Résumés
Résumé
Dans la mesure où la fin première de l’éducation humaniste était de préparer les jeunes hommes à une carrière publique, les spécialistes de la Renaissance se sont tout naturellement intéressés aux quelques femmes qui, issues de l’élite, avaient pu étudier le latin et le grec : leur éducation a ainsi été présentée, tantôt comme un pur ornement intellectuel, tantôt comme l’instrument d’un exercice indirect du pouvoir. À travers le cas des traductions des classiques de l’Antiquité composées par Jane, Lady Lumley, cet article examine les réactions d’une femme lettrée à l’égard des principes politiques sous-jacents au programme d’éducation humaniste. Principalement connue pour sa traduction de l’Iphigénie en Aulide d’Euripide, Lumley a aussi traduit en latin cinq discours d’Isocrate. Alors que la critique a jusqu’à présent relégué son Iphigénie au simple rang d’exercice d’école, cet article prend l’éducation de Lumley au sérieux, en relisant son Iphigénie à la lumière de ses traductions d’Isocrate, auteur dont les oeuvres était régulièrement inscrites aux programmes de lecture humanistes. L’examen des traductions composées par Lumley, avec les dédicaces qui les accompagnent, révèle ici l’intérêt soutenu de cette dernière, non seulement pour les théories politiques contemporaines (« commonwealth theory »), mais aussi, comme le montre finalement son Iphigénie, pour leurs conséquences à l’égard des femmes.