EN :

In 1522–23, Gianfrancesco Pico della Mirandola was involved in trials that executed ten accused witches. Soon after the trials, he published Strix, sive de ludificatione daemonum, a meticulous defence of witch-hunting. A humanistic dialogue as heavily dependent on classical literature and philosophy as on Scholastic demonology, Strix is unusually candid about the logic of witch-hunting. A convicted witch among its four interlocutors makes Strix unique among witch-hunting defenses. Moreover, it devotes less attention to maleficia or magical harm than to seemingly peripheral questions about sacraments and the corporeality of demons. It attempts to demonstrate that witches’ interactions with demons happen in reality, not in their imagination, thereby vindicating the truth of Christian demonology and explaining the current surfeit of evils. Strix explicitly reverses Gianfrancesco’s earlier stance on witchcraft in De imaginatione (1501) and supplements the defence of biblical truth he undertook in Examen vanitatis doctrinae gentium (1520).

FR :

Entre 1522 et 1523, Gianfrancesco Pico della Mirandola prit part à des procès qui s’achevèrent sur l’exécution de dix presumés sorciers et sorcières. Peu après ces événements, il fit paraître Strix, sive de ludificatione daemonum, une défense méticuleuse de la chasse aux sorcières. Ce dialogue humaniste, exceptionnellement candide et direct en ce qui a trait à la logique de la chasse aux sorcières, s’appuie aussi bien sur la littérature et la philosophie classiques que sur la démonologie scolastique. Il s’agit d’un texte unique au sein de la littérature démonologique, qui est d’autant plus singulier que l’on compte une sorcière parmi les quatre interlocuteurs de Strix. Qui plus est, il accorde moins d’attention aux maleficia ou aux torts maléfiques qu’à des questions en apparence périphériques portant sur les sacrements et la corporalité des démons. Il tente de démontrer que les rapports qu’entretiennent les sorcières avec les démons se produiraient en réalité, et non dans leur imagination, ce qui confirmerait la vérité de la démonologie chrétienne et expliquerait l’abondance actuelle des malheurs. Il prend ainsi le contre-pied de la position que Gianfrancesco avait précédemment adoptée dans son De imaginatione (1501) et complète la défense de la vérité biblique qu’il avait entreprise dans l’Examen vanitatis doctrinae gentium (1520).

EN :

Gianfrancesco Pico’s interest in Caterina da Racconigi, a mystic and prophet revered in Piedmont in the first decades of the sixteenth century, was born out of a scientific curiosity prior to becoming devout admiration. The Compendio delle cose mirabili, Gianfrancesco’s last work, written after the completion of his Life of Savonarola, is a continuation of his treatises on prophecy and premonition and on the discernment of spirits and witchcraft; it aims to observe and describe the mystical phenomena attributed to a woman whose conduct is inspired by a specific model of holiness. The Compendio is therefore a composite text, part scientific treatise and part hagiography. This article examines the text in terms of hagiography by relating it to the model of Catherine of Siena and to the lives of the living saints that inspired Caterina da Racconigi’s own behaviour. It also explores the significance of the work within Gianfrancesco’s religious thought.

FR :

L’intérêt de Gianfrancesco Pico pour Caterina da Racconigi, mystique et prophète vénérée dans le Piémont au cours des premières décennies du XVIe siècle, trouve d’abord sa source dans une curiosité scientifique, avant de donner lieu à une admiration dévote. Le Compendio delle cose mirabili, dernier ouvrage de Gianfrancesco, rédigé après l’achèvement de sa vie de Savonarole, s’inscrit dans la même lignée que ses traités sur la prophétie, la prémonition, l’identification des esprits et de la sorcellerie. Il vise à décrire et à observer les phénomènes mystiques attribués à une femme dont la conduite s’inspire d’un modèle spécifique de sainteté. Le Compendio est donc un texte composite, formé en partie d’un traité scientifique et en partie d’une hagiographie. Le présent article s’intéresse à la composante hagiographique du Compendio en le rattachant au modèle de Catherine de Sienne ainsi qu’à la vie de saints contemporains qui ont inspiré le comportement de Caterina da Racconigi. Il explore également la signification de cette oeuvre dans la pensée religieuse de Gianfrancesco.

