeth Moutzan-Martinengou. Cette autobiographie constitue, pour les lettres grecques, la première remise en question des rapports sociaux de sexe énoncée par une femme, et l’oeuvre est considérée comme fondatrice de la pensée féministe grecque. Élisabeth Moutzan-Martinengou y formule une véhémente critique protoféministe de sa propre condition, et au-delà, de la condition féminine. Dans son autobiographie, elle pense des avenirs alternatifs à celui qu’on veut lui imposer et fait advenir, dans l’univers littéraire, des possibles impensables et non advenus, ou « possibles inaccomplis », esquissant un nouvel ordre des choses. Par la formulation de plans alternatifs à son destin, son « autobiographie contrefactuelle » est traversée par une dimension prospective. Le quatrième article est celui de Maude Jodoin Léveillée et Anne Calvès, portant sur l’espace de la cause des femmes au Togo. Face à un antiféminisme porté par des mouvements anti-genre et à une montée du conservatisme, les activistes pour les droits des femmes poursuivent leurs luttes dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Dans leur article basé sur un terrain de recherche ethnographique de plusieurs mois au Togo, les autrices explorent la configuration actuelle de l’espace de la cause des femmes. Elles ont d’abord mené des entretiens semi-dirigés auprès d’une quarantaine d’organisations de cet espace togolais, puis auprès de 36 Togolaises engagées dans ces organisations pour recueillir leurs expériences militantes. Les autrices analysent la manière dont les plus jeunes générations de militantes se distinguent de leurs aînées dans leurs modalités d’action et de lutte au sein de l’espace de la cause des femmes. Les modalités d’action numériques privilégiées par ces jeunes générations incluent la rédaction de billets de blogues, le partage de témoignages et le …