Comptes rendus

Thérèse Lamartine, Justice sera-t-elle enfin rendue? Weinstein, Matzneff, Rozon et les autres…, Saint-Joseph-du-Lac, M Éditeur, 2021, 198 p.

  • Marie-Josée St-Pierre

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  • Marie-Josée St-Pierre
    Université Laval

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Couverture de Psychologisation de l’oppression, Volume 36, numéro 2, 2023, p. 1-274, Recherches féministes

Thérèse Lamartine, connue notamment pour son ouvrage Le féminin au cinéma (2010), propose ici un essai essentiel et critique dans lequel elle examine méticuleusement la vague de contestations contre « l’intenable violence sexuée des hommes envers les femmes » (p. 10). Son texte entérine et amplifie les milliers de voix de femmes qui dénoncent les violences sexuelles dont elles sont victimes pour renverser le pouvoir qui les écrase. Pour ce faire, l’autrice revisite consciencieusement les tenants sociohistoriques et juridiques du mouvement #MoiAussi. Plurielle, son analyse aborde une multiplicité de points de vue sur la violence sexuelle et les rapports de domination, y compris les problèmes de pédocriminalité, et souligne l’importance de la recherche et de l’identification des agresseurs. Lamartine situe l’origine de ce phénomène de dénonciation collective au 5 octobre 2017, date de la publication d’un article dans The New York Times par les journalistes Jodi Kantor et Megan Twohey, comme le catalyseur du mouvement #MoiAussi : « le magnat du cinéma hollywoodien Harvey Weinstein [est accusé] de nombreux faits de harcèlement et d’agression sexuelle » (p. 15). Toutefois, l’article ne détruira pas seulement Weinstein (p. 166-170), personne puissante dans la société américaine, puisque ce dernier ne chutera pas isolément. Sa déchéance, reposant notamment sur sa dépravation, entraînera une multitude de figures influentes dans divers domaines vers une abyssale débâcle. Lamartine met également en lumière qu’il n’y a pas que le statut social du harceleur qui incombe dans l’incidence qu’ont les dénonciations, mais également le statut des victimes. Si l’affaire Dominique Strauss-Khan (2011), qui prétendait à la présidence française, a eu moins de répercussions dans la presse, c’est fort probablement qu’une anonyme femme de chambre pauvre intéresse moins le grand public que les célébrités vêtues de paillettes comme Angelina Jolie, Salma Hayek et Cara Delevigne, qui se sont insurgées toutes trois contre Weinstein et sa pratique de la « promotion canapé » (casting couch). À l’heure actuelle, les incendies des agressions sexuelles dépassent le monde médiatique et sont répandus dans toutes les institutions, de l’armée jusqu’à l’Église catholique : « Plus on y regarde de près, plus on distingue la proximité pour ne pas écrire la collusion des hommes dopés de privilèges qui exercent une coercition phallofaciste, déguisée ou affichée, à l’endroit des femmes » (p. 21). Le deuxième chapitre de l’étude de Lamartine porte sur la pédocriminalité et révèle que, depuis 2017, on ne cesse de dénombrer le nombre d’agresseurs dénoncés partout au monde. On souligne l’intolérance marquée pour la pédo-apologie. Lamartine cite l’exemple du pédophile Gabriel Matzneff (p. 135-138), qui a ouvertement documenté ses multiples agressions sexuelles de personnes mineures dans ses livres autobiographiques sans qu’on réagisse. Encore plus absurde, on a continué de le publier. S’il est vrai que les pédoprédateurs ont sévi longtemps sans qu’on les traduise en justice, l’autrice souligne le fait que, durant les années 70 et 80, « sous prétexte qu’il était interdit d’interdire, des intellectuels français ratiocinaient sur les possibles, voire les souhaitables relations sexuelles entre adultes et jeunes ou très jeunes enfants » (p. 31). L’ouvrage Le consentement (Springora 2020), écrit par une victime de Matzneff, met en lumière les mécanismes qui permettent aux abuseurs de sévir et les séquelles indélébiles infligées aux victimes. Pour sa part, Lamartine documente plusieurs exemples probants et actuels de pédo-apologie, dont les créations artistiques qui en font l’objet, comme la relation entre un homme mature et une fille de 15 ans dans le roman La vérité sur l’Affaire Harry Quebert (Dicker 2012), couronné de nombreux prix prestigieux et adapté à l’écran. Il y a là matière à réfléchir sur l’acceptation sociale de la …

Parties annexes