Comptes rendus

Édouard Leport, Les papas en danger? Des pères à l’assaut des droits des femmes, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2022, 252 p.

  • Youssef Benzouine

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  • Youssef Benzouine
    Université de Montréal

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Couverture de Genres et sports, Volume 36, numéro 1, 2023, p. I-296, Recherches féministes

Dans son ouvrage intitulé Les papas en danger? Des pères à l’assaut des droits des femmes, Édouard Leport, sociologue, étudie le mouvement des pères en France. Cet ouvrage s’inscrit très certainement dans la littérature portant sur les mouvements masculinistes, rattachée au champ plus large des études sur les hommes et les masculinités. En effet, la principale idée à retenir de la recherche de Leport est que le mouvement des pères en France est antiféministe et masculiniste (p. 174 et p. 221). Dans la partie introductive, l’auteur explique qu’il s’intéresse au mouvement des pères afin d’analyser « ses revendications, ses arguments et ses pratiques pour saisir leur portée et mieux comprendre les réelles motivations des militants » (p. 15). Les principales revendications du mouvement sont la mise en place d’une résidence alternée « par défaut » à la suite d’une séparation ou d’un divorce et la réduction de la pension alimentaire (p. 15). En fait, ce mouvement est une nébuleuse regroupant des associations, des individus ainsi que des groupes informels (p. 19). Si le mouvement fait appel à plusieurs modes d’action (autant des actions médiatiques que du lobbyisme), le plus important demeure « l’accueil et le conseil des pères en cours de séparation » (p. 22). C’est ainsi que durant les groupes de discussion, des militants donnent des conseils pratiques aux pères séparés et y diffusent aussi une certaine idéologie. Relativement au profil des pères mobilisés (bénéficiaires et militants), ce sont généralement des pères cisgenres hétérosexuels, blancs, « tendanciellement plus diplômés et plus aisés financièrement que la moyenne de la population masculine française » (p. 25). Pour ce qui est de la méthode utilisée, Leport s’appuie sur des données qualitatives (analyse de supports numériques et analogiques; observations participantes; entrevues) collectées dans le cadre de sa thèse de doctorat. L’auteur précise, d’ailleurs, qu’il s’est focalisé sur plusieurs associations se trouvant dans trois villes françaises de taille moyenne (p. 16). De surcroit, il précise aussi sa position, soit celle d’un homme cisgenre hétérosexuel et sans enfant ayant conscience du fait qu’il « [participe] d’une façon ou d’une autre à l’oppression des femmes et des minorités de genre » (p. 27). À travers cette recherche, Leport souhaite « trahir [le] groupe dominant [celui des hommes] pour donner à voir les rouages du système hétéropatriarcal d’oppression [et les saper] » (p. 27). Il semble donc avoir une position engagée et située. Après l’introduction, dont les principaux éléments viennent d’être présentés, Leport entreprend son analyse avec un chapitre s’intéressant aux rapports existant entre le mouvement des pères et la justice. Ainsi, le mouvement des pères conceptualise la justice à partir du principe d’équité (p. 29). Concrètement, selon les associations, cela devrait prendre la forme de l’implémentation des deux revendications mentionnées plus haut (p. 30-31). Or, il y a cette idée, au sein du mouvement, que la justice française défavorise les hommes (p. 32) – au profit des femmes. À cet égard, Leport démontre très bien, données statistiques et qualitatives à l’appui, que cette conception est fausse. Le constat est le suivant : en ce qui a trait à la résidence alternée, les pères qui ne l’ont pas obtenue sont ceux qui ne l’ont pas demandée (p. 51). Globalement, il ressort de l’analyse de Leport que la justice et les évolutions législatives récentes tendent à protéger les prérogatives des pères sans nécessairement leur imposer des « devoirs supplémentaires envers les enfants » (p. 74). En réalité, les pères ont le sentiment d’avoir été traités injustement. Ce sentiment provient de l’impression qu’ils ont que certaines choses leur sont dues parce que ce sont des hommes et qu’ils …