IntroductionFéminisme, mondialisation et altermondialisation[Notice]

  • Anick Druelle

L’année 2005 marque : Comment ces moments historiques ont-ils marqué le féminisme mondial ? Quels sont les effets des processus de mondialisation économiques, politiques, culturels et sociaux sur les conditions de vie des femmes évoluant dans divers contextes ? Quels rôles les femmes jouent-elles dans le développement de ces processus de mondialisation ? Dans le contexte de la mondialisation capitaliste, quels sont les nouveaux rapports de pouvoir en jeu ? Comment ces rapports de pouvoir renouvellent-ils ou permettent-ils de contester différentes formes de sexisme, de racisme, d’hétérosexisme ? Quelles sont les résistances à la mondialisation et quelles sont les solutions de rechange proposées ? Quelle place fait-on aux analyses des intersections entre divers rapports de pouvoir au sein des mouvements féministes et altermondialistes, autant sur le plan de la recherche que sur celui-ci de l’action ? C’était là, dans ses grandes lignes, le contenu de l’appel de textes pour le présent numéro de Recherches féministes sur le thème des femmes et de la mondialisation, appel lancé en janvier 2004 sur des listes de diffusion Internet. Un nombre impressionnant d’avis d’intention ont par la suite été acheminés à la revue. Cela témoigne de la grande actualité du thème, mais également de l’ampleur des sujets qui peuvent être abordés sous l’angle de la mondialisation et des femmes. Plutôt que de prendre contact avec des collègues qui auraient accepté, selon leur disponibilité, de présenter un texte sur ce thème, nous avons privilégié, selon les traditions de la revue, le processus d’appel de textes le plus large possible auprès d’un public francophone et laissé le soin aux évaluatrices et évaluateurs externes de recommander ou non la publication des textes soumis. Au bout du processus, nous nous retrouvons avec un numéro plus volumineux que de coutume qui regroupe six articles et trois notes d’action. À noter la grande variété de provenances géographiques des auteures. Ces textes relèvent des domaines de l’anthropologie, de la sociologie et de la politique. Quatre d’entre eux traitant du féminisme et des mouvements altermondialistes, nous avons senti la nécessité d’intituler ce numéro « Féminisme, mondialisation et altermondialisation ». Cette perspective permet également à ce numéro de se distinguer des autres ouvrages collectifs francophones (par exemple, Roy et Druelle (2000), Verschuur et Reysoo (2002), Bisilliat (2003)) ou anglophones (par exemple, Meyer et Prügl (1999), Marchand et Runyan (2000)), portant sur les femmes et la mondialisation qui ont été publiés au cours des cinq dernières années. En effet, alors qu’il est habituel de retrouver dans ce type d’ouvrage des analyses des effets des processus de la mondialisation dans des cas précis ou des analyses déconstruisant et dénaturalisant les discours sur la mondialisation capitaliste néolibérale, aucun ne fait de place au phénomène de l’intégration des perspectives féministes au sein des mouvements altermondialistes. Les textes du présent numéro peuvent être regroupés sous trois rubriques : 1) les effets de la mondialisation sur les rapports de genre et d’ethnicité au sein d’États en transition ; 2) les groupes de femmes et la mondialisation : des remises en question des stratégies locales et mondiales ; 3) l’altermondialisation et le féminisme : convergences et divergences sur le plan épistémologique et pratique. Dans son texte intitulé « Le temps des Gitans … et non celui des Gitanes », Iulia Hasdeu présente une étude anthropologique féministe de la reconfiguration de la division sexuelle du travail chez les Roms/Tsiganes Kaldarari de Roumanie sous l’effet de la mondialisation économique. Hasdeu observe que, depuis la chute du régime communiste en Roumanie, les métiers traditionnels des Kaldarari sont progressivement remplacés par la récupération et le recyclage de l’aluminium et que « cette nouvelle activité …

Parties annexes