Comptes rendus

Gwenola Ricordeau, Pour elles toutes. Femmes contre la prison, Montréal, Lux, coll. « Lettres libres », 2019, 240 p.

  • Camille Gambi-Arnold

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  • Camille Gambi-Arnold
    Université catholique de Louvain
    Université d’Ottawa

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Couverture de Psychologisation de l’oppression, Volume 36, numéro 2, 2023, p. 1-274, Recherches féministes

L’essai Pour elles toutes. Femmes contre la prison soumet la proposition suivante : que les luttes féministes abandonnent leur partenariat avec le système pénal pour embrasser l’abolitionnisme (p. 25 sq.). L’objectif de cet ouvrage, et ce qui en fait aussi l’originalité, est de démontrer l’intérêt pour les femmes d’adhérer à l’abolitionnisme en soulignant à quel point le système pénal fragilise les femmes qui y sont confrontées – en particulier, les plus marginalisées – et en proposant de nouvelles perspectives pour y parvenir. L’autrice, Gwenola Ricordeau, féministe et abolitionniste, docteure en sociologie et professeure en justice criminelle à la California State University à Chico, mobilise trois types de sources dans son travail : son expérience personnelle dans le système pénal, ses précédentes recherches sur les proches de détenus et une large revue de littérature (centrée sur les situations française, canadienne et états-unienne). Très pédagogique, l’essai permet à la lectrice ou au lecteur novice en ces matières de prendre connaissance de manière approfondie des débats abolitionnistes tout en proposant à une personne qui serait experte de les revisiter avec un regard neuf. C’est en quatre temps que l’autrice démontre l’importance de « tisser ensemble féminisme et abolitionnisme pénal » (p. 20). Le premier temps (le chapitre 1) est consacré à la présentation de l’outil théorique qui sera exploité tout le long du travail, à savoir l’abolitionnisme pénal. Elle y décrit les objets, les stratégies, les histoires des différents abolitionnistes pénaux ainsi que les liens et les interférences qu’offrent différentes théorisations de ces réalités. Si Ricordeau présente l’outil dans toute sa complexité et sa diversité, elle veille également à identifier les socles qui réunissent cette pluralité de mouvements. Le deuxième temps analyse la manière dont les femmes sont traitées par le système pénal à partir de trois statuts qu’elles peuvent revêtir : celui de victimes (chapitre 2), de judiciarisées (chapitre 3) et de proches de personnes détenues (chapitre 4). Le chapitre sur les femmes victimes pointe deux difficultés : d’une part, celle qui consiste pour les femmes victimes à être reconnues comme telles par le système pénal, et ce, malgré le haut risque de victimation qu’elles connaissent (cela est encore plus vrai pour les femmes marginalisées) et, d’autre part, le risque de victimation secondaire qu’elles subissent les rares fois où elles sont reconnues victimes par le système pénal. Le chapitre 4 est quant à lui l’occasion pour l’autrice d’aborder la question du faible nombre de femmes judiciarisées avec un regard autre que celui du « paternalisme pénal » (p. 92) et de rappeler que les femmes subissent d’autres formes de contrôles sociaux non pénaux. Ce même chapitre évoque les inégalités qui existent entre les femmes confrontées à la menace de la judiciarisation ainsi que les conséquences de leur incarcération. Sur ce dernier point, on retiendra « qu’à durée de peine et à conditions de détention équivalentes, les conséquences sociales et personnelles de l’incarcération sont plus importantes pour les femmes que pour les hommes » (p. 104). Finalement, le cinquième chapitre s’attaque à la situation, trop souvent oubliée, des proches de personnes détenues. Y est discutée la résistance quotidienne dont ces personnes font preuve malgré les coûts sociaux, matériels, financiers et émotionnels auxquels l’incarcération de leurs proches les confronte. Le troisième temps, repris dans le sixième chapitre, propose deux projets : s’attaquer au féminisme carcéral et défendre un abolitionnisme féministe et queer. Il s’agit de s’attaquer au féminisme carcéral puisque ce féminisme, qui voit dans le pénal une aubaine, ne fait en réalité que reproduire et conforter les rapports de domination présents dans notre société. L’autrice propose aussi de défendre un modèle d’abolitionnisme féministe, …

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