EN :

In Renaissance philosophy, the term fabula is often used to mean a poetic or fantastic tale that conceals the truth beneath metaphorical language. This article will focus on a rather different concept of fabula found in Gianfrancesco Pico della Mirandola’s works. To the younger Pico, the entire tradition of Greek and Latin poetry is a fabula: that is, a false and immoral narration inspired by demons. In the first part of this article, I will trace the origin of this use of fabula to the early Christian apologists. I will argue that Gianfrancesco’s intention was to build on this idea through an interpretation of ancient thought that differed from the historiographical model of prisca theologia proposed by Marsilio Ficino and Giovanni Pico. In the second part, I will show the close relationship, in Gianfrancesco’s philosophy, between fabula and imaginatio.

FR :

Dans la philosophie de la Renaissance, le terme fabula est souvent employé pour désigner un conte poétique ou fantastique qui dissimule la vérité sous un langage métaphorique. Cet article examinera une définition assez différente de la fabula, telle qu’on la retrouve dans les oeuvres de Gianfrancesco Pico della Mirandola. Pour le jeune Pico, toute la tradition poétique gréco-latine est une fabula: c’est-à-dire une narration fausse et immorale inspirée par les démons. La première partie de cet article retracera l’origine de cette acception de la fabula aux premiers apologistes chrétiens. Je soutiendrai que l’intention de Gianfrancesco était de poursuivre l’oeuvre des apologistes en livrant une interprétation de la pensée antique qui se distinguait nettement du modèle historiographique de la prisca theologia proposé par Marsilio Ficino et Giovanni Pico. Dans la deuxième partie, je m’intéresserai aux rapports étroits entre fabula et imaginatio dans la philosophie de Gianfrancesco.

EN :

This article aims to provide an analysis of Gianfrancesco Pico della Mirandola’s hymn Staurostichon in view of other examples of Savonarolan blood devotion. Staurostichon describes a supernatural event that took place in Germany between 1501 and 1503, when unusual rainfalls started to mark people’s bodies and garments with shapes of red crosses and other symbols generally connected to Christ’s Passion. Often interpreted as a rain of divine blood, the Kreuzwunder gave free rein to the imagination of many historians, astrologers, and prophets of the time. Deeply engrained with Savonarola’s devotion to Christ’s blood and wounds, Gianfrancesco Pico’s Staurostichon seeks to provide a biblical and prophetic explanation of the event: an explanation that is soaked in the gory events of the sacred Scriptures and the lives of the saints.

FR :

Cet article vise à fournir une analyse du Staurostichon, l’hymne de Gianfrancesco Pico della Mirandola, à la lumière d’autres exemples de dévotion au Précieux Sang inspirés par Savonarole. Le Staurostichon décrit un événement surnaturel qui aurait eu lieu en Allemagne entre 1501 et 1503, lorsque des pluies inhabituelles entreprirent de couvrir le corps et les vêtements des gens de marques en forme de croix rouges et d’autres symboles habituellement liés à la passion du Christ. Souvent interprété comme une pluie de sang divin, le Kreuzwunder a enflammé l’imagination de nombreux historiens, astrologues et prophètes de l’époque. Profondément enraciné dans les pratiques dévotionnelles que voue Savonarole au sang et aux blessures du Christ, le Staurostichon de Gianfrancesco Pico cherche à fournir une explication biblique et prophétique de l’événement : une explication qui est imprégnée des événements sanglants qui ponctuent les Écritures sacrées et la vie des saints.

