Revue multidisciplinaire sur l'emploi, le syndicalisme et le travail
Volume 5, numéro 2, 2010
Sommaire (5 articles)
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Présentation du numéro
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Les protections sociales des travailleurs dans le cas des licenciements collectifs au Québec
Martine Poulin et Daniel Prud’homme
p. 4–20
RésuméFR :
Les pays industrialisés sont entrés dans une récession économique qui se répercutera nécessairement par d’importantes pertes d’emploi. Les travailleurs licenciés ne retrouveront pas tous le niveau de salaire et les conditions de travail qu’ils avaient avant la mise à pied, et vivront même par la suite plusieurs épisodes de chômage. Les travailleurs âgés, ceux qui sont en emploi dans la même entreprise depuis plusieurs années et ceux plus faiblement scolarisés sont plus susceptibles de connaître cette situation.
Cet article s’intéresse aux protections sociales des travailleurs dans le cas des licenciements collectifs au Québec. Nous présentons les obligations légales des employeurs en la matière, nous nous interrogeons sur le pouvoir des acteurs sociaux devant un tel événement et présentons les programmes publics existants pour les travailleurs licenciés. La conclusion suggère des pistes de recherche pour une meilleure connaissance de la sécurisation des travailleurs dans le cas des licenciements collectifs.
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Le droit du travail français confronté aux « nouveaux risques ». Quelle prise en compte de la santé mentale en droit du travail?
Loïc Lerouge
p. 21–38
RésuméFR :
L’intensification du travail et l’évolution des relations de travail ont engendré des risques nouveaux en ce qu’ils n’étaient pas encore sérieusement pris en considération. L’évolution du travail a fait que désormais ils deviennent incontournables. Outre les risques liés à l’entreprise, à l’emploi, au capital humain, en matière de santé au travail la santé mentale des travailleurs est davantage éprouvée qu’auparavant.
Le coût financier et humain, mais aussi certaines atteintes à la dignité au travail, font que la mise en jeu de la santé mentale des travailleurs devient un enjeu concernant notamment le droit du travail. Il s’agira ainsi d’envisager comment celui-ci prend en compte la santé mentale des travailleurs à travers les risques psychosociaux, le harcèlement moral et le stress au travail, mais aussi les institutions de prévention des risques professionnels et les autres acteurs de l’entreprise.
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Les impacts de la présence de la rémunération variable sur la participation aux activités syndicales locales
Stéphane Renaud et Suzanne Dupuis
p. 39–64
RésuméFR :
Le but de cet article est de connaître les impacts de la présence de la rémunération variable sur la vie syndicale, particulièrement sur la participation aux activités syndicales locales. Pour répondre à cette question de recherche, nous avons émis trois hypothèses basées sur deux approches théoriques, soit la théorie de l’équité d’Adams (1965) et la théorie du conflit industriel de Wheeler (1985). Nous croyons que la participation aux activités syndicales locales sera accrue dans les syndicats où il y a présence de rémunération variable de nature individuelle par rapport aux syndicats où il n’y en a pas. Par ailleurs, nous croyons que la présence de la rémunération variable de nature collective aura l’effet contraire sur la participation syndicale, c’est-à-dire que les membres participeront moins que dans les syndicats où il n’y en a pas. Enfin, notre troisième hypothèse est conséquente des deux premières à l’effet que les membres des syndicats où il y a de la rémunération variable de nature individuelle participeront plus que ceux où il y de la rémunération variable de nature collective. Afin de vérifier empiriquement nos hypothèses, nous avons conduit une enquête par questionnaire auprès de l’exécutif des syndicats locaux de quatre fédérations affiliées à la CSN. Des 894 questionnaires acheminés, 234 questionnaires utilisables nous été retournés. Bien que les résultats démontrent que notre modèle est adéquat pour expliquer la participation syndicale, nos trois hypothèses sont infirmées. Nos résultats démontrent que les membres des syndicats où il y a de la rémunération variable de nature individuelle participent moins que les autres alors que ceux ayant de la rémunération variable de nature collective participent plus et conséquemment la troisième hypothèse est aussi infirmée. Cet article se termine par la conclusion qui inclut les implications pour les acteurs en relations industrielles et identifie des pistes pour de futures recherches.
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Les relations de travail au sein des entreprises multinationales : quand les syndicats empruntent la voie de l’international
Marc-Antonin Hennebert
p. 65–84
RésuméFR :
Les relations de travail se déclinent aujourd’hui dans divers espaces normatifs et territoriaux. Si les dynamiques locales et nationales demeurent la clé de voûte pour comprendre ces relations, les acteurs sociaux s’investissent de plus en plus dans l’élaboration de nouveaux cadres de relations de travail destinés à prendre la mesure de l’internationalisation des entreprises et des enjeux que ce phénomène soulève. À cet effet, nous assistons depuis quelques années à l’émergence d’alliances syndicales internationales visant à fournir un espace de concertation et de développement de stratégies communes aux syndicats représentant les travailleurs d’une même multinationale. Sur la base d’une étude de cas et d’un matériel empirique ayant impliqué la réalisation d’entretiens semi-directifs dans une douzaine de pays différents, cet article vise à présenter l’expérience des syndicats d’une multinationale canadienne dans la mise en place d’une de ces alliances et dans le développement de plans d’actions internationaux. Nous argumenterons notamment que malgré les nombreuses conditions d’effectivité qui se posent à ces alliances, ceux-ci s’avèrent particulièrement bien adaptés au défi que représente le développement d’un contre-pouvoir syndical au sein des multinationales pour deux principales raisons. D’une part, parce que leur forme organisationnelle en réseau permet une certaine souplesse dans les modes de collaboration entre acteurs d’horizons institutionnels variés et, d’autre part, parce qu’elles permettent un point de rencontre à tout le moins partiel entre les traditions européennes et nord-américaines en matière de pratiques syndicales internationales.