Résumés
Abstract
Michel Foucault argued famously that early modern European governors responded to plague by quarantining entire urban populations and placing citizens under minute surveillance. For Foucault, such sixteenth- and seventeenth-century policies were the first steps towards an authoritarian paradigm that would only emerge in full in the eighteenth century. The present article argues that Foucault’s model is too abstracted to function as a tool for the historical examination of specific emergencies, and it proposes an alternative analytical framework. Addressing itself to actual events in early modern Italy, the article reveals that when plague threatened, Florentine and Bolognese health officials projected themselves into a spatio-temporal dimension in which official actions and perceptions were determined solely by the spread of contagion. This dimension, “plague time,” was not a stage on the irresistible journey towards Foucault’s “utopia of the perfectly governed city.” A contingent response to a recurrent existential menace, plague time rose and fell in response to events, and may be understood as a season.
Résumé
Dans un ouvrage célèbre, Michel Foucault a soutenu que les mesures que déployait la classe dirigeante de la première modernité en réponse à la peste consistaient à placer les citoyens sous une étroite surveillance et à contraindre de larges pans de la population urbaine à se soumettre à une quarantaine. Pour Foucault, ces politiques des XVIe et XVIIe siècles représentaient les premiers pas vers un paradigme autoritaire qui n’émergerait pleinement qu’au XVIIIe siècle. Le présent article soutient que le modèle de Foucault est trop abstrait pour servir d’outil à l’examen historique de situations d’urgence spécifiques et propose un cadre d’analyse alternatif pour aborder ces problématiques. S’intéressant à des événements réels survenus dans l’Italie de la première modernité, cet article révèle que, lorsqu’ils se trouvaient sous la menace de la peste, les responsables de la santé florentins et bolognais se projetaient dans une dimension spatio-temporelle différente, dans laquelle seule la propagation de la contagion dictait les actions et les perceptions officielles. Cette dimension, le « temps de la peste », ne représentait pas une étape dans l’avancée inéluctable vers « l’utopie de la ville parfaitement gouvernée » que décrit Foucault, mais plutôt une réponse contingente à une menace récurrente. Le temps de la peste, qui apparaissait et disparaissait en réponse à des événements spécifiques, peut donc être considéré comme une saison.