Comptes rendus

Francine Descarries et Christine Corbeil (dir.)Espaces et temps de la maternité. Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2002, 543 p.[Notice]

  • Marie Hatem

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  • Marie Hatem
    Faculté des sciences infirmières
    Université de Montréal

Pendant longtemps, la maternité, événement majeur de la vie des femmes, a été décrite et gérée par les hommes, dans une perspective masculine. L’ouvrage Espaces et temps de la maternité est un de ceux qui innovent, puisqu’il jette un regard féminin sur ce thème touchant les femmes et marquant leur vie depuis l’aube des temps. Dans cet ouvrage collectif, la maternité est traitée selon différentes dimensions, telles qu’elles sont perçues dans un paradigme féministe, et traduites par une écriture et une recherche propres aux femmes francophones. De fait, Francine Descarries et Christine Corbeil soulignent leur « volonté de refléter et de traduire, sous différentes thématiques, la diversité et la complexité des vécus maternels et leurs enjeux spécifiques » (p. 16). Elles font le point sur l’ampleur et la diversité de la pensée et de la parole féministes. Ces dernières sont regroupées dans quatre parties qui représentent l’essentiel des débats féministes sur la maternité, allant de la construction sociale de la maternité au projet familial et rapports sociaux, en passant par les maternités plurielles ainsi que les questions de santé et de reproduction. Toutefois, c’est à la lumière du survol historique de la maternité au coeur des débats féministes, présenté par Descarries et Corbeil, que cette oeuvre collective trouve sa raison d’être : c’est la toile de fond pour bien saisir les réflexions apportées par les écrits des 22 autres auteures et auteurs, chercheuses et chercheurs multidisciplinaires. D’après ce survol, les femmes se seraient révoltées, à différents moments de l’histoire, contre le modèle univoque de féminité qui leur était proposé. À partir des années 70, les perspectives et les différends développés sur la question de la maternité semblent se situer dans trois courants de pensée dominants au sein du mouvement des femmes : Ces trois courants, qui coexistent en réalité dans la société, démontrent l’enracinement de la maternité et de la fonction maternelle dans la pensée féministe. Cependant, les analyses qui en découlent semblent se situer sur un continuum théorique et stratégique complexe et enchevêtré, ce que reflètent d’ailleurs les divers sujets traités dans cet ouvrage. Se laisser envahir par ces différents sujets, c’est faire du surf sur une mer houleuse. Certaines vagues nous transportent aisément, d’autres nous font chavirer et plonger dans les profondeurs des pensées, des valeurs, de l’identité même, à la recherche d’une issue qui sauve de la noyade ou qui confère plus d’assurance et renforce la confiance en soi. Faut-il se laisser aller au flot des idées ? Doit-on adhérer à cette façon de voir la maternité et le rôle des femmes dans la famille, la société, etc. ? Faut-il se culpabiliser de ne pas adhérer à toutes les idées émises ? Comment lire ces différents sujets sans se laisser influencer ? Tels sont les types de questions qui pourraient traverser l’esprit des lectrices et peut-être même des lecteurs. Quel regard porter sur un ouvrage d’une telle richesse et d’une telle complexité ? Comment faire en sorte que justice soit rendue à toutes ces auteures et auteurs et que leurs idées, si complexes, soient respectées ? La lecture de cet ouvrage ne m’a pas laissée indifférente. Je me suis retrouvée à lire et à relire certains paragraphes ou même des chapitres, en lien avec mon être. Je vivais consciemment le débat que certains sujets suscitaient dans ma construction conceptuelle de la vie des femmes, en général, ainsi que dans ma perception et mes valeurs personnelles et sociales de femme d’origine orientale, immigrante dans une société occidentale, mère et professionnelle, en particulier. Il est évident que les mouvements féministes sont le fruit d’une scolarité plus poussée et plus …

Parties annexes