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This article considers Gianfrancesco Pico della Mirandola’s understanding of the history of Platonism in his Examen vanitatis. It analyzes his sources and methods for understanding the history of philosophy—genealogical source criticism, historiographical analysis, and comparative history—and argues that his approach is shaped by anti-Platonic Christian apologetics. It documents how Gianfrancesco Pico closely studies Marsilio Ficino’s and his uncle Giovanni Pico’s understandings of Platonism and its history, and how his contextualization of their work within the broader history of Platonism is part of a larger endeavour to turn the page and even close the book on this chapter of the Quattrocento. Although neither Ficino nor Gianfrancesco finds universal agreement among ancient Platonists, Ficino explains their history as one of inquiry and interpretation, in which Platonism and Christianity are inexorably united, whereas Gianfrancesco characterizes it as a history of lies and disagreements that threaten Christianity. In trying to protect sacred history, Gianfrancesco Pico helped develop the tools that would eventually critique it.

FR :

Cet article examine la conception de l’histoire du platonisme qui se détache de l’Examen vanitatis de Gianfrancesco Pico della Mirandola. Il analyse les sources et les méthodes utilisées par Gianfrancesco pour comprendre l’histoire de la philosophie — critique généalogique des sources, analyse historiographique et histoire comparée — et soutient que son Examen vanitatis est façonné par l’apologétique chrétienne anti-platonicienne. Il démontre qu’en s’intéressant de près aux interprétations que Marsilio Ficino et son oncle Giovanni Pico ont proposées de l’oeuvre de Platon et son histoire, et en replaçant ces dernières dans le contexte plus large de l’histoire du platonisme, Gianfrancisco Pico a participé à une entreprise plus vaste qui visait à tourner la page, voire à refermer entièrement le livre de ce chapitre du Quattrocento. Bien que ni Ficino ni Gianfrancesco ne trouvent un accord universel parmi les anciens platoniciens, Ficino revisite cette période comme l’histoire d’une enquête herméneutique qui aurait inexorablement lié le platonisme au christianisme, tandis que Gianfrancesco l’interprète comme une série de mensonges et de désaccords qui auraient à l’inverse menacé le christianisme. En essayant de protéger l’histoire sacrée, Gianfrancesco Pico a fini par contribuer à développer les outils qui serviront à la critiquer.

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This article considers the place of Gianfrancesco Pico della Mirandola’s ideas within the astrological debates that arose in Renaissance Italy after the publication of the Disputationes adversus astrologiam divinatricem by Giovanni Pico della Mirandola, Gianfrancesco Pico’s famous uncle. Published posthumously in 1496, the Disputationes incited a rigorous discussion of the status of astrology in various intellectual circles in Renaissance Italy. Gianfrancesco Pico was the editor of his uncle Giovanni Pico’s Opera, and the younger Pico was also known as one of Girolamo Savonarola’s most ardent followers. This article will focus on Gianfrancesco’s two main anti-astrological treatises, the De rerum praenotione and the Quaestio de falsitate astrologiae. Gianfrancesco’s writings reveal his own elaborate ideological agenda and the ways in which he used, in a controversial manner, both his uncle’s and Savonarola’s arguments in consequent philosophical and astrological discussions.

FR :

Cet article examine la place des idées de Gianfrancesco Pico della Mirandola dans les débats astrologiques qui ont traversé l’Italie de la Renaissance après la publication des Disputationes adversus astrologiam divinatricem de Giovanni Pico della Mirandola, le célèbre oncle de Gianfrancesco Pico. Publiés à titre posthume en 1496, les Disputationes ont donné lieu à un examen rigoureux du statut de l’astrologie dans différents cercles intellectuels de la Renaissance italienne. Gianfrancesco Pico dirigeait la publication des oeuvres de son oncle Giovanni Pico, et il était également connu comme l’un des plus ardents adeptes de Girolamo Savonarola. Cet article portera essentiellement sur les deux principaux traités anti-astrologiques de Gianfrancesco, le De rerum praenotione et le Quaestio de falsitate astrologiae. Les écrits de Gianfrancesco témoignent d’un programme idéologique élaboré qui permet de mieux comprendre l’utilisation controversée qu’il fit des arguments de son oncle et de ceux de Savonarole.