Comptes rendus

Jérôme de Lalande, Astronomie des dames. Présentation par Jean-René Roy, Québec, Presses de l’Université Laval, 2022, coll. « Réminiscences », 322 p.[Notice]

  • Chantal Balkowski

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  • Chantal Balkowski
    Astronome, anciennement à l’Observatoire de Paris

Le texte intégral de Jérôme de Lalande, Astronomie des dames, est reproduit dans son édition de 1817 dans la collection « Réminiscences » des Presses de l’Université Laval avec une présentation et des commentaires par Jean-René Roy. Jérôme de Lalande publie ce texte pour la première fois en 1786. Son ouvrage expose les connaissances en astronomie de la fin du xviiie siècle d’une façon particulièrement pédagogique. Dans ce texte, il fait l’éloge des femmes astronomes de l’époque et les encourage à s’intéresser à l’astronomie. Dans l’avant-propos, Jean-René Roy esquisse la vie passionnante de Jérôme de Lalande (1732-1807), un grand représentant de la science française de la fin du Siècle des Lumières, parmi de très nombreux autres scientifiques comme Lavoisier, Laplace, d’Alembert, Lagrange et Delambre. Dès l’âge de 6 ans, il est passionné d’astronomie et observe le ciel depuis sa maison natale, à Bourg-en-Bresse. Jérôme de Lalande fait des études de droit à Paris, où il rencontre l’astronome Joseph-Nicolas Delisle, qui dispose d’un observatoire dans cette ville. Il suit aussi les cours de physique et de mathématiques de Delisle et de Pierre Charles Lemonnier au Collège Royal. Son droit terminé, il est embauché par Lemonnier pour mesurer les parallaxes de la lune et de Mars afin de déterminer leur distance à la Terre. Il obtient la meilleure détermination de la distance à la lune, en collaboration avec Nicolas-Louis de La Caille qui fait ses mesures depuis Berlin. Il séjourne dans cette dernière ville, où il rencontre les grands mathématiciens Pierre-Louis Maupertuis et Leonhard Euler; il aura avec ce dernier une correspondance pendant toute sa vie. Il est reçu à l’Académie des sciences de Berlin et à celle de Paris à son retour en 1753. C’est à Berlin qu’il reçoit une initiation maçonnique; il fonde ensuite la « loge des Neuf Soeurs ». Esprit brillant, de Lalande est d’une franchise parfois brutale. Sa petite taille (1 m 50) et un physique ingrat ne l’empêchent pas d’imposer ses travaux. Lorsqu’il devient directeur du Collège de France, il autorise les femmes à s’inscrire comme étudiantes dans toutes les disciplines. Astronomie des dames sera dédiée à Louise-Elisabeth du Pierry, un temps amante et collaboratrice toute sa vie, créant d’ailleurs quelques jalousies de la part de Nicole-Reine Lépaute ou de Marie-Anne Couilly, mathématiciennes, astronomes et collaboratrices de Jérôme de Lalande. En 1795, il est nommé directeur de l’Observatoire de Paris après avoir été responsable de la publication de la Connaissance des temps, almanach astronomique. Pendant 47 ans, il a également été professeur d’astronomie au Collège Royal. Son travail scientifique le plus important a été la réalisation de grands catalogues d’étoiles qui ont servi de références pour positionner la lune et les planètes. Il a été aidé par Marie-Jeanne Amélie de Lalande, soupçonnée parfois d’être sa fille, et qui avait épousé le petit cousin de Jérôme de Lalande. Tous deux ont été des collaborateurs très actifs de ce dernier. Suivant l’avant-propos de Jean-René Roy, l’ouvrage de Jérôme de Lalande est reproduit intégralement. Dans sa préface historique du livre Astronomie des dames, de Lalande précise la méthode qu’il va utiliser pour intéresser tout le monde et mentionne tout particulièrement les dames, qui dit-il, s’intéressent au spectacle du ciel. Il s’efforce de ne pas introduire de notions mathématiques qui pourraient être effrayantes pour des non-initiés désirant seulement assouvir leur curiosité. Il présente un panorama des grands phénomènes astronomiques connus à l’époque. Il en profite pour critiquer Dialogue sur la pluralité des mondes de Fontenelle, publié en 1686 et qui s’adresse aux gens du monde, aux savants et aussi aux dames. À la fin de sa …