À la suite d’un heureux concours de circonstances, j’ai eu l’occasion de lire l’ouvrage écrit par Claire-Andrée Frenette-Leclerc relatant la vie de Rita Mailloux, infirmière de colonie. Et toujours dans l’ordre des coïncidences, quelques semaines plus tard, j’ai appris que cette infirmière pionnière était la soeur cadette de Noëlla Porter, cofondatrice du groupe d’entraide pour les femmes, Centre étape de Québec. Poussant un peu plus loin mon investigation, j’ai trouvé l’enregistrement vidéo d’une entrevue de Noëlla Porter faite par sa collègue Noëlla Guimond, et réalisée à l’occasion du 30e anniversaire de fondation de Centre étape. Moi qui rêve depuis quelques années d’écrire une histoire d’amour traversant le XXe siècle entre un médecin de campagne et une infirmière sage-femme, inutile d’insister pour affirmer que j’ai lu cet ouvrage avec grand intérêt. De plus, durant ma vie active, j’ai accepté un mandat d’administratrice au sein du conseil d’administration de Centre étape au début des années 90. Voilà deux excellentes raisons pour commenter à la fois l’ouvrage mentionné plus haut et la vidéo réalisée par Centre étape. Rita Mailloux a exercé sa profession d’infirmière de colonie de 1951 à 1986 au dispensaire de Bergeronnes, village côtier situé à 15 kilomètres à l’est de Tadoussac, et à une dizaine de kilomètres à l’ouest du village des Escoumins. En fin de carrière, elle a travaillé dans le contexte du service de soins à domicile créé à la suite de la réforme du système de santé québécois. Pendant plus de 25 ans, Rita Mailloux a exercé sa profession, s’est occupée seule des malades de Bergeronnes et des environs, a pris toutes les décisions les concernant, a pratiqué le métier de sage-femme, alors qu’il était défendu ailleurs au Québec. Peu de choses ont été écrites sur les infirmières de colonie. Ces dernières ont exercé leur profession dans des lieux de colonisation québécois des années 30 aux années 70. Pascale Guérilocas écrit en 1998 dans un article de la Gazette des femmes : Voilà qui résume en tout point le livre de Claire-Andrée Frenette-Leclerc. Dans un premier temps, l’auteure présente la jeunesse de garde Mailloux née à Saint-Siméon, village côtier situé en amont de Bergeronnes. J’entends parler pour la première fois de la soeur aînée Noëlla. À l’automne 1947, Rita Mailloux quitte son village natal pour entreprendre des études en soins infirmiers à l’Hôpital Sainte-Jeanne-d’Arc de Montréal. En 1951, elle revient dans sa région pour entreprendre sa carrière d’infirmière de colonie. De la même manière que ses collègues infirmières dispersées dans les régions éloignées où aucun médecin ne veut s’aventurer, elle sera à la fois médecin de famille, urgentologue, chirurgienne, hygiéniste, sage-femme, dentiste, pharmacienne et psychologue, tout en fondant une famille et en élevant deux fils dont elle est si fière. Bien que ce récit de vie soit fascinant, la rédaction de l’ouvrage, elle, laisse quelque peu à désirer. L’auteure, Claire-Andrée Frenette-Leclerc, docteure en nursing de l’Université de Montréal, a recueilli ses informations en procédant à de très nombreuses entrevues de gens de Bergeronnes et des environs qui ont connu garde Mailloux à l’époque où elle pratiquait sa profession. L’auteure a aussi profité de longues rencontres avec l’héroïne du livre. Cependant, comme l’auteure n’a pas choisi de bâtir son plan de façon chronologique, son ouvrage comporte forcément des redites. L’écriture manque de fluidité, et d’un chapitre à l’autre, on sent un manque flagrant de synthèse. Ces quelques écueils ne devraient cependant pas empêcher quiconque de lire et d’apprécier les différentes étapes de la vie professionnelle de cette infirmière de colonie et de méditer à ce sujet. Et, à la fin de la lecture, on se demandera …
Claire-Andrée Frenette-Leclerc, Les soeurs Mailloux : des femmes d’exception. Garde Mailloux, infirmière de colonie, Baie-Comeau, Société historique de la Côte-Nord, 2006. Rencontre avec Noëlla Porter, vidéo d’une entrevue dirigée par Noëlla Guimond et réalisée par le groupe Centre étape, Service d’aide à l’emploi pour les femmes, à l’occasion de son trentième anniversaire de fondation, Québec, 2009.[Notice]
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Ann Robinson
Université Laval